Contagion – film de Steven Soderbergh
Qui peut arrêter Soderbergh ? Pas grand-monde, et pas grand-chose. Acteur, réalisateur, compositeur, scénariste, producteur, directeur de la photographie, monteur, producteur exécutif… il est de tous les projets qui comptent. En 2001, il explose les frontières esthétiques des junk movies, avec Traffic, juste après avoir réconcilié Julia Roberts avec le public dans Erin Brockovitch. Il élève le nombre des amis de Danny Ocean à 13, dans des films pop-corn et célébrés. Il remake un Tarkovski, esquisse un double portrait du Che sous le straits de Benicio Del Toro… Bref, il est infernal et talentueux, et il nous le fait bien savoir. Son dernier film Girlfriend Experience, controversé (enfin !) avait permis de secouer le socle de sa statue, dans l’espoir d’un déboulonnage spectaculaire.
Mais avec Contagion, l’homme ne nous fera pas le coup de la panne ; l’œuvre est en tout point une très belle réussite. Renouant avec le film choral (sa partition préférée), le réalisateur nous livre le portrait d’une société apocalyptique post-bactérie. Quoi, encore ? Et bien, oui, mais différemment. Le casting lie le destin de Gwyneth Paltrow (la première humaine infectée) femme de Matt Damon, à celui de Kate Winslet, scientifique humaniste, et Jude Law, prophète arriviste. De leur côté, Lawrence Fishburne et Marion Cotillard représentent le versant officiel de l’histoire, et c’est là tout l’intérêt : une crédibilité non égalée à ce jour dans les films-catastrophes. Soderbergh, à son habitude, pose les questions qui fâchent, et remue avec sa caméra les rouages du grand bazar : concrètement, comment cela se passe-t-il ? Qui détient les informations, et choisit de le partager/ les cacher ? Qui développe le vaccin, et qui le vend à qui ? Où seront-mis les malades ? Qui bénéficiera en premier des soins ?
Le film a plus d’un tour dans son sac, mettant en parallèle virus biologique et réseaux sociaux, anecdotes individuelles et destins nationaux. Kate Winslet est bien entendu époustouflante, on ne lui en voudra pas, on a l’habitude. Petit bémol concernant le twist final, assez inutile, ainsi que le rôle de Marion Cotillard, largement sous-écrit, et naïvement hollywoodien. Sinon, n’hésitez pas à vous laisser contaminer par la pathologie Soderbergh. Symptômes : questionnements multiples ; remède : aucun connu à ce jour…
Mathilde de Beaune
[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=vnbZGgp8CQQ[/embedyt]
Contagion
De Steven Soderbergh
Avec Matt Damon, Gwyneth Paltrow, Kate Winslet, Lawrence Fisburne et Marion Cotillard
Sortie le 9 novembre 2011
Articles liés
Découvrez le seul-en-scène “Florence 1990” à La Petite Croisée des Chemins
18 novembre 1990. Florence Arthaud arrive dans le port de Pointe-à-Pitre à la barre de son trimaran et remporte la Route du Rhum, première femme à s’imposer dans une course en solitaire. Adolescent, je suis alors fasciné par cette...
Bananagun dévoile leur nouveau single “With the Night” extrait de leur nouvel album à paraître
Bananagun, originaire de Melbourne, partage “With the Night”, extrait de leur deuxième album “Why is the Colour of the Sky ?”, dont la sortie est prévue le 8 novembre via Full Time Hobby. Ce single au piano reflète le...
“Nadia Léger. Une femme d’avant-garde” au Musée Maillol : une exposition à ne pas manquer !
Nadia Khodossievitch-Léger (1904-1982) a été une figure de l’art du XXe siècle. À travers plus de 150 œuvres, la rétrospective Nadia Léger. Une femme d’avant-garde retrace le parcours largement méconnu de cette femme d’exception, tout à la fois peintre prolifique, éditrice...