Commune Image: premier incubateur de réalité virtuelle en Europe
Basé à Saint-Ouen, véritable berceau de la filière de l’image, Commune Image s’est imposée depuis 2010 dans le secteur du cinéma et de l’audiovisuel. Rencontre avec Caroline Safir, sa directrice adjointe, ainsi qu’avec Rémi Large et Samuel Lepoil, fondateurs du Tamanoir, l’une des startups en incubation.
Pouvez-vous nous présenter le lieu en quelques mots ?
Caroline Safir : Commune Image est une fabrique de Cinéma et de réalité virtuelle nouvelle génération. Ce lieu atypique, aux portes de Paris, à Saint-Ouen, mêle à la fois résidence de créateurs, salles de montage, de projections. Suite à son rachat par le Groupe SOS le 7 juin 2017, Commune Image a récemment opéré un tournant, devenant ainsi le premier incubateur de réalité virtuelle (VR) en Europe.
À travers les 40 structures en résidence, nous pouvons gérer chacune des étapes de création d’un film, depuis l’idée originale jusqu’à la diffusion. Nous animons une communauté de créateurs (auteurs, réalisateurs, producteurs, entrepreneurs, techniciens, distributeurs et diffuseurs) sur 2 500m2 qui incluent un parc de post-production complet.
Comment le projet de l’incubateur VR est-il né ?
Caroline Safir : Commune image s’engage pour démocratiser l’accès à la création en s’impliquant auprès de projets qui nous tiennent à cœur. Ce fût le cas notamment pour la Belle et la Meute, en sélection à Un Certain Regard, à Cannes 2017, à qui nous avons offert un apport en industrie pour finaliser la post-production du film. Il nous est apparût logique de ne pas limiter notre mission aux frontières de l’écran.
À cet effet, nous avons rencontré de nombreuses parties prenantes de la VR en France et en Europe. Leur constat commun était simple : la France est identifiée comme un territoire de production de contenus de qualité en réalité virtuelle, augmentée ou mixte, mais nous manquons cruellement de dispositif structurant pour la filière. C’est de là qu’est né Commune Image VR, avec l’ouverture d’un Lab vitrine commerciale et d’un espace de prototypage, puis l’ouverture de l’incubateur le 6 novembre dernier.
Vous accueillez 5 résidents VR au sein de cet incubateur. Quels sont les critères de sélection ?
Caroline Safir : Nos incubés suivent un programme double. Ils bénéficient de toute l’ingénierie d’accompagnement de notre partenaire Créatis, premier incubateur de startups culturelles en France sur la partie business. Du point de vue technique, leur accompagnement est aussi complet, puisqu’il est réalisé par nos partenaires experts de la filière tels que VR Connection, Uni-XR, Génération Numérique, Nexus Foward et Laval Virtual. Les cinq structures que nous accompagnons ont été choisies sur des critères de viabilité de leur projet, d’innovation, mais aussi en fonction de leur souhait de s’impliquer, ou non, au sein de Commune Image. Les synergies sont au cœur de notre mode de fonctionnement.
Tamanoir fait partie des incubés de Commune Image, depuis décembre. Quelle est l’origine de ce projet spécifique ?
Rémi Large : J’ai rencontré Samuel Lepoil lors de mes études et c’est lui qui m’a convaincu, après m’avoir mis un casque de réalité virtuelle sur les yeux, de me lancer dans l’aventure. On a toujours évolué dans un univers artistique : Samuel a eu sa compagnie de théâtre et moi, je suis un ancien danseur professionnel. On s’est donc logiquement tourné vers de la VR de création avec la volonté de produire un contenu à mi-chemin entre le cinéma et les jeux vidéo. C’est grâce à un projet étudiant (Saving Tomas) que l’on s’est fait repérer et que Tamanoir a été fondé. Nous avons principalement trois pans d’actions : immersion, narration et interaction.
Samuel Lepoil : Dans les contenus que nous créons nous avons la volonté d’entremêler fiction et réalité. Les principaux thèmes touchent à l’intimité d’un personnage, ses sentiments, son ressenti intérieur. C’est le cas du projet, dont parlait Rémi, qui nous place dans la tête de Tomas, jeune homme qui se fait kidnapper au moment où il doit quitter l’île de la Réunion. Réalisation qui nous a valu de remporter le concours libre court de France TV.
Et quelles sont vos actualités ?
Samuel Lepoil : Plusieurs projets sont en cours : la réalisation d’expériences immersives comme Mind Palace, qui nous plonge dans le palais de mémoire d’un personnage. L’utilisateur est roi et peut transformer ses souvenirs en objets qui peuplent son palais. Projet qui naît de la rencontre entre techniques monastiques et nouvelles technologies.
https://youtu.be/M7xIfwMQTCs
Rémi Large : Une série documentaire va également voir le jour en partenariat avec l’INA. Il s’agira de vidéos en 360° sur un format de 3 minutes, qui plongera le spectateur à un moment clef de l’histoire. Un personnage fictif retracera le souvenir de cet épisode historique. On retrouve encore une fois cette idée d’intimité.
La VR s’impose de plus en plus dans le secteur artistique. Selon vous quel est le lien entre VR et Art ? Quelles vont être les prochaines évolutions en matière de VR ?
Samuel Lepoil : On y voit une réelle complémentarité. Il n’y a pas de menace de la VR sur l’art, car c’est plutôt un nouveau mode d’expression que les musées et institutions utilisent de plus en plus, d’ailleurs. Avec la réalité virtuelle on parle désormais avec l’espace.
Rémi Large : Pour le moment en terme de VR, il y a deux formes principales : l’utilisation des casques qui sollicitent essentiellement la tête. Il y a ensuite les expériences qui nécessitent de la modélisation 3D et qui invitent effectivement l’utilisateur à se déplacer dans l’espace. Très prochainement on aura recours à des caméras qui imprimeront en 3D un espace réel et dans lequel on pourra se déplacer. On tend donc vers une immersion encore plus forte, véritable expérience sociale qui peut être mise au service de l’art.
D’ici quelques mois, une formation dédiée à la VR pour les professionnels verra le jour. Quelle est l’ambition d’un tel projet ?
Caroline Safir : Le lancement du Lab et de l’incubateur VR au sein de la Fabrique de Cinéma qu’est Commune Image a permis d’abaisser les barrières qui existent parfois entre créateurs et producteurs de cinéma / audiovisuel et start-upers de la filière VR, AR, XR. Notre ambition pour la formation VR in One Day, dont la première édition aura lieu le 4 juillet prochain, à Commune Image, rejoint cette dynamique.
Il s’agit d’une journée dédiée aux professionnels du cinéma et de l’audiovisuel. Au programme : panorama technique et créatif complet, économie générale, dispositifs de financement et recettes, focus sur les problématiques narrative et, bien sûr, échanges et networking avec les experts de la filière. Voilà de quoi tout savoir sur la réalité virtuelle, avant de se lancer !
Marie Dardenne
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