Festival de Cannes 2012 – 16 et 17 mai 2012
Cette année ne déroge pas à la règle. Elle n’a pas non plus dérogé à la règle de la poisse des transports qui fait que souvent (peut-être une année sur deux) les trains de Paris vers Cannes sont extrêmement retardés, cette année jusqu’à 5 heures de retard sur plusieurs wagons emplis à ras bord de journalistes, professionnels du cinéma et people en tout genre. Et 2 heures de retard seulement pour les plus chanceux de cette première journée de festival.
J’arrive donc en retard, complètement cassée par le surplus d’heures dans un TGV sur-climatisé et où les esprits se sont vite échauffés, où les bichons et autres chihuahuas mordeurs apprécient peu la marée humaine qui vient coloniser pour 10 jours la Croisette. Je suis attendue et prend vite mes marques dans un salon inconnu qui fait office de chambre et que je partage avec deux charmantes ibériques.
Plus le temps de trouver un sésame pour la soirée d’ouverture et la projection de Moonrise Kingdom, le dernier film de Wes Anderson. J’en fais mon deuil et me rattrape en posant sur de bonnes bases les journées à venir. Il faut d’abord chercher le badge presse (un bleu, comme l’année dernière), faire connaissance avec le casier personnel où chaque jour des attachées de presse viennent déposer des piles de dossier de presse, et puis il faut aussi collecter les premiers pass de lieux incontournables (la plage Orange, la villa Schweppes, la Villa Inrocks où se déroulent les meilleurs concerts et tant d’autres)…
La soirée se déroule finalement simplement, avec un plusieurs verres de (mauvais) rosé et des amis et collègues que l’on voit si peu en dehors du festival.
Jeudi 17 à 7h45, Palais des Festivals
On m’a prévenu (merci Jon) que la première séance du dernier film de Jacques Audiard serait l’évènement à ne pas rater et qu’il fallait donc être dans la file d’attente très très en avance. J’ai donc tenu parole après 3 heures et des poussières de sommeil et j’ai profité d’une des dernières places de libre dans l’espace presse de la grande salle Lumière. J’ai même vu des collègues se faire refouler de la salle par manque de place… pour un film sorti le jour même dans toutes les salles de France c’est un comble.
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À peine sortie de la séance (cette toujours émouvante première séance), me voilà déjà en route pour un rendez-vous pris de Paris. Pour la première fois en 4 ans de festival de Cannes, je mets le pied dans le sacro-saint glamour qui en fait tout l’attrait et visite (et profite un peu aussi) le Spa des Stars au beau milieu du prestigieux hôtel Carlton.
Le lieu est en fait un havre de paix au beau milieu de toute l’agitation du festival. Une parenthèse dédiée à la beauté qui permet à tous ceux qui ne disposent pas de coiffeurs et maquilleurs personnels de monter les marches en beauté, ou juste de se détendre entre deux rencontres importantes. J’ai été charmée par l’accessibilité du lieu et des gens sur place, moi qui suit plus habituée à cotoyer les rats de cinémathèque que les people en goguette. Dans ce lieu éphémère se cache en fait toute la force et l’originalité du festival de Cannes où du rien nait la magie et le rêve. Moi qui ne vois les plages que privatisées et transformées en restaurants lounge avec manucure et jacuzzi, je devine bien que quelques jours à peine avant c’est le sable et quelques transats qui occupent les lieux. Les marches du palais ne sont pas toujours parées de rouge non plus. Et pourtant, ce rendez-vous annuel international prend en quelques jours possession d’une ville entière avec la fureur et la passion d’un essaim d’abeilles.
Après une pause pour écrire (c’est ça aussi le festival), il est temps de se diriger vers la salle Debussy et ses autres marches rouges pour Paradies : Liebe, le nouveau film de l’Autrichien Ulrich Seidl en compétition officielle. La salle est encore quasi-pleine mais le public de professionnels peine à trouver ses marques dans l’univers décalé, glauque et complaisant du réalisateur qui aborde cette fois le thème du tourisme sexuel au Kenya.
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Le festival est désormais lancé. Les lieux incontournables ouvrent leurs portes comme la fameuse Villa Inrocks qui propose chaque année une sélection de concerts en plein air réjouissants. Pour le lancement de ce lieu sublime mais légèrement excentré de la folie de la Croisette, c’est Cascadeur puis The Gossip qui ouvrent le bal. Beth Ditto livre une performance complètement hallucinée, traverse la foule en s’époumonant, enchaîne les blagues plus ou moins réussies, conquiert un public difficile en quelques minutes, rend hommage à Donna Summer. Ce set épique offre un vent de légèreté et de générosité à ce festival qui l’est parfois si peu.
Petit tour du carré VIP de la Villa, on y retrouve Kyan Khojandi (Bref), Frédérique Bel (que l’on croisera sur les différentes soirées de la Croisette aussi), Axelle Lafont, Beth Ditto bien sûr après qu’elle ai quitté la scène, Julie Ferrier et Michel Denisot, entre autres. Le bar à champagne est plus accessible que les autres bars du lieu, le sol est stable (oui, partout ailleurs c’est de l’herbe de plus en plus humide et c’est assez incompatible avec les talons aiguilles). Il faut bien sûr ruser pour y pénétrer mais c’est comme tout ici, ça se mérite… quitte à utiliser des méthodes de Castor Junior pour arriver à ses fins.
Vers 1h30 changement de programme, on nous annonce que LA soirée se déroule sur la plage de la Quinzaine des réalisateurs… le temps d’arriver sur place, c’est déjà fini ou presque. Puis des entrées providentielles pour la soirée du film de Jacques Audiard De rouille et d’os apparaissent miraculeusement dans nos mains. C’est dommage que j’ai déjà les pieds en sang (toute cette marche), une sérieuse envie de dormir et quelques verres dans le nez. Marche arrière pour une partie de ma team qui retourne à l’appartement. Il est 2h41 quand je ferme les yeux… Nous sommes à Cannes et ce n’est que le début des festivités.
Lucile Bellan
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