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Festival de Cannes 2011 – Suite et fin

25 mai 2011
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C’est avec un léger recul que l’on juge mieux une sélection cannoise. Cette 64ème édition du Festival de Cannes restera donc comme un bon cru cinématographique. Tourné vers le thème de l’enfance tourmentée au début (We need to talk about Kevin, Polisse, Michael, Le gamin au vélo), la sélection aura pris un virage pour prendre des allures métaphysiques et anachroniques (The Tree of Life, Melancholia, L’Apollonide – Souvenirs de la maison close) avant de se tourner vers le parodique (Pater, Le Havre) afin de mieux finir vers un esthétisme à la fois gratuit (l’inutile This must be the place) et ténébreux (Once upon a time in Anatolia).

Le Festival de Cannes se termine en tout cas en beauté. En décernant à Terrence Malick la fameuse Palme d’Or, Robert de Niro et son jury ont su rendre hommage à l’un des plus grands réalisateurs du monde et couronné un film à part, d’une poésie inouïe aux images époustouflantes. Le réalisateur américain a dû attendre toute sa vie pour enfin réaliser ce film — son plus personnel et son plus énigmatique — quitte à attendre un an avant de le finaliser pour Cannes. Comme quoi, qui vient à point à qui sait attendre. Au final, le public tranchera sur le succès de ce long-métrage envoutant. On pourra ainsi se laisser emporter pendant 2h20 ou s’ennuyer à mourir. Chez Artistik Rezo, les deux cas ont été signalés.

IMG_0640Au préalable de ce palmarès somme toute consensuel mais de mise, il aura fallu attendre trois jours de stress et de labeur. Le dernier week-end de Cannes est à vrai dire le plus fatiguant et le plus éreintant. D’une part parce que vous arrivez en bout de course après avoir vu environ trente films en dix jours mais aussi parce que le sommeil vous manque et que l’attente du palmarès est un suspens permanent. Il ne faudrait pas se mettre à croire que parce que la fin du festival approche, les festivités et les séances se terminent, bien au contraire. A titre d’exemple, les deux films les plus longs de la sélection ont été présentés samedi, veille du palmarès. L’un de ces deux films n’aura pas donc manqué son prix (et son temps) puisque Nuri Bilge Ceylan est reparti avec le Grand Prix grâce à son Once Upon a time in Anatolia, remporté ex æquo avec le film des frères Dardenne, Le gamin au vélo.

IMG_0621Il faut le savoir, le Festival de Cannes se vide de sa population dès le samedi matin. Petit à petit, les rues se désemplissent autour de la croisette et les journalistes quittent le navire un à un. Une atmosphère fantomatique prend alors place au sein du Palais des Festivals. Les longs couloirs deviennent sans âme et les fans disparaissent devant les marches les plus connues du monde. De notre côté, le cinéma règne toujours autant que jamais.

La journée du dimanche est en effet consacrée aux reprises des films de la compétition officielle et c’est ainsi que l’on découvre l’excellent dernier film de Pedro AlmodóvarLa Piel que Habito injustement oublié au palmarès. Bien qu’adapté d’un roman à succès, le réalisateur espagnol aurait pu repartir avec le prix du scénario tant celui-ci est captivant et remarquablement maîtrisé. On aurait aussi pu lui remettre le prix de la mise en scène mais face au Drive de Nicolas Winding Refn, difficile de faire face. Bien qu’il s’agisse d’une commande made in US, ce thriller demeure époustouflant en grande partie grâce à la réalisation de Refn qui a su faire d’un film au scénario bateau un bijou cinématographique où l’on navigue entre du Michael Mann et du Martin Scorsese. Il n’y a donc rien d’étonnant à voir un tel cinéaste récompensé quand l’on a déjà découvert son précédent film, Valhalla Rising que l’on considère comme l’une des œuvres les plus audacieuses et maîtrisées du septième art.

Du côté des acteurs, même si Jean Dujardin fait du Jean Dujardin dans le très beau The Artist, le comédien français mérite amplement son prix d’interprétation masculin. Muet de bout en bout et doté d’une réalisation rétro à souhait, Michel Hazanavicius a su pondre un film unique en son genre qui ne manquera pas d’ouvrir les portes d’Hollywood à toute son équipe.

Du côté des femmes, on aurait préféré nettement plus voir Tilda Swinton repartir avec le prix d’interprétation féminin pour sa prestation dans le très troublant We need to talk about Kevin de Lynne Ramsay. A sa place, Kirsten Dunst est venu cherché son prix en raillant un bon « what a week it has been », seul référence dans son discours à la polémique suscitée par les soi-disant propos antisémites de Lars Von Trier sur la Croisette. Une récompense toutefois méritée qui permet aussi de saluer une œuvre personnelle et métaphysique dont la séquence d’ouverture et la scène finale hantent encore l’esprit. Enfin, le prix du jury est donc revenu au film de Maïween Polisse qui avait dès le début du festival marqué les spectateurs. C’était pourtant loin d’être gagné,  étant donné le scepticisme des journalistes à l’annonce de son film en compétition. Force est de constater que Maïween a réussi son pari avec ce film écrit avec la complicité d’Emmanuelle Bercot dont certains affirment qu’elle est la vraie raison de cette réussite.

Pour l’heure, place maintenant à Cannes 2012 qui semble être déjà sur les rails. Si la rumeur annonce Jodie Foster comme prochaine présidente du Jury, on demeure encore dans le flou concernant les candidats à la prochaine éléction présidentielle… A tel point que les dates du 65ème Festival de Cannes n’ont pas été encore dévoilées. En attendant, nous ne pouvons que vous conseiller de découvrir ces prochains films cannois qui feront la rentrée 2011.

Edouard Brane (texte et visuel)

Trois critiques d’Artistik Rezo — Ariane Allard, Lucile Bellan et Edouard Brane — étaient présents à Cannes.
-> Retrouvez les périgrinations de Lucie Bellan et d’Edouard Brane.

A lire également sur Artistik Rezo :
Les films du Festival de Cannes à Paris

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