Paterson, un film rock aussi passionné que désenchanté
Paterson De Jim Jarmusch Avec Adam Driver, Golshifteh Farahani, Kara Hayward Durée : 1h58 |
Sortie le 15 décembre 2016 Comme chaque semaine, la rédaction d’Artistik Rezo sélectionne pour vous LE film à ne pas rater. Cette semaine : Paterson, de Jim Jarmusch. Le pitch. Paterson vit à Paterson, New Jersey, cette ville des poètes, de William Carlos Williams à Allen Ginsberg, aujourd’hui en décrépitude. Chauffeur de bus d’une trentaine d’années, il mène une vie réglée aux côtés de Laura, qui multiplie projets et expériences avec enthousiasme et de Marvin, bouledogue anglais. Chaque jour, Paterson écrit des poèmes sur un carnet secret qui ne le quitte pas… Allez-y de notre part. La petite musique de Jim Jarmusch est toujours différente et pourtant reconnaissable entre mille. Après avoir exploré l’existence de deux vampires immortels (Tilda Swinton et Tom Hiddleston) dans Only lovers left alive, le cinéaste s’est choisi un nouveau personnage pour raconter l’ennui, la routine, les motifs qui apparaissent et réapparaissent de façon cyclique, l’absence de but qui rend les quêtes plus profondes. S’il a dernièrement eu tendance à se répéter un peu ou à aller trop loin (comme avec l’hyper conceptuel The limits of control), Jarmusch est toujours là, réalisateur poète parvenant à livrer des films rock même quand il n’y a pas de rock dedans.
Cette fois, c’est à un casting juvénile et d’une beauté à tomber que le metteur en scène, âgé de 63 ans, a fait appel. Qui d’autre qu’Adam Driver aurait pu incarner ce Paterson de façon aussi singulière ? Révélé par la série Girls, adoubé par le cinéma grâce à Hungry Hearts, devenu à jamais un héros de la pop culture grâce à son rôle de Kylo Ren dans le dernier Star Wars, Driver possède cette originalité physique, cette voix reconnaissable entre mille, ce rythme jamais vu, qui font de lui un personnage idéal à ajouter dans la déjà bien garnie galerie jarmuschienne. Le successeur de Bill Murray, c’est peut-être lui. Un être aussi passionné que désenchanté, capable d’émouvoir et de faire rire dans le même mouvement, de hurler de rage ou de se taire pendant des heures. Paterson, c’est lui à 1000%, et la présence de Golshifteh Farahani dans le premier rôle féminin ne fait que renforcer la douce beauté de ce joli retour en grâce de Jim Jarmusch.
Lucile Bellan [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=jVX27DzJ4C4[/embedyt] [Image 2016 © Le Pacte] |
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