Yan Bernard – Artaq 2013 – interview
En quoi consiste votre rôle ?
Avec ma collègue Cécile Benoîton, également artiste médiatrice pour Artaq, nous sommes chargés de la médiation culturelle, de créer des liens. Il s’agit de créer une ouverture pour sensibiliser les gens à des pratiques qui ne sont pas nécessairement les leurs.
Au fil des années, les gens ont appris à nous connaître. Le festival est aussi une aventure humaine au cours de laquelle nous allons voir les prisons, les maisons de retraite, les écoles pour y penser des interventions… A la maison d’arrêt d’Angers, nous avons accompagné Mademoiselle Maurice, invitée du festival spécialisée dans les pliages en papier, et travaillé avec les détenus pour monter cinq ateliers. Ils ont choisi de travailler autour du mot « Dream »….
Quels ont été les temps forts de la dernière édition ?
En dehors de l’invitation de Mademoiselle Maurice, il y a eu une installation de Lek et Sowat sur les rives de la Maine, à côté d’une fresque de Rôti, et une exposition des portraits du photographe Philippe Bonan. Et JBC a peint 160 m2 de peintures sur les piliers de la rue Saint-Julien – un espace que nous comptons bien réutiliser à l’avenir !
Vous participez aussi au repérage pour la programmation…
Je propose des noms. Toute l’année, je traîne sur Internet : je suis les blogs qui parlent de street art, de la culture graphique ou geek. De nombreux internautes postent sur des pratiques qui les ont interpellés, comme celles qui relèvent du hacking de l’espace urbain. J’ai repéré de cette façon JBC ou Rôti. C’est moi qui avais contacté les DMV, qui ont fait une grande installation à l’Abbaye de Ronceray l’an dernier.
Est-ce qu’au fil du temps, le regard sur le street art a changé à Angers ?
Sans doute. D’ailleurs, la brigade anti-tag doit d’ailleurs maintenant demander l’autorisation aux propriétaires d’un mur avant d’effacer un graffiti… Récemment, quelqu’un a refusé !
Vous-même, vous êtes artiste, mais vous ne venez pas du street art…
J’ai une formation très classique, je suis passé par les Beaux-arts. Mais je reste quelqu’un qui fabrique, qui observe, notamment la ville. C’est un biotope dans laquelle il s’agit de prélever des éléments, de mettre un accent. Ces éléments devant lesquels chacun passent chaque jour n’ont pas besoin d’être extraordinaire, ils le deviennent si on sait comment les éclairer. Tout ce qui est détournement attire ma curiosité. Le fond de mon travail, c’est le fonctionnement de l’image, savoir ce qu’on regarde, et c’est pourquoi je joue souvent sur la surexposition. Il faut savoir penser différemment, réinventer la ville, extraire du magma urbain un paysage, une architecture à modeler.
Sophie Pujas
www.artaq.eu/fr
www.collectifr.fr/reseaux/yan-bernard
[Visuel : Lek et Sowat, Rôti]
Articles liés
“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...
“Les Imitatueurs” à retrouver au Théâtre des Deux Ânes
Tout le monde en prend pour son grade, à commencer par le couple Macron dans un sketch désormais culte, sans oublier Mélenchon, Le Pen, les médias (Laurent Ruquier & Léa Salamé, CNews…), le cinéma, la chanson française (Goldman, Sanson,...
La danseuse étoile Marie-Agnès Gillot dans “For Gods Only” au Théâtre du Rond Point
Le chorégraphe Olivier Dubois répond une nouvelle fois à l’appel du Sacre. Après l’opus conçu pour Germaine Acogny en 2014, il poursuit, avec For Gods Only, sa collection de Sacre(s) du printemps qu’il confie cette fois-ci à la danseuse...