Ben Girerd : “Apprendre à être vrai et authentique en tant qu’acteur”
Discussion avec le jeune acteur et comédien, Ben Girerd, qui nous raconte les coulisses de l’Actors Factory à Paris.
C’est quoi l’Actors Factory ?
C’est une maison d’artiste, studio d’acteur et lieu de production. Il y a une formation continue qui est donnée sur deux ans, encadrée par Tiffany Stern où l’on apprend justement la méthode Stern.
En quoi consiste cette méthode ?
C’est une méthode qui est basée sur les écrits de Constantin Stanislavski et qui regroupe plusieurs méthodes réadaptées par Tiffany Stern, qui est américaine. Le but est d’enlever la notion de “jeu” et de vivre ce qu’il se passe dans ta scène, dans tes circonstances imaginaires. Tu apprends donc à être vrai et authentique en tant qu’acteur.
La méthode est composée de différents exercices, dont un en particulier, qu’on appelle le “voyage”. Il est composé de deux personnes assises l’une en face de l’autre et doivent répéter des observations sur l’autre. Ça va emmener les participants dans différentes situations où ils vont vivre des étapes et émotions très variées. En gros c’est le fait d’être disponible pour l’autre et d’être là dans le moment présent en parlant de soi qui amène à des mises en situations parfois extrêmes. Tu peux développer plein d’émotions dans ces voyages ; tu peux te sentir en sécurité comme pas du tout, il n’y a pas de limite dans cet exercice.
C’est quoi ton parcours avant l’Actors Factory ?
Alors j’ai fait du théâtre quand j’étais au lycée à Toulon, dans l’atelier “Les petits bouts de chemins” dirigé par Emilie Guilloux Suzzoni. C’est là où j’ai démarré dans le théâtre. Ensuite j’ai mis ça de côté pour commencer une école d’infirmier, mais je me suis rendu compte que ce que je voulais faire c’était être acteur, et qu’il fallait que je me lance dans les démarches pour le devenir ! J’ai alors commencé à auditionner dans les écoles supérieures d’art dramatiques, c’était la première fois que je sortais de mon groupe de théâtre pour aller me confronter au monde réel. Ce qui a été un échec total (rires), puisque je n’ai pas du tout été pris.
Ensuite, j’allais pendant une semaine à Londres, et je me suis dit “Pourquoi ne pas tenter les auditions dans les écoles londoniennes ?”. Ce que j’ai fait et j’ai été rappelé par la YATI (Young Actor Theater Islington), qui est une école préparatoire professionnelle de théâtre dans laquelle j’ai intégré un cours préparatoire d’un an. On travaillait différentes méthodes : de la corporalité, du combat, de la danse, du chant, du texte classique et contemporain avec des représentations… etc.
Tu as commencé ta formation d’acteur à l’étranger, c’est quoi les différences entre l’Angleterre et la France en termes de formation d’acteur ?
A Londres c’était une culture étrangère pour moi, ce qui a été très difficile au début puisqu’il fallait que je m’acclimate à la langue et aux différences culturelles. Donc ce n’est que mon avis personnel, mais je trouve qu’on on était un peu “lâchés” ; il y avait parfois des blocages qu’on ne pouvait pas explorer. Aussi, les retours n’étaient pas toujours constructifs. A la différence, au sein de la Facto (Actors Factory) on a Tiffany qui est notre coach d’acting (et de vie), avec l’aide de toute l’équipe des jeunes coachs, elle nous conseille constamment quand on a besoin d’elle, et nous donne tous les feedbacks nécessaires pour y arriver. On est aussi toujours sur scène, ou du moins toujours actifs ; que ce soit dans le jeu ou dans l’observation. On nous apprend à écouter et à réagir face à l’autre. Chose qui n’était pas toujours le cas dans la méthode londonienne. Dans ma formation actuelle, tous les retours ont pour but de s’améliorer et de développer son plein potentiel pour devenir la meilleure personne et le meilleur acteur possible. Ça passe par beaucoup de remises en question et de processus de “déblocage”. Pour revenir à ta question, je pense que Paris est quand même un tremplin pour n’importe quel professionnel du cinéma.
La facto ça te permet d’avoir accès à des tournages ?
A la Facto, on a des trainings une fois par semaine, une formation continue sur deux ans, et un groupe studio. Tu peux accéder au groupe studio à l’issue de tes deux années de formation et donc tourner des bandes démo, courts métrages, etc. Tous ceux qui sont en formation participent quand même aux tournages en tant que figurant, scripte, perchman, HMC (maquilleur). Tout le bâtiment de la Facto est mis à disposition pour des projets, pour chiller, pour travailler. En étant à la facto, il y a une obligation d’avoir un espace pro en ligne avec tes références et de passer un maximum de castings. Il y a vraiment une dimension professionnalisante dans la formation.
Tu as des projets récents ou en cours ?
Mon premier tournage était en février dernier, pour le Nikon Film Festival qui récompense annuellement des courts métrages. Cette année c’était le thème du jeu, où j’avais le rôle principal dans “Rien ne va plus“ réalisé par Ruben Smadja et Alexis Du Manoir. Je jouais le rôle d’un jeune de 16 ans accro aux jeux d’argent. C’était un travail incroyable, avec une équipe super motivée et de supers décors !
Ensuite j’ai eu un projet en rôle principal qui devait se dérouler en avril mais j’ai attrapé le Covid et je n’ai pas pu avoir le rôle. Avant ça j’ai tourné un petit rôle pour une série Amazon Prime. J’ai terminé ma convalescence et j’ai tourné à Nantes pour un autre court métrage, la semaine d’après en Normandie pour un rôle principal. En juin j’ai travaillé avec un réalisateur diplômé de l’ESRA : Haichuan Xu, qui travaille à Paris et à New-York. Il y a aussi un projet sur lequel je travaille depuis quelques mois, un rôle principal dans le court métrage “A vélo” qui est tourné en juin et juillet entre Paris et le Loir-et-Cher. Pour terminer, j’ai un second rôle pour un court métrage fin juillet. J’ai aussi quelques projets d’écritures, mais ce n’est encore rien de réel.
Quelles ont été les difficultés de ton parcours d’acteur ?
D’avancer constamment dans l’inconnu. Tu es toujours plein de doutes et tu ne sais jamais où tu vas et si ça va marcher. Il faut se raccrocher à ce qui te motive : le fait de vouloir jouer et d’être passionné. Aussi le fait de vouloir raconter quelque chose et de toucher les gens. Le métier d’acteur c’est difficile parce que le monde du cinéma est assez cruel. Tu es constamment jugé puisque ton outils de travail c’est ton corps et tu ne peux pas le changer. C’est donc difficile de ne pas se dévaloriser. Le spectateur ne se rend pas toujours compte du travail derrière la caméra, c’est un travail exigeant autant sur le plan physique que moral. On passe des centaines de castings pour avoir une ou deux réponses positives. Il faut s’accrocher.
Que conseillerais-tu à un étudiant qui veut se lancer en tant qu’acteur ?
Si j’ai un conseil à donner, c’est d’être vraiment sûr d’y trouver une vocation. D’après moi, c’est un métier de passion, c’est donc difficile et il faut travailler énormément. Il faut être audacieux, se montrer, être volontaire.
Tiffany Stern nous dit souvent : “Pour être un acteur fort, il faut être une personne forte” et je pense que c’est vrai. Il faut se protéger pour pouvoir encaisser et utiliser ce que tu vis pour le mettre dans ta carrière.
Suivez l’évolution de Ben Girerd sur Instagram et découvrez ici sa prestation dans “Rien ne va plus”.
Propos recueillis par Ana Bellono
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