Cannes 2017, jour 7 : descendre la pente
70ème festival de Cannes du 17 au 28 mai 2017 |
compte-rendu du mardi 23 mai Opérant un basculement vers la fin du festival, notre envoyée spéciale reprend du poil de la bête… et se trouve un favori pour la Palme d’Or. Jour 7, chaque jour suivant à Cannes est donc le dernier pour cette édition. Il n’y aura pas ici de mardi suivant, de mercredi suivant, de jeudi suivant… Le festival se clôt dimanche soir et les deux derniers jours auront un rythme beaucoup moins soutenu. Déjà, on embrasse les collègues qui repartent vers Paris, on arrive plus tard dans les salles moins prises d’assaut (une très bonne nouvelle quand la première projection est à 8h30 et qu’il fallait se présenter aux portiques de sécurité autour de 7h30 en début de festival). C’est le début de la fin : les cernes sont bien installées, l’ambiance colonie de vacances est à son paroxysme. Si j’avais le mal du pays il y a quelques jours, je me laisse tranquillement envahir par une douce nostalgie. Parce que j’ai décidé de rester deux heures de plus au lit, je rate le film de Naomi Kawase, Vers la lumière, en compétition officielle. Mauvaise pioche, dès la sortie de la salle, des journalistes annoncent une palme potentielle. Je décide de bousculer mon emploi du temps pour me rendre dans une séance de rattrapage plus tard dans la journée. Je commence donc par me rendre en salle Debussy pour Jeune femme, premier film français de Léonor Serraille en sélection Un certain regard. J’ai mis un point d’honneur cette année à voir les films de réalisatrices et je ne le regrette pas. Léonor Serraille en présentant son film aura d’ailleurs des mots qui résonneront particulièrement : « C’est vrai qu’il y a beaucoup de femmes qui ont travaillé sur ce film. J’espère que bientôt, on ne le dira plus parce que ce sera normal ». J’aurais aimé pour ma part être plus enthousiaste pour Jeune femme mais le film est porté par une énergie joyeuse et contagieuse et l’actrice Laetitia Dosch y trouve un espace parfait pour sa folie. Première séance dans la salle du soixantième (dont la particularité est d’avoir vu son toit s’effondrer une édition intensément pluvieuse du festival) pour rattraper Vers la lumière de Naomi Kawase. Et je n’ai pas regretté mon choix. Naomi Kawase touche à sorte de quintessence de son cinéma, en intégrant une réelle narration aux thèmes qui lui sont chers : la vieillesse des parents, la maladie, la connexion avec la nature et en particulier les forêts). Le résultat est délicat, doux et solaire. Elle est en effet, pour l’instant, une de mes favorites pour la Palme. Rodin, de Jacques Doillon, en compétition officielle est présenté en fin de journée. Petit frère pauvre du Camille Claudel de Nuytten, Rodin est un biopic sans âme ni intensité avec des acteurs ayant des problèmes d’élocution dès que le ton monte. Un journaliste espagnol aura ce cri du coeur au commencement du générique de fin en hurlant « Film de vieux ! ». Parfaite conclusion à cette séance. Un ami avait tenté de me prévenir : « ne va pas voir Après la guerre », film franco-italien d’Annarita Zambrano en sélection Un Certain Regard. L’envie de cinéma avait été plus forte et je m’y suis tout de même rendue. Pendant 1h20 je me suis dit que mon ami avait été un peu dur, que même si le film ne traitait pas vraiment ce qui nous intéressait (l’extradition des criminels révolutionnaires italiens par la France en 2002), il n’était pas si désagréable. Il y a des chatons, Jean-Marc Barr est passé faire coucou, bon… et puis la réalisatrice clôt son film sur une fin sans courage ni vision, abruptement, sous la forme d’une justice du hasard. Par cette unique scène, elle détruit tout ce qui avait été amorcé et qui éveillait la curiosité. Mon ami avait raison, je suis indignée et surtout déçue. On s’était dit toute la journée « on ne sort pas assez, allez on fait la fête ce soir ! » et puis en quelques SMS c’est réglé, tout le monde a trop de travail et puis après, plus l’envie. Je rentre écrire un peu avant qu’on me propose d’aller boire du rosé dans un appartement de journalistes. Ça a peu parlé de cinéma parce que ceux-ci sont plus coutumiers des tapis rouges et des stars que de l’émergence du cinéma slovaque, mais la table s’est vite remplie de bouteilles vides et je me suis couchée, légère, vers 4 heures du matin… signe d’une soirée réussie.
Lucile Bellan A découvrir sur Artistik Rezo : [Image 2017 © Haut et Court] |
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