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Césars 2011 – La cérémonie

24 février 2011
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Bienvenue dans le monde parallèle de l’hypnose collective ! En ces temps imparfaits, une cérémonie des Césars – ce vendredi soir au théâtre du Châtelet à Paris, retransmise en clair sur Canal + – pourrait bien endormir vos incertitudes, sinon vos frondeuses colères. Disons que cela peut rasséréner. Provisoirement. Peu de chances en tout cas que ce ballet de belles vedettes et de belles toilettes ne suscite – ni avant, ni pendant et encore moins après – d’autres questions que : “Rhooo, nan, pas encore Depardieu, et pourquoi ce s’rait pas Eric Elmosnino ou Romain Duris, pour une fois, hein ?” (incidemment, deux des trois sus-nommés font partie des comédiens français ayant récolté le plus d’euros en 2010, on peut faire semblant de chercher).


Mollement rythmée d’ordinaire, ceci trois heures durant – hormis quelques goûteux millésimes présentés jadis, c’est-à-dire hier, par Valérie Lemercier ou Edouard Baer, mais cette année c’est l’inoxydable Antoine de Caunes qui s’y colle – on ne voit pas pourquoi cette 36e édition échapperait à la fatale langueur qui enrobe, chaque fois, cette distribution de prix au pays des gens jolis. Celle-là même qui, on l’aura compris, met un point d’honneur à ne récompenser, comme il se doit, que les bons élèves du cinéma français. Entendez les Auteurs majuscules, mais option “films du milieu”, un peu mais pas trop “grand public” quand même. Une exception culturelle très frenchy, en effet.


Ainsi, à grand renfort de statuettes moches et concassées signées César (le sculpteur, d’où le nom faussement impérial, visez le clin d’œil aux Oscars), de remerciements humides et interminables, ou de sketchs bredouillants ou foireux, les surprises et les audaces – on n’oserait dire les coups de théâtre – sont rarement au rendez-vous de cette grande réunion de famille, présidée cette année par la toujours très francophile Jodie Foster. What a bonheur ! Malgré tout, le cinéma étant aussi fait pour s’interroger (et se distraire, mais là, faudrait pas exagérer non plus), on peut – entre deux plateaux repas, trois tisanes et vingt bâillements – s’amuser à formuler quelques questions insidieuses. Histoire de pimenter et/ou de ne pas sombrer tout à fait. Allez hop, 9 “pourquoi” trop rebelles avant d’aller se coucher (10, ça serait un poil trop commun, voyez…) !


Deneuve_potichePourquoi(s)


– Pourquoi est-ce que Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois, nominé 11 fois – par ailleurs Grand prix (mérité) du jury à Cannes – a toutes les chances de faire un carton cette année ? Un indice peut-être ? L’an dernier, c’est Un prophète de Jacques Audiard (également récompensé au Festival de Cannes) qui avait remporté la mise. On se souvient aussi de l’engouement des “professionnels de la profession” pour L’esquive, d’Abdellatif  Kechiche, etc, etc… Forts bons films, au demeurant, mais bon, il n’y aurait pas comme un petit air de famille là, non ?


– Pourquoi l’impeccable thriller de Roman Polanski, The ghost writer, joué en anglais par des acteurs anglais, écossais ou irlandais, est-il nominé (aux Césars français, donc) 8 fois ? Indice : Charlotte Gainsbourg, qui joue en anglais dans L’arbre, film réalisé en Australie par la Française Julie Bertuccelli, est également nominée dans la catégorie “Meilleure actrice” et… ça n’a rien à voir avec le fait qu’elle ait la double nationalité franco-anglaise ou que la bilingue J.Foster puisse être dans la salle…


– Pourquoi, même si ce serait super sympa et pas du tout usurpé que François Damiens glane un César pour sa prestation délectable dans L’arnacoeur, il y a à peu près 9 chances sur 10 que le vénérable Michael Lonsdale reparte avec le César du Meilleur second rôle pour Des hommes et des dieux ? Indices : il est âgé, il vient du théâtre, il a travaillé avec Bunuel, houla… c’est du lourd. Incidemment, il rayonne dans le film de Beauvois.


– Pourquoi Les petits mouchoirs, le film de Guillaume Canet (certes le moins intéressant de sa filmo perso) est le “grand oublié” de cette cuvée 2011 ? Indice 1 : il a cartonné en salle. Indice 2 : il en faut toujours un, de toute façon, ça fait partie de la routine “césarine”. Et toc !


– Pourquoi, du coup, il serait largement malvenu de ne pas saluer la géniale Valérie Bonneton dans Les petits mouchoirs, par exemple au titre de “Meilleure actrice dans un second rôle” (ne serait-ce que pour sa “bravitude” d’en être, justement) ?


amalric_cannes– Pourquoi, au fait, seule Leïla Bekhti est nominée dans la catégorie “Meilleur espoir féminin” pour Tout ce qui brille, alors qu’elle y forme un tandem inoubliable (et inséparable) avec Géraldine Nakache ? Indice : Audrey Lamy, “la” vraie révélation de cette comédie épatante, est également nominée. Aïe, ça sent le crêpage de chignons…


– Pourquoi Gainsbourg vie héroïque, l’autre favori (avec Des hommes et des dieux et The ghost writer, donc) est nominé quasiment partout sauf aux rubriques “meilleur scénario” et… “meilleure musique” ? Indice :  Joann Sfar, l’auteur-réalisateur, vient de la bd (ça peut être vu comme un handicap dans le monde tellement ouvert du 7e art) et… Laetitia Casta n’est pas chanteuse (cela dit, Bardot et Birkin non plus à l’origine).


–  Pourquoi, pour une fois, allez on croise les doigts, le César de la meilleure actrice (l’un des 4 Césars plus dorés que dorés, quasiment diamantés, avec celui du meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur acteur) pourrait être décerné non pas à une interprète profonde, dans une tragédie tripale et humaine, mais à une comédienne rieuse dans une comédie (un truc de dingue) ? Indices : ça faisait longtemps que (la grande) Catherine Deneuve dans Potiche et (la petitoune) Sara Forestier dans Le nom des gens n’avaient pas été aussi… bonnes.


– Pourquoi, enfin, Mathieu Amalric ne ferait pas tourner toutes les têtes avec sa généreuse Tournée ? Indice : de Cannes à Paris, en passant par New York, Los Angeles ou… Artistik Rezo, c’est le (mon) chouchou du moment. Et ça, c’est un argument imparable !


Allez, faites vos jeux. L’hypnose, de toute façon, n’a qu’un temps. Plus dur, évidemment, sera le retour au réel… Et… bonne soirée !


Ariane Allard

Lire aussi sur Artistik Rezo, les lauréats des Césars 2011.

Et, les nominés pour les Césars 2011.

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