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Cannes 2018, jour 1 : les portes du Farhadi

Pour la dixième année consécutive, Lucile Bellan sera à Cannes pour y couvrir l’intégralité du festival, de la compétition pour la Palme d’Or jusqu’aux sélections parallèles, en passant par tous les à-côtés de l’événement. Cette fois, c’est parti, avec la cérémonie d’ouverture puis la projection du premier film signé Asghar Farhadi…

Ça ressemble à un faux départ. Une journée presque entière à errer dans la ville l’accréditation en main en attendant de voir un film. Le temps est devenu un peu gris, les journalistes sont désœuvrés. Beaucoup sont arrivés la fleur au fusil par habitude la veille ou le matin même et d’heure en heure d’inactivité, leur motivation s’effrite. La raison est simple : les bouleversements d’emploi du temps obligent cette fois tous à découvrir les films à 19h, plus de passe-droit pour la presse, réprimandée par Thierry Frémaux pour avoir été parfois véhémente voire assassine. On attend donc.

J’enregistre, en compagnie de mes camarades du podcast NoCiné un panorama de cette édition du festival dans la splendide villa Malmaison qui abrite les bureaux de la Quinzaine des Réalisateurs et de l’Acid. Et vient enfin l’heure tant attendue de la première queue. Oui, on attendait pour attendre. Et sentir, au fur et à mesure que les minutes s’égrènent, l’adrénaline de ne savoir qu’au dernier instant si on montera ou pas dans la salle pour la première séance.

Car tout est affaire de couleurs et de priorités à Cannes. Plus ou moins au milieu de la chaîne, les heures d’attente ne me permettent pas toujours de poser mon postérieur sur le velours des fauteuils. Ça fait partie du jeu. Et ça donne encore plus de valeur à ce moment magique où retentissent les notes du Carnaval des animaux.

Cette fois, c’est Asghar Farhadi qui ouvrait le festival avec son film entièrement en espagnol, Todos lo saben (Everybody knows). Le couple de stars Javier Bardem et Penélope Cruz assurait à cette soirée de gala son lot de paillettes, et même si le cinéaste délivre ici son œuvre la moins subtile, les acteurs y excellent. À l’écran, pourtant, hors de leur aura, ni réel suspense, ni subtilité, ni émotion. Mais je vous invite à vous faire votre propre opinion en salle, puisque le film est sorti ce jour sur tous les écrans de France.

Voilà, c’est ce qu’on attendait. Les débats enflammés dans la foule qui sort de la salle, les rires moqueurs en plein milieu du film et les applaudissements à la fin, les petites phrases, les « on va dîner maintenant ? ». C’est le début de 10 jours de folie, de cinéma et de passion qui, si elle n’est pas toujours sur les écrans, est toujours dans les cœurs. Moi aussi, après Cate Blanchett et Martin Scorsese, je déclare cette édition du Festival de Cannes enfin ouverte.

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