Cannes 2015 : jour 4 (grands noms et révélations)
68e Festival de Cannes Du 13 au 24 mai 2015 |
Le dimanche 17 mai 2015
Le Festival de Cannes bat son plein sous un soleil écrasant. Lucile, notre envoyée spéciale, enchaîne les projections avec bonheur et appétit. Tout ceci est follement communicatif et donne envie de découvrir les films… Le week-end est toujours un moment particulier pendant le Festival de Cannes. La foule des badauds est plus compacte (beaucoup plus) et rend très périlleuse la circulation autour du Palais. On prend bizarrement plus le temps de profiter du soleil (très généreux, cette année). Et puis on prend la mesure du temps passé à Cannes, c’est déjà la moitié de l’aventure. Les jours précédents ont des airs de tour de chauffe. C’est une petite musique entêtante, enivrante. Une valse des corps, un collé-serré qui prend parfois des airs de lutte. Et puis il y a le cinéma. En fait, il n’y a définitivement plus que ça. Et puisqu’il n’y a plus que ça, parlons-en du cinéma. 8 séances en 2 jours, belle moyenne avec les longues files d’attente du week-end. Aucun refoulage, une performance honorable. Mia Madre, le dernier film du réalisateur italien Nanni Moretti, est une réflexion sur la fin de vie, la fin des choses. John Turturro y est lumineux. Mais le recours aux ressorts comiques systématiques, et qui ne dépendent que d’un seul personnage, et l’angélisme du personnage interprété par le réalisateur lui-même rendent ce film un peu artificiel et gâchent l’émotion suscitée par le sujet. Nahid est un film iranien réalisé par une femme et présenté dans le cadre de la sélection Un Certain regard. C’est le portrait d’une femme séparée de son mari qui se bat au quotidien pour subvenir aux besoins de son fils. Alors qu’elle envisage de se remarier, elle est tiraillée entre son amour pour l’homme et la nécessité de conserver la garde de son fils. La force de Nahid est de raconter l’histoire d’une femme sans forcément la rendre sympathique ou touchante. Il faut ajouter à ça la beauté des plans extérieurs et l’interprétation impeccable du casting, faisant de Nahid un véritable coup de cœur de cette sélection. Maryland est un film d’Alice Winocour (Augustine) présenté en sélection Un Certain regard. Thriller aux contours incertains (parfois fantastique, parfois hyperréaliste), le film est haletant, passionnant et éprouvant pour le spectateur. Il s’inscrit dans cette nouvelle vague de cinéma français qui se joue des codes et combine utilisation d’acteurs de talent à une maîtrise technique à couper le souffle. Carol, présenté en compétition officielle, est un film de Todd Haynes avec Rooney Mara et Cate Blanchett sur une relation lesbienne dans le New York des années 50. Todd Haynes est un habitué des films se passant à cette époque (Loin du paradis, Mildred Pierce) et sa sensibilité et sa délicatesse ne sont plus à démontrer. Carol est de ces œuvres intemporelles sublimes qui donnent à réfléchir sur les injustices de notre époque. Pas un film sur papier glacé, mais une certaine idée du chic. Là où le visuel vient complimenter des interprétations fortes. Brillant et essentiel. Cette journée de samedi s’est clôturée par une incursion à la Villa Schweppes, qui, après avoir été une plage puis un bateau, est cette année un rooftop. Complètement tendance et bondé, le lieu est idéal pour s’oublier dans la musique. Comme si la journée n’avait pas déjà eu son lot de frictions, de corps compressés et malmenés. Pendant dix jours, jour et nuit, on en redemande. Rendez-vous demain pour la suite, avec Mon Roi, Zvizdan, Kishibe no tabi et Louder than bombs. Lucile Bellan [Image 2015 © Ad Vitam] |
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