La Ligne droite – film de Régis Wargnier
Ancienne athlète, Leïla (Rachida Brakni) sort de prison, et a tout perdu : son fils, sa carrière, sa vie. Alors elle court et s’oublie dans l’effort. Un peu par hasard, sa route croise celle de Yannick (Cyril Descours) un jeune aveugle qui supporte mal son nouveau handicap. Devenue sa guide, elle va s’appuyer sur lui pour remonter la pente.
Des bons côtés, le film n’en manque pas. Rachida Brakni, nerveuse à souhait, joue parfaitement le rôle de la femme blessée et volontaire. Ainsi que Clémentine Célarié (la mère de Yannick) qui nous a bien peu souvent habitué à une interprétation harmonieuse. Les scènes sportives, au sein du stade, sont magistralement filmées, et la tension de la compétition extrêmement bien rendue. À l’heure où il faut filmer le corps, le cinéaste qui sut magnifier Catherine Deneuve, Emmanelle Béart ou Sandrine Bonnaire exulte, fasciné par cette activité historique de l’homme, par son ambition tutélaire. La liberté, le rejet de la contrainte, le dépassement de soi sont des thèmes chers au réalisateur.
Les silences, qui tissent la véritable histoire entre Leïla et Yannick, sont la partie la plus intéressante de la narration. Mutiques, enfermés en eux-mêmes, les athlètes se doivent de transcender leur relation pour parvenir à l’excellence.
Malheureusement, tout cet édifice fragile vacille lorsque le réalisateur s’intéresse à l’aspect social et humain des relations. On sent que Régis Wargnier était plus à l’aise lorsqu’ils tournaient ses deux documentaires sur le même sujet, Cœurs d’athlètes et D’or et d’argent. En effet, de dialogues ineptes en situations surjouées, le spectateur a bien du mal à s’attacher à des personnages semblant directement être tombés de la scène d’un théâtre. Il manque à cette ligne droite un côté charnel jusqu’au-boutiste, ou l’âme s’efface au profit de l’exploit. Handicapés eux-mêmes par cette soudaine lourdeur, les personnages se débattent pour rétablir la vérité nue du sport. Le côté « Fuis-moi je te suis » de la relation Leïla-Yannick sonne un peu creux par moment, du fait du caractère artificiel de leurs personnages.
C’est en effet un excellent parti-pris de faire participer Aladji Ba, Gautier Trésor Makunda et Seydina Baldé tous de véritables athlètes, handicapés ou non, au film. Malheureusement quelques cours supplémentaires de comédie n’auraient sans doute pas été de trop. Pour citer le réalisateur : « C’est le plus dur, de faire surgir la vie au milieu du cinéma. »
Mathilde de Beaune
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