Pas Son Genre – Film de Lucas Belvaux
Pas Son Genre De Lucas Belvaux Avec Emilie Dequenne, Loïc Corbery de la Comédie Française, Sandra Nkaké, Charlotte Talpaert. Durée : 111 min. |
Sortie le 30 avril 2014 Bien loin de la noirceur de 38 Témoins, Lucas Belvaux filme une jolie histoire d’amour contrariée par les antagonismes socio-culturels de ses protagonistes. Une romance émouvante où rayonne la trop rare Emilie Dequenne. Arras. Pour Clément, professeur de philosophie et écrivain respecté par ses pairs, la nouvelle de son affectation tombe comme un couperet. Comment survivre un an en Province, quand on ne peut pas se passer du rythme trépidant de la capitale ? Arras la redoutée recèle pourtant bien des charmes, et Jennifer, rayonnante coiffeuse amatrice de karaoké n’en est pas le moindre. Mais l’intellectuel parisien et la virevoltante provinciale peuvent-ils s’aimer en dépit de leurs différences d’origines sociales et culturelles ? La question posée par Lucas Belvaux dans son nouveau film, adapté du roman éponyme de Philippe Vilain, semble a priori si vieille qu’elle en est usée. Pourtant, le réalisateur, toujours préoccupé par la problématique sociale, explore ici l’histoire d’amour de Clément et Jennifer en évitant gracieusement les poncifs. D’abord parce que, contrairement à l’autofiction de Philippe Vilain, le film de Lucas Belvaux ne prend parti pour aucun des personnages, montrant les deux points de vue, se souciant d’éviter le jugement. Chez Belvaux, chacun progresse au contact de l’autre ; Clément humainement, Jennifer culturellement. Mais cela suffit-il pour faire exister le couple dans la durée ? C’est cette simple question qui maintient les spectateurs en haleine, dans ce film qui doit également beaucoup à ses interprètes ; Emilie Dequenne, lumineuse, qui irradie l’écran, en composant un personnage adorable, irrésistible ; et Ludovic Corbery, de la Comédie Française, que l’on découvre plus sombre, tout en retenue. Et c’est dans le contraste entre les personnalités de ses deux protagonistes que Lucas Belvaux trouve le délicat équilibre nécessaire à la narration de ce conflit amoureux de classe. La mise en scène se veut alors empathique ; elle ne souligne pas, n’appuie pas, mais laisse les caractères des personnages l’imprégner. C’est alors un très beau plan-séquence dans lequel la caméra suit les mouvements de Jennifer, se réveillant, et exécutant tous les gestes du matin en virevoltant d’une action à l’autre, concentré de bonne humeur contagieux. C’est aussi une façon de filmer l’intimité sans voyeurisme, en traquant l’émotion dans les visages ; au plus près de la sensation ; tout en respectant la pudeur des corps. C’est encore cette façon de ne pas chercher à fournir d’explication à tous les comportements des personnages, qui sont davantage donnés à ressentir qu’à comprendre. Comme dans 38 Témoins, où la ville du Havre jouait un rôle narratif fort, Arras est ici un personnage à part entière. Dans son cinéma, Lucas Belvaux n’utilise pas les villes comme décors dérisoires au seul service de l’action. La ville d’Arras est un élément narratif essentiel ; ailleurs dans lequel la rencontre entre deux personnages qui ne se seraient jamais regardés à Paris est enfin possible ; où les univers de l’un et de l’autre se mêlent pour le pire (lorsque la condescendance de Clément pour sa coiffeuse kantienne entache leur relation) comme pour le meilleur (lorsque les excursions au karaoké du coin deviennent des expériences libératrices, si ce n’est cathartiques). Ainsi, bien que le film ne soit pas exempt de clichés et n’invente pas grand-chose en matière d’amours contrariées, Pas Son Genre parvient à émouvoir en narrant cette jolie romance chantante, toute en nuances, où brille incontestablement la pétillante Emilie Dequenne. Raphaëlle Chargois [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=0rKI5AhdtBY[/embedyt] |
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