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Alexandre Castagnetti : « La musique est un autre personnage »

Céline Jollivet  26 mars 2020
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© Marc Carlot - Agenda BD

© Marc Carlot - Agenda BD

Puisant les sources de sa passion dans ses plus lointains souvenirs, Alexandre Castagnetti se fait connaître dès 2007. Rencontre avec ce réalisateur et compositeur qui entretient une relation forte entre musique et cinéma. 

Quel est votre parcours ?

Depuis que je suis tout petit, je veux faire du cinéma et de la musique. J’ai demandé un caméscope VHS compact en cadeau. J’ai commencé à faire des films et beaucoup de musique au conservatoire, ce qui me rendait déjà très heureux. À la sortie de l’École Nationale de Télécommunication, j’ai trouvé un job d’ingénieur, mais je voulais vivre ma passion. J’écrivais alors des scénarios avec un ami, Corentin Julius, et en même temps j’ai fondé un groupe avec Clément Marchand. 

C’est d’ailleurs avec lui que vous créez, en 2007, La Chanson du dimanche. Comment cette aventure a-t-elle commencé ? 

On composait des chansons pour un groupe musical (Beaubourg). Un jour, on a mis La Chanson du dimanche sur MySpace et comme j’ai mis, “À dimanche prochain”, plein d’internautes nous ont pris au mot. Nous ne l’avions pas prévu, mais nous nous sommes pris au jeu. Alors, de plus en plus de monde nous a suivis. On a compris qu’on avait peut-être inventé quelque chose de nouveau et on a continué de composer tous les week-ends, jusqu’à plus d’une centaine de chansons ! 

Que vous a apporté cette expérience ?

C’est ma plus belle expérience artistique parce qu’on était libre et qu’il n’y avait pas d’argent en jeu. Sauf qu’il faut bien gagner sa vie ! 

© La Chanson du Dimanche, par Making Prod

« La Chanson du Dimanche » © Making Prod

Votre parcours est particulier car vous êtes compositeur et réalisateur. 

Je ne peux pas m’en empêcher. En tant que réalisateur, j’ai pu faire appel à des compositeurs, mais c’était aussi très pratique avec Clément. Ce sont mes propositions personnelles que l’on retrouve sur la Colle, Tamara, Tamara Vol.2 ou encore l’Incruste.

Vous avez dit un jour : “La recherche du bon mot, c’est de la musique ; l’humour c’est du rythme”. Votre passé de chansonnier vous a-t-il aidé pour l’écriture des dialogues ? 

La musique et le cinéma sont liés depuis le début de mon parcours. D’ailleurs, les films qui m’ont donné envie de faire du cinéma sont des films avec de la musique très présente, comme ceux de Sergio Leone avec les musiques de Morricone, ou encore ceux de Spielberg avec John Williams. Aujourd’hui, je fais de la musique de films car cela me relie à mes émotions d’enfance. 

Que doit-on absolument prendre en compte pour composer la musique d’un film ? 

J’essaie de trouver la petite mélodie du film. Quand j’écris mes scénarios, je sais à quels moments la musique sera présente : je mets souvent des passages musicaux pour faire passer les époques ou exprimer un état d’âme durable. La musique est un autre personnage. J’utilise sa puissance pour amener quelque chose de nouveau dans la scène. 

© Alexandre Castagnetti, par Arnaud Borrel

© Arnaud Borrel

La musique est un autre personnage ! Dans ce cas-là, dialogue et musique ne peuvent pas cohabiter ? 

Si, car une scène est écrite de telle sorte qu’on comprenne l’émotion. On ne doit pas en ajouter avec de la musique. Au contraire, on peut mettre une musique qui contraste. En effet, la musique capte le cerveau : il ne faut pas l’amener n’importe comment. C’est pour cela que je suis fan des musiques chez Leone où il y a de longs passages, sans dialogue, avec de la musique. Ne parlons pas des films muets avec Chaplin où la musique parle pour les personnages ! 

Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui aimerait débuter dans ce milieu ? 

On fait les bonnes rencontres à force de pratique. Au bout d’un moment, on croise forcément des personnes qui vont dans la même direction que vous ou des gens plus vieux qui cherchent à travailler avec des jeunes. 

Vous avez été sur la scène du Trabendo le 22 février 2019 avec Clément Marchand, faisant ainsi revivre quelques instants La Chanson du dimanche. One shot ou envie de refaire du live ? 

C’était un one shot mais on va sûrement en refaire un autre cette année. C’est plus compliqué car on se voit un peu moins, à cause des obligations familiales. Être sur la route, c’est un truc de jeunes ! 

Quels sont vos projets pour 2020 ?

Je ne vais pas parler d’un projet en particulier, car j’ai peur que cela me porte la poisse (rires) ! La production est compliquée, peu de films sont rentables… Mais j’ai des projets de films musicaux et de séries. À suivre, donc ! 

Propos recueillis par Céline Jollivet 

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