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Festival de Cannes 2012 – 20 mai 2012

21 mai 2012
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Festival de Cannes 2012

Les mots de son réalisateur avant la projection, l’émotion de l’équipe du film, ont su créer une ambiance propice à la découverte de ce petit bijou d’humanité. Le film fait découvrir, sans propos politique mais plus moral, une galerie de portraits de ces hommes qui débarquent sur les côtes en bateau et sont renvoyés dans des avions, et dont on oublie souvent qu’ils ont une histoire derrière et devant eux. Le propos touche autant que les performances convaincantes de ses protagonistes et nous grandit d’une rencontre riche aux multiples visages.

La pluie devient torrentielle. Le vent est glacial. Et le ciel ne se pare plus d’autre chose que d’un gris menaçant qui laisse présager des journées de ce régime déprimant. Parce que je peux vous assurer qu’il n’y a rien de plus déprimant que de fouler le célèbre tapis rouge des marches de la salle Lumière en entendant le floc floc de ses pas sur la moquette imbibée. Sous la pluie, le festival prend un autre visage. Une face pale et peu souriante où tous cherchent à se protéger dans le palais sans toutefois supporter la proximité. De ci, de là, la colère éclate parce qu’untel a coupé la file d’attente, parce qu’un autre a pris le café qui ne lui appartenait pas sur le comptoir. Les files d’attente d’ailleurs aussi ont changé de forme, les parapluies s’amassent en bouclier mais les gémissements ne se comptent plus à cause de la morsure du vent dans des attentes de parfois quelques heures.

En sortant de la salle, je tombe sur un attroupement. Après vérification il s’agit bien de la file pour In Another Country, le dernier film de Hong Sangsoo, mon Coréen préféré, en compétition officielle. Mais la salle est petite et les files sont très longues. Après 35 minutes d’espoir je me retrouve le bec dans l’eau à 10 places de mon but. Premier échec du festival. Comme je suis sur place, et qu’une balade à l’extérieur relèverait du suicide, je décide de travailler en salle de presse. Située tout en haut du palais, c’est une salle minuscule (pour les 4’200 accréditations données cette année) dont le wifi est assez peu sûr mais où l’ambiance est studieuse (un peu comme dans une bibliothèque avec des vidéos de photocall en fond sonore) et où le café est gratuit (comme partout dans le palais, ne soyons pas mauvaise langue).

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=wv9T46AH2IE[/embedyt]

1h d’écriture et d’envoi de mails plus tard, je décide de tenter ma chance pour le film de Michael Haneke en compétition officielle Amour. La salle est pleine à craquer pour ce récit d’une fin de vie racontée du point de vue d’un couple de parisien bourgeois encore amoureux malgré leurs 80 ans et des poussières. Le récit est touchant, frappe fort et là où ça fait mal, rappelle à tous une expérience passée dans sa famille ou son entourage et dresse un portrait tout simplement magnifique de la fin d’un amour. Un amour qui n’aura jamais faibli.

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=_JouFRNwDqc[/embedyt]
 

Il pleut encore et toujours, les déplacements deviennent limités et déjà les annonces d’annulations répondent aux intempéries. Une salle entière devient impraticable, les séances sont annulées au dernier moment, certaines soirées ne peuvent plus avoir lieu et les plages privatisées sont désertées pour cause de températures hivernales. Il en faudra de l’alcool pour supporter ce climat et ce n’est pourtant pas ce soir que la fête battra son plein. La fatigue est à son paroxysme avant que le corps ne puise dans ses dernières réserves pour la dernière ligne droite. Le cou est douloureux, le dos noué, les yeux secs et les pieds gonflés (encore eux). Pour couronner le tout, je n’ai pas prévu de tenue d’hiver dans ma valise déjà pleine et compte sur mes deux jeans pour tenir le festival, un unique pull et deux vestes légères viennent compléter un tableau qui laisse présager d’un coup de froid prochain. Trop préoccupée par les talons aiguilles et les ballerines, j’en ai oublié de prendre de grosses paires de chaussettes. La crème anti-moustique vient me narguer quand j’ouvre une valise où les tenus appropriées sont inexistantes et je plains les starlettes qui se lookent encore tous les soirs malgré la violence du temps.

Dernier film et on remballe. Ce n’était pas prévu puisque ma soirée devait se finir tard dans la nuit mais le froid et la faim (tiens, je crois que je n’ai encore rien mangé aujourd’hui) viennent compléter un tableau déjà pas reluisant, cela ne sert à rien de s’acharner. Je découvre donc Like Someone in Love d’Abbas Kiarostami en compétition officielle qui raconte la rencontre improbable d’un professeur en sociologie et d’une jeune call girl occasionnelle. Le réalisateur continue son tour du monde avec une intrigue japonaise complètement réjouissante et pourtant tout à fait vaine. On suit avec plaisir les prouesses de dialogue et les sursauts de scénario alors même que celui ci est aussi invraisemblable que singulier. Le voyage est divertissant mais la magie peine à nous toucher… comme si la rencontre n’avait pas eu lieu entre le professeur et la jeune femme et entre le film et son public.

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Le retour à l’appartement est morose parce que les prévisions météo ne sont pas optimistes. Le festival semble comme sacrifié aux intempéries, sa sélection de films ne réveille pas les esprits engourdis. Aurait t-on droit à une mauvaise année ? Cela n’est en tout cas pas impossible. Pour rattraper ça il faudrait une fin bien flamboyante que je compte bien m’offrir… enfin si les éléments me le permettent.

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Lucile Bellan

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