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Festival de Cannes 2011 – 13 et 14 mai

16 mai 2011
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cannes


13 mai

En route pour la projection presse de 8h30 pour voir le nouveau film de Nanni Moretti, Habemus Papam, un favori de la sélection officielle. Le réveil commence à être dur et le phénomène est généralisé, d’autant plus que les petits-déjeuners express sont confisqués à l’entrée des salles. L’ambiance est donc au réveil en douceur, voire à la fin de nuit inconfortable sur fond d’haleine chargée et de gargouillements d’estomac.

Habemus Papam est une très bonne surprise de ce festival et confirme le talent de son auteur, réalisateur, acteur Nanni Moretti. Michel Piccoli y incarne un pape en plein questionnement et Mr Moretti prend un malin plaisir à humaniser un Vatican que l’on connaît très formel. Entre rires et larmes, on se surprend à être touché de ce portrait juste et humain.

Après moult hésitations, je décide de descendre toute la Croisette pour aller à la salle Miramar, où sont présentés les films sélectionnés par la Semaine de la Critique. Le deuxième film de Valérie Donzelli, La Guerre est déclarée, en marque l’ouverture. Après un coup de cœur pour La Reine des pommes, je ne pouvais pas louper un tel événement.

En partant de son expérience personnelle, avec l’acteur Jérémie Elkaïm, Valérie Donzelli raconte l’épreuve de jeunes parents confrontés à la maladie. Avec sa signature acidulée, la comédienne réalisatrice enchante autant qu’elle émeut. Preuve de ce succès, les deux projections du film font salle comble.

Il est temps ensuite de retourner en projection presse pour s’attaquer de nouveau à la compétition officielle. Hearat Sulayim (Footnote) est un film israelien sur la relation conflictuelle entre un père et son fils, tous deux chercheurs. Comédie loufoque au ton décalé, le film déconcerte par sa complaisance et sa musique inexpliquée. Ma première vraie déception du festival.

Alors que je me demande encore si je vais aller en projection de minuit ou pas (une projection qui commencera en fait après une heure du matin), je me laisse tenter par la queer party du pavillon américain sur le village international. Venu soutenir son ami Jonathan Caouette, qui présente son nouveau film à la Semaine de la critique, le réalisateur John Cameron Mitchell (Rabbit hole, Shortbus) mixe toute la soirée. L’ambiance y est conviviale et chaleureuse, les tickets boissons sont accessibles et la bière (américaine bien sûr) y est positivement imbuvable. La soirée consiste une parenthèse charmante dans une journée déjà bien chargée et c’est remontée à bloc que je décide de voir Wu Xia, film présenté dans les cadre des séances de minuit.

En tenue de soirée, montée des marches oblige, je passe deux heures à m’extasier sur la fluidité et la lisibilité des scènes de combat de ce film chinois tout à fait jouissif. Et c’est terrassée par le sommeil que je loupe lamentablement les dernières 5 minutes du film, dont le combat final entre le très méchant et le très gentil. Il est plus de 3 heures du matin quand je rejoins l’appartement, cassée physiquement par ce rythme épuisant mais toujours motivée par les expériences annoncées pour la suite.

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14 mai

Ce matin, c’est le nouvel opus de la saga Pirates des Caraïbes qui est présenté. Je décide donc de profiter de mon intérêt limité pour la chose pour me reposer un peu. Mais c’est aussi et surtout pour mieux me ruer à la salle Miramar, pour la Semaine de la critique et la présentation de 17 filles.

Basé sur un fait-divers, le film raconte le choix étonnant de 17 adolescentes de tomber enceintes en même temps par solidarité et dans l’espoir fou de changer de vie. Honorable bien que très académique, le film est une coréalisation réusie et on découvre avec plaisirs de jeunes comédiennes pleines de talent. Une belle transposition de l’histoire en Bretagne et un petit grain de folie donnent un peu de légèreté à l’ensemble et nous offrent donc un film au ton assez étonnant.

Très vite, il faut courir au Palais pour la projection unique du film annoncé « choc du festival », Michael. Bien que les routes soient bloquées et que l’accession à la file presse soit un véritable parcours du combattant, à fortiori avec 12cm de talon, j’arrive à me frayer un chemin et à découvrir ce film au sujet inquiétant.

Michael raconte l’histoire des dernières semaines de vie commune d’un pédophile et de sa victime. Réalisé par le directeur de casting du réalisateur Michael Haneke, le film tombe dans les travers de son sujet : répétitif, ennuyeux, il prend aussi un malin plaisir à jouer d’un indécent suspense glauque et n’apporte rien de vraiment radical ou nouveau. Bref une déception, qui a suscité les sifflets et huées d’une partie de la salle… alors même que le jeune acteur y était encore.

Troisième et dernier film de la journée, le nouveau film des frères Dardenne, Le gamin au vélo. Comme toujours, les frères Dardenne nous introduisent dans une chronique sociale et tragique où le jeune acteur principal irradie l’écran. Sans prétention mais avec beaucoup de talent et de sensibilité, les réalisateurs nous offrent un film d’une très grande qualité qui mérite à être vu.

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Petite pause à la villa des Inrocks pour un début de soirée mouvementé. 2 Many DJ’s pour l’ambiance musicale et des cocktails à base de vodka enflamment les esprits et redonnent un second souffle pour la nuit.

Après cette before survoltée, je suis une bande d’amis à une soirée organisée pour le film 17 filles et le film Les neiges du Kilimandjaro (Robert Guedigian). Arrivés à la Villa Chic un peu après minuit et sans invitation, notre bonne étoile nous permet d’entrer sans encombre et de profiter d’une soirée VIP dans les hauteurs de Cannes avec buffet très garni, champagne, piscine et deux stands inédits de gaufres et de crêpes. Faire la queue avec Jean-Pierre Darroussin pour une gaufre au sucre et à l’orange n’est pas quelque chose qu’on fait tous les jours. Fortement alcoolisée, je décide vers trois heures du matin de rentrer me reposer et retrouver des forces pour la suite du marathon, car après tout, le festival ne fait encore que commencer.

Lucile Bellan

A lire sur Artistik Rezo :
Festival de Cannes 2011 – 11 et 12 mai – par Edouard Brane
l’interview de Valérie Donzelli et Jérémie Elkaim

[Visuel : Affiche du festival : Faye Dunaway © photo by Jerry Schatzberg – Artwork: H5]

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