De « Tesnota – Une vie à l’étroit » à « The Rider » : 4 films à voir en mars 2018
Chaque mois, la rédaction d’Artistik Rezo choisit pour vous les 4 films qu’il faut absolument aller découvrir en salles. Une sélection éclectique, composée d’œuvres faisant l’événement et de perles plus méconnues.
1) Tesnota – Une vie à l’étroit, de Kantemir Balagov (7 mars)
Malgré son absence au palmarès, c’est sans doute le film de la sélection Un Certain regard qui a le plus surpris (pour ne pas dire secoué) l’assistance durant l’édition 2017. Dix mois après sa présentation sur la Croisette, le film russe Tesnota (sous-titré Une vie à l’étroit) arrive enfin sur les écrans français, précédé d’une réputation plus que flatteuse. Il y est question d’une jeune femme appartenant à une communauté juive extrêmement fermée du nord du Caucase qui, en 1998, va devoir faire face à l’enlèvement de son frère et de la fiancée de celui-ci. Mis en scène avec maîtrise, le premier film de Kantemir Balagov montre comment cette héroïne nommée Ilana va tenter d’aller jusqu’au bout pour sauver le couple kidnappé, y compris aller à l’encontre des décisions et convictions de ses propres parents. Un film puissant et d’une finesse rare dont il est impossible de sortir indemne.
2) Mektoub my love – Canto Uno, d’Abdellatif Kechiche (21 mars)
On n’avait pas réellement eu de nouvelles d’Abdellatif Kechiche depuis la Palme d’Or de La Vie d’Adèle (qui date déjà de 2013) et les différentes polémiques qui ont entouré le film. Après plusieurs projets repoussés ou annulés, le revoici avec une nouvelle fresque de 3 heures se déroulant cette fois dans les années 80, sur les traces d’un adolescent de 15 ans pris dans un été aussi complexe qu’intense, entre problématiques d’ordre familial et désirs adolescents. Sous-titré Canto Uno, le film qui sort sur nos écrans le 21 mars ne serait que la première partie d’une oeuvre plus ambitieuse… mais c’était aussi ce que l’on avait dit de La Vie d’Adèle, qui ne connaîtra finalement pas de suite (sauf surprise renversante). Quoi qu’il en soit, ce Mektoub my love se déguste parfaitement pour lui-même, permettant à Kechiche de donner une nouvelle fois libre cours à son sens de l’improvisation et de la liberté filmique.
3) The Rider, de Chloé Zhao (28 mars)
On l’avait laissée avec Les Chansons que mes frères m’ont apprises, coup de cœur de la Quinzaine des Réalisateurs 2015 qui se déroulait dans une réserve indienne. C’est de nouveau autour d’une histoire de famille et de chevaux que Chloé Zhao a bâti son deuxième long-métrage, The Rider, de nouveau passé par la Quinzaine en 2017. Il y est question d’un clan de spécialistes du rodéo, dont l’un des fers de lance apprend suite à un accident qu’il ne pourra plus jamais pratiquer. L’occasion pour la jeune réalisatrice de composer une nouvelle fois de sublimes plans et de livrer un drame intimiste d’une dignité sans bornes sur la reconstruction d’un homme aussi perdu que détruit, qui ne sait plus quel sens donner à son existence. Un second film qui fait définitivement de Zhao une cinéaste à suivre de près.
4) 7 minuti, de Michele Placido (28 mars)
Après quelques réussites comme Romanzo Criminale, on avait un peu perdu la trace de Michele Placido, qui revient avec un drame social dont la construction n’est pas loin de rappeler 12 hommes en colère. 7 minuti suit une dizaine d’employées d’une usine de textile en faillite qui doivent se prononcer sur la suite à donner à une demande émanant de la direction : écourter leur pause déjeuner quotidienne de 7 minutes afin de gagner en productivité. Neuf sont d’accord, une s’y oppose, et c’est le début d’une véritable empoignade autour de leur condition de travailleuses, du manque de considération dont elles souffrent, des décisions véritablement judicieuses qui pourraient permettre, mieux que celle-là, d’aider l’entreprise à remonter la pente. Une joute verbale (mais pas seulement) qui en impose par son explosivité absolue.
Lucile Bellan
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