0 Shares 1435 Views

Baaria – Giuseppe Tornatore

15 juin 2010
1435 Vues
baahia

 

L’histoire de l’Italie du XXe siècle pour Giuseppe Tornatore, c’est une entreprise de contrefaçon gonflée aux dollars et aux images décaties d’un certain cinéma populaire. A l’instar de Baaria, petite ville de Sicile qui donne son nom au titre, et dont la reconstruction ad hoc dans un décor de simili Cinecitta confine plus à l’artifice touristique qu’à l’authenticité revendiquée. Un décor réduit à une avenue centrale délimitée par une église et une vieille villa bourgeoise, dont quelques plans aériens hasardeux trahissent le manque de perspective. C’est ici donc, que Giuseppe Tornatore compose sa grande saga familiale étendue sur trois générations des années 30 à aujourd’hui. Le film déroule ainsi les souvenirs légèrement romancés du réalisateur, de son enfance solaire aux premiers émois militants.


Dans son déjà surestimé Cinéma Paradisio, Giuseppe Tornatore avait au moins l’humilité de circonscrire l’expérience autobiographique à ses souvenirs cinéphiliques. Mais il s’agit ici d’habiller le retour sur soi d’un prétexte supérieur ; quelque chose d’un dialogue entre une narration classique (une chronique familiale) et des prétentions lyriques (une fresque historique). Le même dispositif qu’avait employé Marco Bellocchio dans le formidable Vincere, auscultant les mécanismes du fascisme dans l’intimité amoureuse du Duce. Mais il manque ce souffle à Baaria, dont la progression didactique annihile tous les enjeux (intimes et nationaux, donc).


Un peu victime de son ambition, le film balaye cinquante ans d’histoire dans un montage épileptique réduisant chaque période clé à un simple argument de serial. En attendant la résolution de sa fresque maousse dans un twist charriant le final de The Village, on passera sans transition du fascisme (en tout deux arrestations orchestrées par des carabinieri grotesques) aux balbutiements euphoriques du communisme. Et l’on n’oubliera pas la violente saillie contre les réseaux mafieux responsables du développement anarchique de l’urbanisme en Sicile.


Bref, un petit précis d’Histoire de l’Italie emballé avec l’âme d’un faussaire.


Romain Blondeau



Baaria – Giuseppe Tornatore

Réalisé par Giuseppe Tornatore
Avec Francesco Scianna, Margareth Madé, Nicole Grimaudo


{dmotion}xdg12k{/dmotion}


Sortie le 16 juin 2010

 

Articles liés

Découvrez le seul-en-scène “Florence 1990” à La Petite Croisée des Chemins
Agenda
50 vues

Découvrez le seul-en-scène “Florence 1990” à La Petite Croisée des Chemins

18 novembre 1990. Florence Arthaud arrive dans le port de Pointe-à-Pitre à la barre de son trimaran et remporte la Route du Rhum, première femme à s’imposer dans une course en solitaire. Adolescent, je suis alors fasciné par cette...

Bananagun dévoile leur nouveau single “With the Night” extrait de leur nouvel album à paraître
Agenda
53 vues

Bananagun dévoile leur nouveau single “With the Night” extrait de leur nouvel album à paraître

Bananagun, originaire de Melbourne, partage “With the Night”, extrait de leur deuxième album “Why is the Colour of the Sky ?”, dont la sortie est prévue le 8 novembre via Full Time Hobby. Ce single au piano reflète le...

“Nadia Léger. Une femme d’avant-garde” au Musée Maillol : une exposition à ne pas manquer !
Agenda
87 vues

“Nadia Léger. Une femme d’avant-garde” au Musée Maillol : une exposition à ne pas manquer !

Nadia Khodossievitch-Léger (1904-1982) a été une figure de l’art du XXe siècle. À travers plus de 150 œuvres, la rétrospective Nadia Léger. Une femme d’avant-garde retrace le parcours largement méconnu de cette femme d’exception, tout à la fois peintre prolifique, éditrice...