Champs-Élysées Film Festival : liberté, découverte, partage
« Viens voir un film en compétition, et après, viens sur le rooftop découvrir un artiste. » Le Champs-Élysées Film Festival, festival de cinéma indépendant américain et français, aura lieu du 18 au 25 juin 2019 sur la « plus belle avenue du monde ». Entretien avec Justine Lévêque, directrice artistique et événementiel du festival.
Pourquoi monter un festival du cinéma indépendant à Paris ?
Champs-Élysées Film Festival a été créé en 2012 par Sophie Dulac qui est aussi distributrice, productrice, exploitante et grande fan de cinéma indé américain. Comment voir du très bon cinéma indé à Paris sachant que très peu de films sortent en salles ? Il y avait dès le début cette volonté de promouvoir, aider, accompagner et mettre en lumière le cinéma indépendant américain à Paris.
Et puis d’un autre côté, il n’y a pas de grand festival de cinéma à Paris. Alors le monter sur les Champs-Élysées, ça permettait une unité de temps, de lieu et d’action. On a le rooftop Publicis qui est le QG du festival et c’est une des avenues au monde où il y a le plus de cinémas à moins d’un kilomètre.
Mais c’est vrai qu’il y a aussi cette volonté militante de notre part de ramener une contreculture underground, indépendante, dans un lieu de patrimoine, où les magasins de luxe côtoient le pire du fastfood ; d’être ancrés dans l’actualité, axés sur l’indépendance, de ramener la jeunesse sur les Champs avec notamment cette programmation musicale, en lien avec la ligne éditoriale générale qui est axée sur l’inédit, la rareté, la découverte.
Que vous évoque le cinéma indépendant ?
Quand j’entends cinéma indépendant, moi j’entends jeunesse, liberté, prise de parole, position politique, regard sur le monde… Moi ça m’évoque ça. En dehors de manque d’argent, auto-production, qui sont le cinéma indépendant que l’on programme. Clairement, les films américains indépendants en compétition sont des films sans budget. On a déjà eu des réalisateurs américains sur le festival qui avaient hypothéqué leur maison et celle de leurs parents pour terminer leur film… On est vraiment dans des conditions de grande précarité pour certains.
Pour les Français c’est différent, puisqu’on a une plus grande idée de ce qu’est le cinéma d’auteur, indépendant. Et d’ailleurs aux États-Unis, un film de Franck Dubosc est pour eux un film indépendant, tellement on parle de budgets qui ne sont pas équivalents. Les films américains qu’on présente n’ont pas de distributeur. Aucun. L’idée étant qu’ils rencontrent les professionnels français. Généralement, on a toujours au moins un film qui est acheté suite à sa présentation sur le festival, c’est déjà un bon challenge remporté.
Pourquoi rajouter une programmation musicale au festival il y a 3 ans ?
Déjà, c’est une volonté personnelle, étant une grande fan de musique. Et on se trouvait à ce moment-là à un croisement, car il manquait une vie nocturne sur le festival, il manquait un sentiment de fête, là on peut garder les gens pour la soirée. Et puis ça permet une vraie démocratisation de la culture. Le pass est à 40 €, il donne accès à tous les showcases, tous les films en compétition, toutes les masterclasses… Et pour les moins de 25 ans le pass est à 35 €, ce qui est le même prix qu’une place de concert.
En plus, le cinéma et la musique sont des arts pluridisciplinaires… On peut parler de tout, et aujourd’hui avec cette façon un peu « do it yourself » d’aborder les choses, il y a quelque chose qui se passe, notamment au niveau des femmes, qui est très fort. Silly Boy Blue par exemple qui écrit aussi pour les Inrocks… C’est un esprit très nouvelle vague. Voilà, tu écris, et en même temps tu vas aussi faire de la musique comme tu l’entends. C’est cette liberté qui se ressent aussi dans la création cinématographique du fait de nouveaux supports de création. Et donc tout ça se rejoint vraiment. Il y a vraiment l’idée d’être un festival tapis rouge en jean-baskets. Notre but c’est d’être une plateforme de la jeune création aujourd’hui à Paris… Musique et cinéma, français et américain, long-métrage et court-métrage… Que l’on puisse partager ce moment de rencontre, dans une petite bulle à part dans la vie de tout le monde, puisque tout se passe à Paris et tout le monde vit à Paris. Donc le but c’est de proposer une petite alternative à la frénésie quotidienne de la vie parisienne.
Propos recueillis par Léna Wattez
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