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Alexandre Tornier : “Si quelque chose te plaît vraiment, fonce !”

Maryna Magnin 11 avril 2021
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@ Martin DCP

Rencontre avec un jeune chef opérateur aux multiples talents qui a osé suivre sa passion pour l’audiovisuel et en faire son métier. 

Est-ce que tu peux me parler de ton parcours universitaire ?

Après avoir choisi une filière ES au lycée, j’ai très vite compris que ça ne me plaisait pas. J’ai alors décidé de me rediriger vers un bac S. Arrivé à la fac, je suis d’abord parti en Histoire puis en Langues Modernes, mais dans les deux cursus, je m’ennuyais énormément. À ce moment là, un ami m’a conseillé de faire un DUT Science et Réseaux de communication, ce que j’ai fait, car il y avait des cours d’audiovisuel au programme.

C’est ce qui me plaisait depuis longtemps. Mon premier court-métrage, je l’ai réalisé en 3e. J’ai passé 2 mois, enfermé chez moi, à travailler. Je l’ai réalisé à partir d’un logiciel de montage nommé The Movie, qui te permet de créer des personnages et d’ajouter différentes voix. Puis de 14 à 20 ans, je n’ai rien fait. Mais pour être accepté au DUT Science et Réseaux de communication, il fallait que je réalise un court-métrage. Ça m’a motivé à me replonger là-dedans. Après ce DUT de 2 ans, j’ai enchaîné sur une licence pro TAIC (Technique et activités de l’image et du son). Je ne suis pas un grand amoureux des études alors, après cette licence pro, je me suis lancé. J’ai beaucoup testé et j’ai assisté à différents tournages.

Est-ce que tu as toujours voulu faire ce métier ?

Au début, je n’avais pas ce métier précis en tête, mais j’ai toujours aimé l’audiovisuel. Réaliser un court-métrage à 14 ans m’a fait plaisir. Plus jeune, je me voyais réalisateur, mais j’avais peur de ne pas trouver de boulot. Je voulais un vrai métier. Finalement, je n’ai rien fait en rapport avec mes études. Ce que je savais le mieux faire, c’était tenir une caméra alors j’ai décidé de travailler dans le milieu technique. 

Comment cela s’est passé quand tu as commencé à travailler ?

Dans ce milieu, la chance est importante ! (Rires)
Quand je suis revenu sur Lyon, j’ai fait beaucoup de tournages bénévoles pour gagner en expérience. Je trouvais les offres sur Facebook ou sur des Newsletters. Des potes me contactaient parfois pour que je les remplace lors de tournages. C’est comme ça que je me suis fait peu à peu connaître : tu remplaces un pote, le réalisateur aime ton travail alors il te rappelle pour d’autres projets. Puis j’ai fait le teaser d’un festival nommé “Les 48 heures sous l’eau”. Au fil des contacts, j’ai rencontré des gens dans le milieu dans lequel je voulais bosser. 

Qu’est-ce que tu aimes dans ce travail ?

Je travaille actuellement sur des petites productions avec des amis et c’est ça que j’aime surtout. Quand j’avais 20 ans et que j’avais fait mon court-métrage, je me suis rendu compte à quel point j’adorais travailler et créer des choses avec mes amis. J’aime aussi le fait que les horaires soient hypers irréguliers. Je ne travaille pas tous les jours. Les jours où je ne travaille pas, j’ai du temps pour moi et mes projets personnels. Contrairement aux grosses productions, je peux gérer les jours où je travaille. J’adore aussi regarder des images et les concevoir en avance. 

@Louis Richalet

Qu’est-ce qu’un Chef opérateur ou Directeur de la photographie ?

C’est la personne qui gère l’image d’un projet, qui la conçoit et la gère de bout en bout pour qu’elle corresponde à ce qui est voulu à la base. En pré-production, le chef opérateur discute avec le réalisateur pour comprendre ce qu’il veut raconter et lui apporte son expertise concernant l’image, la stabilisation de la caméra… etc. Ce professionnel doit aussi savoir amener sa vision du projet. Ce n’est pas un simple exécutant. Après le tournage, en post-production, lui et son équipe attaquent l’étalonnage (contraste, saturation, couleurs) pour que tout soit conforme. Il a en ce sens une grande responsabilité. C’est lui aussi qui, en amont, se demande quel matériel il faut louer et quelles personnes recruter.

Et les difficultés ?

J’aime me déplacer souvent, mais pour certains, ça peut être dure. La grande difficulté c’est que le travail n’est pas facile à trouver lorsque l’on débute. Il faut avoir une bonne dose de chance et beaucoup de contacts. Une fois que l’on a un réseau, il est possible de très bien gagner sa vie. Comme je débute dans le métier, j’ai souvent la pression, car je dois faire mes 507 heures. À mes débuts, je pensais avoir une liberté quant au choix des projets puis, je me suis rendu compte qu’il faut accepter de faire un peu de tout, car il faut remplir la barre des heures.

Tu es aussi chef électro, électro et 1er assistant caméra…Quelles sont les différences avec le métier de chef opérateur ?

Je suis un jeune chef opérateur. Je ne suis pas encore suffisamment connu alors je fais aussi d’autres jobs à côté de ça. Parfois, dans des projets, il faut recruter un électro ou un assistant cam. Quand tu es intermittent, tu n’es pas rattaché à un seul travail. Tu peux faire plusieurs choses différentes. Tous ces métiers se répondent entre eux et travaillent ensemble. Les passerelles existent. Ce qui est bien quand je suis assistant, c’est que je peux observer comment d’autres chefs opérateurs travaillent. 

Quelles sont tes passions ?

J’adore la musique et le cinéma même si je m’y suis mis tard. J’écoute beaucoup de choses différentes. Pour mon métier, il faut avoir un gros bagage musical et culturel. Je suis un énorme geek ! (Rires) Je joue à plein de jeux vidéos différents. 

Comment devenir chef opérateur ?

Souvent, les chefs opérateurs étaient à la base des électriciens ou premiers assistants cam puis on leur a proposé d’être chef opérateur pour remplacer quelqu’un. Il n’y a pas de formation ou de cursus juste pour ce métier. Il y a surtout des études qui te forment à l’image. Tous les métiers là-dedans se répondent entre eux. 

@Sylvain Daulin

Les qualités à avoir ?

Il ne suffit pas de savoir faire de belles images, il faut avoir une vision : qu’est-ce que tu veux faire au niveau de l’image ? À quel résultat veux-tu arriver ? Qu’est-ce que tu veux raconter avec ton image…

Sur des tournages amateurs, tu ne te poses pas forcément ces questions alors qu’elles sont très importantes. Il faut être curieux et se tenir informé de toutes les nouvelles caméras et lumières. Il est important également d’acquérir de solides connaissances techniques et culturelles. Mais il faut aussi s’y connaître en cinéma, voir des films et avoir des références sur lesquelles tu peux t’appuyer. Prendre du temps pour tester. Ce qui est bien, c’est de discuter avec des réalisateurs. Enfin, il faut être compréhensif et avoir de l’empathie, car tu as une équipe à manager. 

Sur quels projets travailles-tu en ce moment ?

Je travaille sur des courts-métrages pour un organisme promouvant le dialogue entre syndicats et patronats, des films d’entreprise. J’ai aussi plusieurs projets de fiction. Le premier est dans 2 semaines. 

Et pour la suite ?

J’ai une captation d’orchestre à Malte en septembre, mais je n’en dis pas plus. 

Peux-tu donner quelques conseils à ceux qui souhaitent travailler dans l’audiovisuel ?

Si tu as une impulsion pour un job, ça vaut le coup d’essayer même s’il faut galérer. J’adore ce que je fais même si je ne suis pas toujours stable ! Cela implique beaucoup de choses. Il faut souvent faire du bénévolat pour se créer un réseau. Cela peut être difficile surtout que nous n’avons pas tous des parents qui peuvent nous soutenir moralement et financièrement. Bref, il ne faut pas écouter la conseillère du lycée qui te dit que tu ne trouveras pas de travail ! 

Propos recueillis par Maryna Magnin 

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