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Festival de Cannes 2011 – 14, 15 et 16 mai

17 mai 2011
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Qui se ressemble s’assemble. Les journées à Cannes pourraient paraître identiques si ses films et ses festivaliers ne faisaient pas la différence. Le rituel quotidien est le même tout comme les horaires des séances. Mais les rencontres et les diverses découvertes dans les salles cannoises sont de jour en jour plus étonnantes.

Comme exemple, prenons la projection du film autrichien Michael traitant du sujet difficile de la pédophilie. Il fait lourd, gris et la pluie ne va pas tarder. Dans la queue, on rencontre un de nos confrères de France Culture qui vient d’arriver et qui s’apprête à interviewer Robert Guédiguian. Plus tard dans la salle, l’œuvre fait froid dans le dos et le climat oppressant porté par l’acteur Michael Fuith est aussi angoissant que la pluie qui tombe dehors et qui se fait violemment entendre. A la sortie, on est impressionné par la maitrise de cette mise en scène faisant clairement écho aux œuvres de Michael Haneke. Enfin un film pas si mal que cela après le déjà éprouvant We need to talk about Kevin.

En fin de journée, la foule se presse autour des marches pour tenter d’apercevoir Johnny Depp et Penelope Cruz à l’occasion de l’avant-première du dernier opus de Pirates des Caraïbes. Trois jours auparavant, une femme italienne et sa fille nous abordaient dans la rue pour nous demander où elles pouvaient bien trouver l’équipe du film pour un simple autographe… C’est aussi ça Cannes : remuer ciel et terre pour une simple signature sur un bout de papier.

On pense fort à elles tandis que l’on se dirige vers la Quinzaine des Réalisateurs pour découvrir le premier film de Roland Edzard, La Fin du silence. De cette histoire de famille qui tourne mal dans le paysage mystique des Vosges, on se souviendra surtout de l’interprétation du jeune Franck Falise en enfant terrible au comportement animal. Le reste est assez brouillon même si une force se dégage de la mise en scène austère et glaciale de Roland Edzard, ancien élève de l’école du Fresnoy.

IMG_0586Pour se remettre de ces deux films rudes, direction la Villa des Inrockuptibles à l’occasion d’un concert en plein air de 2 many DJ’s où l’on croise Xavier Desmoulins ou encore Jean-Paul Cluzel.

On se dirige ensuite au pavillon américain pour la soirée du nouveau film de Jonhatan Caouette, Walk Away Renée. L’occasion y est de rencontrer de nouveau John Cameron Mitchell, beaucoup d’américains… et de boire de trop.

La soirée se termine chez Variety où l’on rencontre une délégation de Danois aussi ivres que nous et qui vident bouteille de rosée sur bouteille de rosées. Plus dure sera la chute le lendemain matin au réveil…

15 mai

Enfin une bouffée de fraicheur ! Depuis le début du Festival, seul Woody Allen nous avait apporté de la bonne humeur. L’équipe du film The Artist est venue nous en apporter à son tour.

Mais avant l’optimisme vient le pessimisme. Prix de la mise en scène au dernier festival de Sundance, Sean Durkin est venu sur la croisette avec Martha Marcy May Marlene. Campé entre autre par Brady Corbet, ce film typique indépendant made in US est malheureusement au-dessous de nos attentes. Les années précédentes ont pourtant permis de découvrir deux immenses futurs réalisateurs avec Two Gates of Sleep de Alistair Banks Griffin et Afterschool d’Antonio Campos. Appartenant à ce nouveau groupe de cinéastes conceptuels, Sean Durkin de son côté nous entraine dans une secte remplie de jeunes filles en manque d’amour rassemblées autour d’un gourou qui pratique sur elles des actes peu orthodoxe… Si la lumière tamisée de son film joue beaucoup dans sa réussite, le reste est assez anodin et propose un récit peu accrocheur auquel on adhère peu. Il semble d’ailleurs que l’acteur Andy Gillet qui était notre voisin et qui s’est assoupli a ressenti le même sentiment.

IMG_0592A Cannes, le temps passe vite et tout se fait dans la précipitation. N’ayant pu assister le matin même à la projection de The Artist, il fallait trouver un moyen de le découvrir lors de sa projection officielle avec montée des marches à 19h30. Pari gagné puisqu’un contact propose une place à 19h, de quoi laisser le temps d’enfiler un smoking que l’on a soigneusement entreposé dans les bas-fonds du Palais des Festivals. L’occasion y est de faire la connaissance, une fois assis, d’un jeune étudiant en master de Cinéma à la Sorbonne mais surtout de découvrir un beau pari cinématographique. Malgré un scénario convenu et prédictible, on se laisse entraîner dans ces temps modernes entouré d’un brillant Jean Dujardin et d’une sublime Bérénice Bejo.

Direction ensuite au Chéri-Chéri pour la soirée consacrée au film de Sean Durkin. Un espace VIP est uniquement réservé à l’équipe du film tandis que le reste de l’assistance ne semble absolument pas venir du monde du cinéma. On se couchera donc sobre après avoir longuement parlé cinéma avec l’équipe de rédaction du site Allocine.

16 mai

IMG_0596This is the Day. Enfin, nous allons pouvoir découvrir le dernier film tant attendu de Terrence Malick. Il aura fallu parcourir terre et mer pour obtenir une invitation à l’une des projections, celle de 15h. La première de 8h30 a laissé place aux sifflets toujours aussi inutiles des journalistes. De notre côté, une série d’applaudissements des festivaliers ont été entendus et à juste raison.

Malick a pondu une œuvre cosmico-religieuse magnifique, une messe des morts comme jamais vu et entendu au cinéma où l’on retrouve son style avec toujours autant d’émerveillement
. Pour tout dire, on partage les propos d’Eric Neuhoff dans Le Figaro lorsqu’il affirme qu’il s’agit peut-être d’un des plus beaux films au monde.

Une nouvelle projection lors de notre retour à Paris nous en donnera en tout cas une meilleure idée et une attention plus particulière. Après une telle expérience, difficile d’enchainer avec un autre film. On rencontre plutôt par hasard une critique de Variety et un autre de Screen International avec qui on échange sur le film en y livrant chacun notre vision.

La force du destin nous entraine au final vers un documentaire consacré à la sublime Charlotte Rampling. Intitulé The Look en rapport à ses fameux yeux verts perçant, on a bizarrement l’impression d’assister à un prolongement du film de Malick tant les propos de l’actrice anglaise sont proches de la métaphysique. Il en ressort un bel hommage rendu davantage à sa personne qu’à sa carrière. Parfois long, le traitement de ce documentaire réalisé par Angelina Maccarone reste néanmoins original grâce au rapport qu’elle noue avec son sujet. Une projection d’autant plus émouvante par la présence de Charlotte Rampling dans la salle qui s’est vue offrir une standing ovation à l’issu de la projection.

IMG_0605Début de soirée sur le bateau Arte où une soirée est organisée par le couturier Castebajac. Très parisienne, la fête bat son plein rapidement et le monde de la mode semble s’y être donné rendez-vous. De quoi se rhabiller vu notre état de fatigue après une semaine intense de festival.

 

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Edouard Brane

 

 

 

 

 

 

 

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20ème anniversaire de MEDIA – lundi 16 mai

 

[Visuels : E.B.]


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