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Climax – Un film de Gaspard Noé

Manon Laine 20 octobre 2018
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©Wild Bunch Distribution

Le 19 septembre 2018 sortait le tout nouveau film de Gaspar Noé, « Climax », un drame français présenté à la Quinzaine des Réalisateurs du festival de Cannes cette année.

Il a d’ailleurs reçu une importante récompense, l’Art Cinema Award, remis par la Confédération Internationale des Cinémas d’Art et d’Essai. 

Rappelons le synopsis du film : l’histoire a lieu en 1996 lorsqu’à l’appel d’un chorégraphe de renom, un groupe de danseurs se retrouve dans un local isolé : ils répètent une dernière fois avant de partir se produire aux Etats-Unis. Une fois la répétition terminée, les danseurs font une fête pour décompresser mais rapidement, ils se rendent compte que quelqu’un a versé une substance illicite dans la sangria… 

Un huis clos qui bouscule les codes du cinéma 

Climax est un huis clos, c’est-à-dire que toute l’action du film se déroule en un lieu unique, et Gaspar Noé a mis en place des procédés particulièrement efficaces afin que le spectateur se sente complètement oppressé au sein de cet espace. 

D’abord, l’histoire se passe dans un local de répétition isolé, les danseurs n’ont aucun moyen de communication avec l’extérieur et dehors, le temps est très enneigé. Cela apparaît comme un piège : un lieu dont ils ne peuvent s’enfuir. De plus, l’histoire se déroule dans un espace temps très réduit : une seule nuit, où on les voit heure après heure sombrer dans la démence, certains s’entraînant dans une transe dansante infinie et d’autres plongeant dans l’angoisse et l’horreur… 

Sofia Boutella ©Wild Bunch Distribution

A l’habitude des films de Gaspar Noé, les plans sont très longs : le film commence par un vertigineux plan-séquence de danse et il en comporte d’autres, jusqu’à 42 minutes d’un trait. Cela participe à l’ambiance pesante que le film inflige au spectateur : une caméra qui nous emporte, qui ne cesse de se déplacer et de tourner, nous guidant de plus en plus vers l’obscurité et la névrose : alcool, sexe, drogue, violence… Les personnages semblent ne plus être maîtres de leurs faits et gestes. On est entraîné et envoûté par le film, au rythme de la musique techno, au rythme des corps dansants et intrépides, dans leur infinie diversité. On se sent à la fois surpris, mal à l’aise, dégoûtés, choqués, étouffés, et finalement piégés dans cet espace chaotique dans lequel nous nous retrouvons avec eux. 

Le fait est que Gaspar Noé, en plus de proposer un film à la fois puissant, artistique et dérangeant, a voulu jouer avec les codes classiques du cinéma et les détourner, offrant à son film une dimension expérimentale. En effet, tout comme dans « Irréversible », le film commence par le générique de fin. Et à la fin, les images des dernières scènes sont à l’envers : l’effet escompté est sans doute de perturber le spectateur du début à la fin mais au-delà de ça, cela montre que le réalisateur va jusqu’à modifier la forme de son film afin de parvenir à un chaos visuel, à l’image de l’histoire de Climax. 

Manon Laine

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