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Cannes en direct – Russell Crowe

12 mai 2010
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Russell en “live”

 

Il est arrivé en chantonnant, carrément, sur cette estrade en forme de podium. “Cool”, ostensiblement. Le costume sans la cravate ; le sourire et la mèche décoiffée : pas tout à fait les mains dans les poches quand même, juste le look “casual”, façon “week-end urbain entre copains du gratin”. Face à lui, une nuée – non, une horde plutôt – de journalistes, cameramen, photographes, congestionnés dans la salle décidément trop petite des conférences de presse du Festival. Et ça crie, à l’envi : “Russell, Russell !”. Il est 12h30 ce 12 mai. Les flashs crépitent à l’intérieur du palais, le soleil brille gentiment à l’extérieur. Let’s go : on y est !

 

Il a plongé, alors, son regard malicieux dans cette foule de “professionnels de la profession”, pas forcément très concerné par le remue-ménage alentour. A croire qu’il arrive directement de son loft avec vue sur mer… à Sydney. Crocodile dundee amusé ou gentleman sincère et confirmé : qui sait ? C’est avec moult révérence, pour finir, qu’il a accueilli une Cate Blanchett vêtue, elle, d’un camaïeu de roses assez étrange, option “je suis la demoiselle d’honneur de la mariée, donc je me suis un peu gourée”. Flashs, photos, questions-réponses (exclusivement en anglais) : dès lors, le bougre s’amusera tout le long de cet exercice obligé avec les accents (australien, sud-africain, américain, anglais). Et les degrés d’humour et de compréhension. Bien joué !

 

“Robin est très préoccupé par les souffrances inutiles de l’homme et c’est une pensée universelle”. “Ce qu’il y a de curieux avec ce personnage, c’est qu’il y a du Robin en chacun de nous. On espère tous, quand les choses vont mal, que quelqu’un se lève…”. “Au cœur de Robin des Bois se trouve la déception, la manipulation”. “Quoi que l’on sache sur Robin des Bois, c’est une erreur”…. “Il y a au moins une vérité historique dans ce film : Richard Cœur de Lion a été tué par un cuisinier français !”… Pas dupe, pas idiot, sans doute très très nerveux aussi, mais soucieux de ne jamais le montrer : “good guy, good work” ! Car mine de rien, Russell Crowe, star australo-néo-zélandaise en goguette, acteur viril et un peu plus complexe que ça, a tout simplement ouvert le bal (des vanités) ce mercredi sur la Croisette.

 

Rien de surprenant : le “Robin des Bois” de Ridley Scott (absent pour cause d’opération au genou, même les grands cinéastes ont des petits malheurs), qu’il a d’ailleurs co-produit, a permis, dans la foulée, vers 19h, d’inaugurer le tapis rouge des fameuses marches du palais des Festivals. Une première à tout point de vue. “Oui, c’est sûr, Cannes est un festival important pour lancer un film, puisque les yeux du monde entier sont rivés sur cette manifestation”, soulignait, à ses côtés, le producteur Brian Grazer. La formule, sobre, a le mérite d’être claire. Entre business et talent, ce long métrage (épique et d’époque) et cette journée (paillettes et débonnaire) synthétisent assez bien, au fond, l’esprit cannois.

 

Tim in love

 

Et ce n’est pas Tim Burton, le président du jury 2010, qui contredira cette oscillation permanente, ce balancier délicat, ce cocktail souvent copié, jamais égalé entre art (étincelant) et commerce (fructueux). Succédant au massif et matois Russell, le réalisateur-auteur acclamé d'”Edward aux mains d’argent” et d'”Alice au pays des merveilles” a certes confessé à la presse, derrière ses grosses lunettes bleutées de timide, sa “difficulté à se faire appeler juré“. D’autant plus qu’à une époque, pour son film “Ed Wood”, il fut lui-même en compétition au Festival… Pour autant, c’est peu dire que ce garçon a priori décalé, ce créateur obsédé par  les mondes alternatifs et merveilleux, est “content d’être heureux d’être là” !

 

Je suis très excité à l’idée de débattre de tous ces films avec un groupe aussi éclectique”, assurait-il encore, aux côtés de ses jurés assez mutiques (l’admiration réciproque, sans doute). “Nous nous sommes rencontrés pour la première fois mardi soir, et nous nous sommes mis d’accord sur le fait que nous voulions ressentir chacun de ces 19 longs métrages, plutôt que de les juger“. Hum… Mouais, mais encore ? “Il y a de la place pour tous les styles. Bien sûr, moi, mon univers, c’est plutôt celui de l’imaginaire. Mais je suis très honoré d’avoir été choisi. Car ce qui est bien, c’est que je vais pouvoir voir des films qui ne relèvent pas forcément de mon univers…”. Pense-t-il au Français Mathieu Amalric ou au Chinois Wang Xiaoshuai qui, tous deux, seront en compétition ce jeudi ? Sûr que pour l’un comme pour l’autre on sera à des miles – des milliers de miles, même – de “Charlie et la chocolaterie” ! “Depuis le début du cinéma, ce qui compte, c’est de toucher des gens“, affirmait pour finir l’ami Tim. Farouchement “in love with Cannes”… à défaut de pouvoir citer la moindre Palme d’or qui l’ait marqué… Rien de grave : Cannes étant de toute façon une planète à part, ce grand artiste lunaire y a toute sa place…

 

Ariane Allard

  

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