Gran Torino – film de et avec Clint Eastwood
On retrouve un Clint Eastwood, le regard mauvais et fusil au poing, évoquant subrepticement le cow boy des années 60. En effet, malgré le poids des ans, Clint Eastwood y joue le rôle d’un dur : Walt Kowalski, un vétéran que les horreurs de la Guerre de Corée ont profondément ébranlé laissant un homme rigide au mauvais caractère et pétri d’idées racistes et préconçues.
Il vit replié sur lui-même dans la maison qu’il occupait avec sa femme, jusque à ce que celle-ci décède, événement marquant le point de départ du film.
Dès lors, Walt mène une vie d’ermite alternant les long moments où il reste assis à boire des quantités impressionnantes de bière sur sa terrasse en observant d’un œil acerbe les activités du quartier, et ceux où il s’adonne à l’entretien de sa maison, tâche qu’il accomplit de manière routinière et avec un soin méticuleux. Il ne possède aucune richesse sinon une Ford Gran Torino de 1972 dont la colonne de transmission a été installée par ses soins sur la chaine de montage.
Lorsque Thao Vang Lor (Bee Vang), membre de la communauté Hmong qui constitue la plupart du voisinage de Walt, tente, sous la pression du gang de son cousin Fong (Doua Moura), de subtiliser la précieuse automobile, les préjugés de Walt sur ses voisins vont être bouleversés. Apprivoisé par la force de caractère de la sœur du jeune homme, Sue (Ahney Her), il se laissera doucement aller au charme mystique des membres de la communauté.
La banalité d’une histoire de quartier américaine ne trahit pas l’ampleur du long métrage qui nous mène sans longueurs à travers la rédemption d’un homme meurtri par la vie. Un humour caustique s’entremêle joliment avec la dramaturgie d’une histoire émouvante. Eastwood en véritable chef d’orchestre mène solidement le film. A l’écran, son interprétation réussit la prouesse à la fois de faire pâlir d’angoisse le spectateur devant tant d’amertume et d’austérité, mais aussi et surtout, à nous attacher à ce vieux grand-père que les épreuves de la vie on réduit au stade d’handicapé sentimental. Techniquement, son travail de réalisateur est remarquable : un excellent cadrage et une mise en scène permettant de réellement rentrer dans l’intimité des personnages et de leurs émotions sans en altérer l’authenticité. Touchant, drôle, un long-métrage à ne pas manquer.
Hugo Sarkis
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Gran Torino
De Clint Eastwood
Avec Clint Eastwood, Bee Vang, Christopher Curley, Ahney Her et Doua Moura
Durée : 115 min.
Sortie le 25 février 2009
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