C’est eux les chiens… – comédie dramatique de Hicham Lasri
C’est eux les chiens… De Hicham Lasri Avec Hassan Badida, Yahya El Fouandi et Imad Fijjaj Durée : 85 min. |
Sortie le 5 février 2014 Bardé de prix internationaux, le deuxième long métrage de ce cinéaste à suivre mène une réflexion habile sur l’oubli et le passé à travers le portrait d’un homme dans la foule. Un homme pas tout à fait comme les autres. Même si le contexte historique manque de points de repère, voilà un film fort et terriblement attachant notamment grâce à un comédien exceptionnel. En plein Printemps arabe, Majhoul est libéré des prisons marocaines où il vient de passer 30 ans pour avoir manifesté en 1981 lors des « émeutes du pain ». Une équipe de télévision l’interpelle et, d’abord sceptique puis fascinée, le suit dans sa quête : renouer avec son passé. Sa recherche du temps perdu prend des allures d’odyssée lorsqu’il se trouve confronté à un monde dont il a été exclus trop longtemps pour en capter les plus petites bribes. Développant à plusieurs niveaux la thématique des tiraillements qu’induisent des situations inimaginables, le cinéaste Hicham Lasri, dont c’est le second long métrage, saisit avec une acuité quasi documentaire les errances d’un quidam pas comme les autres. Tiraillement entre le passé et le présent de cet homme propulsé dans un monde qu’il ne peut plus comprendre, comme le montre cette scène à la fois drôle et terrible où il demande ce qu’est un portable, persuadé qu’on vit encore à l’heure des talkie walkies. Tiraillement de ces journalistes entre la conscience de tenir un sujet passionnant qui les fait déserter les événements dont on ne percevra plus que les lointains échos et le doute d’être tombé sur un individu encore doté de toute sa tête méritant leur assiduité. Tiraillement encore de cet homme entre les événements qui ont présidé à son embastillement et ceux qui « l’accueillent » à sa libération. Le cinéaste plante son décor avec un réalisme total, sans pathos mais avec un regard profondément humaniste. Fortement aidé par un comédien prodigieux, Hassan Badida, il suit, comme pour un road movie, le parcours de ce héros au sens fort du terme et dont la seule détermination tient lieu de moteur. Nous sommes au cœur d’une véritable tragédie humaine dont le personnage central, broyé par l’histoire, tente de s’extirper, à grands renforts d’espoirs, de naïvetés aussi parfois. La candeur qui l’habite donne lieu à de très belles scènes transgénérationnelles. De ce beau film ne manque qu’un peu plus d’ancrage dans les événements qui secouent le Maroc à ce moment-là et dont l’onde de choque a dépassé largement le Moyen-Orient. L’ensemble n’en aurait été que plus pédagogique. Franck Bortelle [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=SaA7V3bwaKo[/embedyt] A découvrir sur Artistik Rezo : |
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