“Chien”, le nouveau Samuel Benchetrit
Chien, le nouveau film de Samuel Benchetrit flirte avec l’absurde pour narrer la lente métamorphose d’un homme en chien. Un regard lucide, mais non dénué de bienveillance, sur les rapports humains. Sortie le 14 mars prochain.
Jacques Blanchot, personnage prétexte
« Jacques Blanchot n’est, en fait, ni sympathique, ni antipathique. Juste indifférent » : voilà comment Samuel Benchetrit parle de son personnage, à qui le public peut rapidement coller une étiquette : celle du chien obéissant, justement. En lui se confrontent en effet plusieurs idées : acceptation, adversité, soumission, déclassement.
Dans ce film, le personnage interprété par Vincent Macaigne croit les gens. Il ne se prête pas à la suspicion, au combat du tous contre tous, car il croit sincèrement chacun. Le film commence lorsque sa femme l’évince, sous prétexte qu’elle est devenue physiquement allergique à sa présence. Blanchot n’est ni vexé, ni perplexe. Il croit sa femme et veut à tout prix qu’elle se porte bien. Il part donc vivre à l’hôtel. La force du récit tient dans la difficulté à suivre le cheminement interne du personnage, qui accepte chaque situation sans énervement ni lassitude. Il accepte l’humiliation et reste souriant face au pire.
Chien, le délicieux risque de l’absurde
Lors de la projection presse, plusieurs spectateurs sont partis avant la fin, lassés ou agacés devant un film qui ne s’adresse définitivement pas à tout le monde : « Ce roman me paraissait totalement inadaptable, en particulier sa deuxième partie où mon personnage se métamorphose en chien », explique Samuel Benchetrit. En revanche, les amateurs d’absurde y trouveront leur compte.
Tout le défi de cette métamorphose est de la présenter par paliers successifs afin que le spectateur puisse comprendre la trajectoire vers laquelle le personnage se destine. Le jeu de Macaigne aide la compréhension. On visualise peu à peu sa bonhomie virer à l’extrême, jusqu’à atteindre une résignation qui paraît ensuite presque naturelle. Bien sûr, le film contient une part de violence, que le couple Macaigne-Lanners justifie par une relation maître-chien rendue très réaliste, et absolument fascinante, pour qui apprécie le cinéma de ce réalisateur. Admirateurs de l’originalité de l’imaginaire de Benchetrit, foncez-y !
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