Computer Chess une comédie lo-fi d’Andrew Bujalski
Computer Chess De Andrew Bujalski Avec Patrick Riester, Wiley Wiggins, Myles Paige et Robin Schwartz Durée: 92 min |
«Can you try to do your own move? On your own…», demande avec insistance Peter à Shelly. Cette simple question résume très justement Computer Chess, véritable ovni du cinéaste américain.
A l’aube des années 80, le temps d’un tournoi de programmes d’échecs, des génies de l’informatique s’affrontent dans un hôtel. Ces derniers se dévouent corps et âme afin que les ordinateurs battent l’homme à son propre jeu. Mais une présence féminine inédite et la proximité d’un étrange séminaire de thérapie de couple vont perturber la compétition.
Selon Andrew Bujalski, cette mouvance du cinéma américain indépendant se caractérise par un retour aux principes fondamentaux dits «back to basics». En effet, le mumblecore s’apparente à un cinéma de la communication faisant fi des références. Ce cinéma bavard aux dialogues improvisés et acteurs non professionnels ne parle pas de cinéma en lui-même
L’originalité de la réalisation réside en l’utilisation du noir et blanc afin de retranscrire le monde moderne. A l’extérieur de l’hôtel, il existe un autre monde. Ce dernier aux couleurs chaudes symbolise le passé voire même l’enfance. Ici, Andrew Bujalski joue avec les contrastes afin de dépeindre le choc des mondes. Le passé coloré s’oppose au monde terne de l’innovation. Tourné en noir et blanc à l’aide d’une caméra datant du début des années 70, le modèle ATC 32-16 de Sony, le film traite des prémices du numérique et plus particulièrement de l’effrayante addiction des humains aux ordinateurs. A l’instar de ces programmateurs eighties, le monde contemporain dépend de l’intelligence artificielle de nombreuses technologies. De plus, les questions philosophiques de l’époque sont toujours d’actualité: Sommes-nous toujours maîtres de nous-mêmes? Est-il toujours possible de faire quelque chose sans se rendre au préalable sur un moteur de recherche?
A la manière de ce groupe en thérapie de couple, ce tournoi se révèle être une expérience quasi religieuse. Quant à la partie d’échecs, analysable à l’infini, elle demeure difficile à décoder dans sa totalité. A la fois bizarroïde, drôle et très tendre, ce film est une ode aux chercheurs et surtout à ceux tentant de comprendre davantage l’intelligence humaine.
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