8th Wonderland, Danger : Internet
Pur produit de l’époque, ce premier film placé sous le signe de l’anticipation paranoïaque spécule sur les dérives des réseaux communautaires type Facebook ou Second Life. En ligne de mire, le pouvoir d’Internet comme organisation politique alternative aux technocraties mondiales. C’est l’enjeu du 8th Wonderland, un forum créé par un webmaster mystérieux qui réunit tous les déçus des pays démocratiques en vue de créer un « état virtuel universel ». Vieux fantasme d’une gouvernance sans hiérarchie, ce forum-monde s’administre selon le principe du référendum continu et dans l’unique objectif « d’améliorer la face des choses ».
Bientôt la communauté s’active, aux débats théoriques succèdent les happenings militants : on installe des distributeurs de préservatifs au Vatican, on sabote un accord nucléaire passé entre la Russie et l’Iran. Dans ses premières minutes, le film procède selon la même énergie brouillonne, piratant l’actualité dans une récréation uchronique sans limites. La promesse d’une SF bricolo façon District 9, dopée par un montage dynamique et la multiplicité des points de vue adoptés par les réalisateurs Nicolas Alberny et Jean Mach.
Principe de Politique 2.0
Mais à l’image de son forum titre, le film est victime de ses ambitions, préférant le succédané de fresque politique à la pure logique de genre. Une structure schizophrène qui contamine la communauté du 8th Wonderland : après ses opérations clandestines, elle se constitue en organisation implacable dotée d’un gouvernement et d’une milice.
Passé ce revirement, le film souscrit à un académisme plombant, déroulant son architecture programmatique dans une sorte de Principe de politique 2.0. On notera donc que l’Etat utopique se mue en une organisation crypto fasciste ; que l’anarchisme light des débuts dérive en terrorisme et les petits prophètes numériques en autocrates narcissiques.
Avec ses gros sabots moralisateurs, 8th Wonderland anticipe un Internet comme excroissance malade de la démocratie et terrain des pires déviations totalitaristes. Hadopi approved.
Romain Blondeau
8th Wonderland
Réalisé par Nicolas Alberny et Jean Mach
Avec Matthew Géczy, Alain Azerot, Robert William Bradford
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Sortie le 12 mai 2010
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