Elefante Blanco – drame avec Jérémie Rénier
Situé au cœur du quartier très sensible de Ciudad Oculta, autour d’un dispensaire fait de bric et de broc, le nouveau film de Pablo Trapero était porté par de grandes ambitions : bénéficiant d’un budget très confortable pour un film argentin, Elefante Blanco entendait mêler politique et religieux au sein d’une fresque réaliste et polémique.
Au centre du film, deux prêtres appartenant à deux générations différentes mais réunis dans un seul but : aider la population locale à vivre dans un apaisement relatif, jouer le rôle de médiateurs pour éviter que les nombreux conflits ne s’enveniment, superviser d’un œil la construction de nouvelles habitations destinées à faire sortir une partie des autochtones de la précarité.
Après un enchaînement de scènes d’ouvertures un peu trop édifiantes pour être honnêtes, cette mission multiple nous est exposée au gré de longs plans-séquences qui suivent les personnages dans les travées du décor vertigineux que constitue cet immense bidonville. La maîtrise filmique de Trapero n’aboutit malheureusement sur rien de très impressionnant : très vite, Elefante Blanco n’apparaît que comme une virée touristique un brin superficielle, comme un safari urbain effectué dans un bus blindé. Rien ne tache, rien n’émeut : comme tétanisé par l’ampleur de son projet, le cinéaste ne semble s’épanouir que dans la froideur et les apparences.
Dépourvu d’un fil narratif solide, le film s’attarde principalement sur les doutes des personnages principaux : le prêtre usé qui se sait mourant et se cherche un successeur, le jeune curé francophone traumatisé par une expérience douloureuse et plongé dans une profonde crise de vocation, et une ravissante assistante sociale contrainte de faire beaucoup avec peu… On comprend bien que ces héros du quotidien soient traversés par autant de questionnements, mais ceux-ci tendent à encombrer l’ensemble et à masquer l’important, à savoir la douleur qui étreint les habitants du bidonville. Les scènes s’enchaînent de façon téléphonée, et les clichés pleuvent : par exemple, le jeune prêtre musclé et désabusé ne tardera pas à tomber dans les bras de la jolie travailleuse sociale…
Au début de sa carrière, Trapero faisait office de chef de file de ce courant nommé, de façon un rien simpliste, le Nouveau Cinéma Argentin. Il semble aujourd’hui dépassé par ses congénères, parmi lesquels ses co-scénaristes Santiago Mitre et Alejandro Fadel, dont les projets personnels ont une toute autre dimension malgré des moyens moindres. Trop concentré sur son statut de mentor, Trapero semble s’embourber de plus en plus dans un consensus qui risque de le fâcher avec une partie de son public…
Thomas Messias
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Festival Cinématographique d’Automne de Gardanne 2012 (du 26 octobre au 6 novembre)
- Avants-premières
Festival de Cannes 2012 (du 16 au 27 mai)
- Sélection Un Certain Regard
Elefante Blanco
De Pablo Trapero
Avec Ricardo Darin, Jérémie Renier et Martina Gusman
Durée : 105 min.
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– les films à voir en 2013
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