Ce cher mois d’Août
L’origine
C’est la première partie du film, à visée documentaire, où les amateurs, les idiots de l’équipe du film parcourent l’arrière-pays portugais à la recherche d’acteurs, de l’insolite, de drôlerie, de musique, de plans, de cinéma. C’est d’une richesse inouïe. Premier plan du film : des poules dans un poulailler filmées en très gros plan, de l’autre côté du grillage, l’œil du renard à l’affût. Le renard ouvre la porte et canarde. Miguel Gomez est déjà en chasse d’images, en recherche et nous prévient.
Il continue en filmant ce qu’il ne devrait pas : une scène de bal, quasiment la même que celle de Quand j’étais chanteur de Xavier Giannoli, mais en portugais. Sauf que les fusibles pètent les plombs et dans un noir presque total, ça discute ampérage.
Ou est-ce qu’on est ?
Question de production
On ne peut pas évoquer « Ce cher mois d’août » sans discuter de la production du film, plus généralement au cinéma. On ne peut ainsi cacher que la question sous-jacente à ce subtil mix entre fiction et documentaire, qu’elle soit consciente ou inconsciente, est le doute qu’entretient le réalisateur à l’égard des producteurs. Le film que veulent les producteurs c’est « Ce cher mois d’août » mielleux à la moralité bien-pensanteoù les acteurs surjouent. Il y a une scène de domino, l’équipe technique installe des dominos comme à Domino Day pour ce qui serait le premier plan du film. Le producteur entre, fait tomber les dominos avec la porte et efface comme ça, trois peut-être quatre heures de dur labeur. Il refuse par sa négligence les fantaisies du réalisateur, et ce sans discussion. Notre chance, et Miguel Gomez nous rappelle aussi qu’on est dans un film, c’est que le plan est filmé et montré. On le voit, c’est très beau. S’ensuit une explication verbale entre le producteur et le réalisateur. Le producteur ne comprend pas ce que le réalisateur fabrique car les images qu’il tourne ne sont pas celles du scénario qu’il doit suivre. En somme, la figure du producteur rejette la première partie du film et soutient la seconde. Au contraire, le spectateur de cinéma jubile devant la première, distingue en travers d’une porte les bénéfices que les repérages apportent au faux film bien qu’il s’ennuie lamentablement devant les résultats du supposé vrai film « Ce cher mois d’août ».
Florent Boucheron.
Film de Miguel Gomez, sortie le 17 juin 2009
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