Festival du film asiatique de Deauville – le 9 mars 2012
Plus le week-end se rapproche, plus les journées sont chargées et je décide par avance de me « limiter » à 4 films. Mon sac déborde de munitions pour tenir le coup, biscuits au chocolat et Vitamin Water pour l’hydratation, mon portable est chargé à bloc, histoire que je ne sois pas vraiment coupée du monde, j’ai les lunettes visées sur le nez, je suis parée.
Beautiful Miss Jin
Beautiful Miss Jin est à l’image d’un certain cinéma populaire sud-coréen qui cache de vraies questions sociales sous une quantité d’éléments mélodramatiques et guimauves. Aussi efficace qu’il est parfois artificiel, le film recèle pourtant quelques scènes d’une rare subtilité et quelques saillies humoristiques jouissives. Le tout reste malgré tout anecdotique et relativement classique en regard à la production sud coréenne.
Il faut courir pour arriver à la salle du Casino à l’heure pour la séance suivante dont l’horaire chevauchait le film précédent. C’est donc essoufflée, mais ravie, que je m’installe à l’heure, où les gens de la vraie vie déjeunent, dans la salle pour un film qui crée chez moi l’attente et la curiosité.
Saya Zamouraï
Un samouraï renégat est condamné à trente jours d’épreuve pendant lesquels il doit tenter de faire sourire le fils d’un chef de clan. Ce pitch étrange est l’occasion de rendre un vibrant hommage aux gags éculés (mais savoureux) du Japon traditionnel. Loufoque, visuel, décalé, le film n’oublie pas de s’offrir une vraie profondeur de propos en n’oubliant pas la beauté et la délicatesse de sentiments filiaux. Porté par des acteurs extrêmement talentueux et un univers visuel irréprochable, cette fresque est tout bonnement irrésistible.
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Mourning
Second film iranien de la compétition, Mourning est aussi différent de son camarade qu’il est étonnant. Étonnant de maîtrise malgré un budget qu’on devine limité, étonnant de maturité mais aussi de créativité. De dialogues de sourds en langage des signes, le film joue des mots, de leur absence, des sons et de la parole et dresse ici un triple portrait saisissant de réalisme. Dans les paysages de la campagne iranienne, dans le calme feutré d’une voiture se joue un drame silencieux où des gestes et quelques chuchotements explosent d’une violence rare.
C’est le temps de la pause après déjà 4h43 de films et de voyage. Le temps d’un retour à la réalité, d’un goûter en famille. Je prévois de venir tôt à la prochaine projection puisque le public deauvillais se presse souvent aux séances nocturnes et que cette soirée est un peu exceptionnelle. En effet, un hommage au réalisateur japonais Kiyoshi Kurosawa est prévu. On revient avec l’ambassadeur du Japon sur le drame de Fukushima il y a déjà un an, le prix en cristal est remis, les applaudissements crépitent et le dernier film de ma journée commence. Le dernier film de Hirokazu Kore-Eda présenté hors compétition en avant première, pour rester dans une thématique japonaise.
I wish – Nos vœux secrets
Cinéaste changeant, jamais où on l’attend Kore-Eda nous offre ici un retour en enfance généreux et bienvenu. On y retrouve les rêves des enfants de 20th Cantury Boys, les détails organiques et sensitifs de Souvenirs goutte à goutte et une certaine idée du Japon, traditionnel, porté sur la famille et ancré pourtant dans une quête perpétuelle de développement technique. Le Shinkansen (TGV japonais) et le culte dont il profite chez les petits japonais (il n’est pas rare de voir ceux ci se faire prendre en photo devant les trains dans les gares japonaises) est au cœur de ce portrait multiple de l’enfance. On rit, on pleure, on espère et on rêve, bref on retrouve pour un peu plus de deux heures des souvenirs de notre propre passé, une odeur, une saveur, une voix, une chaleur. Du très beau divertissement.
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Déjà il est temps de rentrer à l’appartement pour écrire ces quelques lignes, préparer le programme du lendemain, se réjouir de l’arrivée prochaine de collègues. Le temps passe si vite en festival. Les films s’enchaînent et les journées filent. Et à peine le temps de s’habituer à ce rythme particulier qu’il est déjà temps de retrouver la vraie vie et ses impératifs. Deux jours encore et 6 films sur ma liste (dont les 2 qui justifient à eux seuls ma présence), beaucoup d’émotions encore à venir…
Lucile Bellan
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