De “Trois visages” à “À genoux les gars” : 4 films à voir en juin 2018
Chaque mois, la rédaction d’Artistik Rezo choisit pour vous les 4 films qu’il faut absolument aller découvrir en salles. Une sélection éclectique, composée d’œuvres faisant l’événement et de perles plus méconnues.
1) Trois visages, de Jafar Panahi (6 juin)
Parce que l’Iran lui a interdit de quitter le territoire avant 2030, Jafar Panahi continue à tourner des films et à accompagner de loin leur présentation dans de prestigieux festivals. Titulaire d’un Lion d’or et d’un Ours d’or, le cinéaste iranien n’a toujours pas eu la Palme d’or, mais Trois visages lui a permis de recevoir un Prix du Scénario partagé avec Alice Rohrwacher (Heureux comme Lazzaro). Pour Panahi, qui se met de plus en plus en scène faute de pouvoir tourner des films classiques, il s’agit cette fois d’aider une amie, célèbre actrice iranienne, à démêler le vrai du faux dans une histoire d’appel à l’aide reçue en vidéo. Le style est libre, le ton aussi léger que profond, et tout ceci permet de rappeler que Jafar Panahi est le meilleur réalisateur iranien en activité, n’en déplaise à un Asghar Farhadi dont le récent Everybody knows, lui aussi présenté à Cannes, a largement déçu.
2) Football infini, de Corneliu Porumboiu (6 juin)
Cinéaste aussi exigeant que stimulant, Corneliu Porumboiu est l’un des réalisateurs les plus brillants de son pays, la Roumanie. Caméra d’or pour 12h08 à l’est de Bucarest, le réalisateur de Policier, adjectif et Le Trésor revient ici à un sujet qu’il affectionne tout particulièrement : le football. Comme dans Match retour, dans lequel il filmait un vieux match commenté par son père et lui-même, Football infini est un documentaire lié au ballon rond. Son héros, Laurentiu Ginghina, est un haut fonctionnaire qui, la nuit, tente d’écrire les règles d’un nouveau football afin de révolutionner le jeu et le rendre plus dynamique et plus attrayant. Un sujet étrange pour un résultat singulier et cocasse, qui ne devrait pas constituer la dernière incursion de Porumboiu dans l’univers du ballon rond.
3) Désobéissance, de Sebastián Lelio (13 juin)
En 2013, Gloria avait valu un prix d’interprétation berlinois à son interprète principale, Pauline Garcia. En début d’année, Une Femme fantastique remportait l’Oscar du meilleur film étranger face à une concurrence de haute volée. Pour le Chilien Sebastián Lelio, l’étape suivante s’appelle Désobéissance, drame tourné aux États-Unis avec une distribution de choix. Rachel McAdams et Rachel Weisz s’y donnent la réplique dans le rôle de deux meilleures amies, membres de la même communauté juive orthodoxe, qui va imploser lorsque l’une va avouer ses sentiments à l’autre. Une fois encore, le style digne et profond de Lelio fait des merveilles dans ce qui constitue ses débuts en langue anglaise. Une aventure qui ne devrait pas rester sans lendemain, même s’il est à souhaiter que le cinéaste ne délaisse pas son Chili natal, au sein duquel il a livré plus d’un film de grande qualité.
4) À genoux les gars, d’Antoine Desrosières (20 juin)
Il y a quatre ans, Antoine Desrosières livrait un Haramiste aussi court que vigoureux, dans lequel deux jeunes sœurs voilées parlaient de garçons et de cul avant de poursuivre leur discussion dans leur chambre, sans voile mais avec un PC portable. Présenté à Un Certain Regard lors du récent Festival de Cannes, À genoux les gars permet de renouer avec les deux héroïnes du film précédent, interprétées par Inas Chanti et Souad Arsane. D’un naturel et d’un bagou absolument renversants, les deux adolescentes se retrouvent cette fois prises au cœur d’une affaire de harcèlement qui aurait pu donner lieu à un drame extrêmement noir mais qu’Antoine Desrosières et sa bande (la coscénariste Anne-Sophie Nanki et les deux actrices, également créditées comme autrices) ont décidé de tourner en mode comédie. Ce qui n’empêche pas la profondeur. Précisons qu’il est tout à fait possible de voir et apprécier À genoux les gars sans avoir vu Haramiste au préalable.
Lucile Bellan
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