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“Bonhomme” : Marion Vernoux, l’amour, etc.

Lucile Bellan 5 août 2018
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Voilà près de 25 ans que Marion Vernoux réalise des films tous plus sensibles, caustiques, poignants les uns que les autres. Avec Bonhomme, la réalisatrice ajoute une pierre à son si joli édifice. L’occasion de se retourner sur ses œuvres les plus marquantes.

Après un premier long métrage réalisé en 1994 (Personne ne m’aime, avec Bernadette Lafont et Bulle Ogier), Marion Vernoux est réellement entrée dans la cour des grands et des grandes avec son deuxième film, Love, etc. Dans cette adaptation d’un roman de Julian Barnes, elle mettait en scène un triangle amoureux composé de Charlotte Gainsbourg, Yvan Attal et Charles Berling. Ou comment une femme mariée et heureuse avec un homme va peu à peu basculer et tomber sous le charme du second. L’histoire pourrait sembler banale si elle n’était contée avec un mélange de poésie et de férocité absolument inouï. Impossible d’oublier cette scène de dispute à table sur fond de Leonard Cohen (Take this waltz). Entre autres.

Marion Vernoux a ensuite réalisé Rien à faire, sur la rencontre entre un chômeur longue durée (Patrick Dell’Isola) et une femme mariée, sans emploi depuis peu (Valeria Bruni Tedeschi). Une nouvelle réussite, que suivra le film choral Reines d’un jour, avec notamment Karin Viard, Sergi Lopez, Victor Lanoux, Jane Birkin, Hélène Fillières… Son film suivant, À boire, recevra quant à lui un accueil critique d’une rare dureté. Pourtant, ce portrait déjanté et plus qu’alcoolisé de trois âmes perdues dans une station de haute montagne (Édouard Baer, Atmen Kelif, Emmanuelle Béart) est une véritable réussite, aussi jouissive que dépressive.

Échec critique et public, le film semble marquer une pause dans la carrière de la réalisatrice, dont le long métrage suivant ne sortira que 10 ans après. Nous sommes en 2013 et Marion Vernoux présente Les Beaux jours, dans lequel Fanny Ardant incarnait une jeune retraitée tentant de chercher quelle inflexion donner à son existence. L’accueil est très positif et le public au rendez-vous. L’appétit semble revenu : elle réalise ensuite Et ta sœur, remake de Ma Meilleure amie, sa sœur et moi de Lynn Shelton. Géraldine Nakache, Virginie Efira et Grégoire Ludig y remplaçaient Rosemarie DeWitt, Emily Blunt et Mark Duplass. Encore une histoire de trio dans lequel les sentiments venaient prendre une place insoupçonnée, le tout à huis clos.

En 2018, revoici la réalisatrice à la tête de Bonhomme, qui témoigne de sa vigueur sans cesse renouvelée. Elle y décrit le quotidien d’un couple dont l’homme, suite à un accident de voiture, subit un traumatisme crânien qui va changer sa façon d’appréhender la vie et de se comporter. Ana Girardot et Nicolas Duvauchelle, deux interprètes d’une qualité exceptionnelle, viennent lui prêter main-forte. Les acteurs et actrices livrent toujours des prestations prodigieuses chez Vernoux, car elle semble aimer profondément ce qu’il y a en chacun de nous. On souhaite qu’elle puisse encore réaliser de très nombreux films.

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