18 jours – courts-métrages égyptiens
Absurdes, pathétiques, drôles, décalés, anodins, exemplaires, amoureux, cruels, héroïques, attendrissants : tels sont les personnages de dix courts métrages présentés ici. Du cinéma égyptien on ne sait pas grand chose : à part Youcef Chahine, qui échappe aux ciseaux actifs de la censure, qui peut se targuer de bien connaître ce cinéma ? C’est pourquoi on peut saluer cette initiative et l’encourager, car si elle ne manque pas de maladresse, elle annonce un souffle nouveau. Tournés dans l’urgence, bénévolement et avec les moyens du bord, l’initiative correspond à ce besoin irrépressible d’expression, avant que la porte se referme (peut être?) de nouveau….
Si le versant héroïco-comique est tenu par les courts métrages Ashraf Seberto, Revolution cookies et Quand le déluge survient, l’héroïne de Création de Dieu inspire des sentiments de pitié. Le premier court-métrage, Rétention, est sans aucun doute le plus lourdement appuyé, mettant en parallèle les habitants d’Égypte et les patients d’un asile. 1919 est un des plus éprouvants, consacré à la torture et aux interrogatoires musclés de l’Ancien régime de Moubarak. Fenêtre joue sur la synonymie fenêtre virtuelle d’Internet/ fenêtre réelle de la maison, pour symboliser l’amour et l’attention. Couvre-feu est le plus attendrissant, car il traite de l’absurdité des règles martiales vues par un grand-père et son petit-fils. Interior/exterior traite des problèmes conjugaux à la lumière de la révolution, tandis que Tahrir 2.2 souligne la cruauté d’une guerre civile aveugle, qui frappe sans prévenir même ceux qui sympathisaient auparavant.
Mis à part quelques lourdeurs, la première chose à souligner est le côté anecdotique (dans le bon sens du terme) de la réalisation, et l’impression de vivre intensément le quotidien des cairotes. Le Graal central, c’est la place Tahrir bien sûr, où on milite, où on prie, où on pleure, où on meurt. Une seule consigne pour les réalisateurs: deux jours de tournage maximum, avec des caméras numériques. Plusieurs des films qui constituent 18 Jours ont été en partie tournés pendant la révolution égyptienne, au cœur des manifestations, avant même que le projet collectif ne soit véritablement lancé. En bref, un projet sincère, intéressant, à considérer avec humilité, pour nous qui avons vécu ce tournant de l’histoire égyptienne, de l’extérieur.
Mathilde de Beaune
[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=hX34rbUnkFU[/embedyt]
18 jours
Ensemble de courts métrages de Ahmad Abdallah, Mariam Abou Ouf, Kamla Abu Zikri, Ahmed Alaa, Mohamed Ali, Sherif Arafa, Sherif El Bendary, Marwan Hamed, Khaled Marei et Yousry Nasrallah
Avec Mona Zakki, Ahmed Dawood, Ahmed El Fishawy…
Sortie le 7 septembre 2011
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