Christian Dior
« On est impardonnable d’avoir fait ce qu’on n’aime pas, surtout si on réussit. »
Christian Dior naît en 1905. Son goût pour la mode et le vêtement n’est pas inné. Ses premiers dessins de mode ne sont réalisés qu’à l’âge de 30 ans, par nécessité de vivre de quelque chose : sa famille est ruinée après la crise de 1929 et il souffre de tuberculose. Mais son talent, révélé par Jean Ozenne qui l’initie à la gravure de mode, l’amène à laisser loin derrière lui ces sombres années : après avoir vendu quelques uns de ses croquis à Vogue, au Figaro Illustré ou à de grandes maisons de couture comme Nina Ricci ou Balenciaga, Dior devient modéliste chez Robert Piguet en 1938 puis chez Lucien Lelong en 1941.
Le succès que la maison Dior connaît aujourd’hui résulte toutefois d’une rencontre : celle de Dior avec le magnat du textile Marcel Boussac, qui lui finance sa maison de couture. L’année suivante, en 1947, Dior présente sa première collection, la ligne « Corolle » qu’il a réalisée en collaboration avec Pierre Cardin. C’est un triomphe auprès de la presse, qui découvre avec enthousiasme le « New Look » qui caractérise les créations de Dior : taille cintrée, courbes corsetées, poitrine et hanches arrondies, et jambes découvertes jusqu’à mi-mollet. Ses robes, Dior les construit comme un architecte, ou comme un sculpteur.
L’artiste Dior
Une profonde esthétique artistique est insufflée dans ses collections, mot qui fait d’ailleurs se rejoindre le monde de la mode et celui de l’art. Depuis son enfance, Dior est en effet attiré par l’univers artistique. « Je faisais clan avec les camarades épris de peinture, de toutes les manifestations de l’art nouveau » explique-t-il alors qu’il prépare son baccalauréat. Dior veut être architecte, il souhaite étudier aux Beaux-arts, mais ses parents le voient diplomate. Christian Dior fréquente néanmoins le milieu artistique : il rencontre le compositeur Henri Sauguet, se lie avec le peintre Christian Bérard, est ami avec Jean Cocteau, Max Jacob, mais connaît aussi Fernand Léger, André Breton, Erik Satie. Tous se retrouvent au Bœuf sur le toit, où se mêlent artistes et haute société dans la nuit parisienne des Années Folles.
Sorti de Sciences-Po sans aucun diplôme, Dior décide, une fois son service militaire passé, d’ouvrir une galerie d’art. En 1928 il s’associe avec Jacques Bonjean, puis avec Pierre Colle en 1931, et expose jusqu’en 1934 des grands noms comme Picasso, Miro, Matisse, Braque et Dufy. Mais Dior désire également découvrir de nouveaux talent, et présente les œuvres des jeunes artistes que sont alors Dali, Calder, Giacometti, ou encore Leonor Fini, Pavel Tchelitcheff et Christian Bérard. Il rassemble l’art dans sa galerie, et les artistes au sein de ses amis. Cela constitue une grande source d’inspiration pour son travail futur dans la mode.
Dior fait en effet dialoguer ses deux passions en créant des costumes pour le cinéma, le théâtre ou encore l’opéra. Mais c’est surtout dans les collections-même du couturier que l’on retrouve sa passion : à la manière de Van Gogh il orne les étoffes de fleurs, et par une rigueur dans le graphisme il se réfère aux impressionnistes ou aux cubistes dans les lignes et les matières.
[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=Ws9wDMs6Cwk[/embedyt]
L’après Christian Dior
Cette osmose entre la mode et l’art continue de se perpétuer dans la maison Dior après la mort du créateur en 1957, à cause d’une crise cardiaque : les créateurs qui ont successivement repris le flambeau de la maison de couture, d’Yves Saint Laurent à Gianfranco Ferré et John Galliano, en passant par Marc Bohan, qui s’inspire des œuvres de Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely et Jackson Pollock, tous auront à cœur de conserver les valeurs instaurées et l’art insufflé par Monsieur Dior dans ses collections.
C’est ainsi que l’on retrouve des modèles inspirés de l’art dans les collections Dior, quelque soit la saison : les robes Braque ou Matisse dans la collection A/H 1949-1950, les hommages à la danse et à la musique avec les robes Cygne noir et Concerto dans la collection A/H 1957-1958, les trois robes Hommage à Jean Cocteau pour le P/E 1999, ou encore la robe inspirée de Lucas Cranach au P/E 2005.
Les influences de l’art dans les collections Dior font actuellement l’objet de deux belles expositions :
-
Dior, le bal des artistes, jusqu’au 25 septembre à la villa Les Rhumbs à Granville (54)
www.musee-dior-granville.com -
Inspiration Dior, jusqu’au 24 juillet au musée d’Etat des beaux-arts Pouchkine à Moscou
www.arts-museum.ru
Macha Paquis
Articles liés
“Si tu t’en vas” : un huis clos haletant entre chien et loup
Dans la petite salle de la Scala, Kelly Rivière et son metteur en scène Philippe Baronnet, accompagnés du jeune acteur Pierre Bidard, nous plongent au cœur d’un huis-clos haletant : celui qui réunit, dans une salle de classe, une...
Le spectacle musical “Miam” au Centre Jacques Bravo
MIAM est un spectacle pop qui nous plonge dans le monde du goût et des aliments, une traversée gustative en chansons pour toute la famille. MIAM est un spectacle musical qui fera rugir de plaisir toute la famille grâce à...
“Aimons-nous les uns loin des autres” au théâtre de L’Ile Saint-Louis
Monsieur Denis, pressé de connaître la date de la fin de la pandémie, téléphone à ” Adieu Covid “. Pendant sa mise en attente, il croise d’autres confinés aux caractères bien trempés. Les textes en vers et les dialogues...