Allez-y de notre part : L’Astragale

Le pitch. Une nuit d’avril 1957. Albertine, 19 ans, saute du mur de la prison où elle purge une peine pour hold-up. Dans sa chute, elle se brise l’os du pied : l’astragale. Elle rampe jusqu’à la route et interpelle une voiture. Elle est secourue par Julien, repris de justice, qui l’emmène et la cache chez une amie à Paris. Pendant qu’il mène sa vie de malfrat à droite à gauche en province, elle réapprend à marcher dans la capitale. Julien est arrêté et emprisonné.  Seule et recherchée par la police, elle se prostitue pour survivre et, de planque en planque, de rencontre en rencontre, lutte au prix de toutes les audaces pour sa fragile liberté. Mais les souffrances physiques qu’elle endure ne sont rien à côté de ce que l’absence de Julien provoque dans sa chair…

Allez-y de notre part. Auteure des Mains libres en 2010, Brigitte Sy avait déjà séduit la critique et ému le public. L’actrice, vue récemment dans La guerre est déclarée ou encore Vie sauvage, baigne depuis toujours dans le cinéma, elle qui fut également la muse de Philippe Garrel durant de nombreuses années. Leus enfants Louis et Esther jouent d’ailleurs dans ce très beau film en noir et blanc qui réunit deux valeurs sûres du jeune cinéma français : Leïla Bekthi, qui semble gagner en grâce et en assurance à chaque film, et Reda Kateb, enfin sur le devant de la scène grâce à une formidable année 2014 marquée par un César du second rôle pour Hippocrate.

Déjà adapté en 1969 (c’était Marlène Jobert qui tenait le rôle), le roman d’Albertine Sarrazin (1965) était en partie autbiographique. Désireuse de respecter le matériau d’origine sans le dénaturer, Brigitte Sy appose sa patte féline et aérienne sur cette histoire de douleur et de manque, portée avec brio par un duo d’interprètes décidément magnétiques.

Lucile Bellan