Will Cotton : “Un univers mythologique qui questionne la notion de désir”
© Galerie Templon, vue de l'exposition "The Taming of the Cowboy" de Will Cotton, Bruxelles, 2020
Dix ans après sa dernière exposition à la Galerie Templon, le peintre new-yorkais Will Cotton, célèbre pour ses représentations sensuelles et fantaisistes de femmes immergées dans des paysages de confiseries, dévoile une exposition provocante et décalée à la Galerie Templon de Bruxelles, intitulée “The Taming of the Cowboy“.
En référence à la schizophrénie politique de son pays en pleine campagne électorale, Will Cotton propose une nouvelle interprétation du mythe du cow-boy, symbolisant la conquête de l’Occident. Ses grandes peintures à l’huile ostensiblement classiques représentent une rencontre surprenante entre des cow-boys triomphants et leurs fantastiques coursiers : les licornes.
Ses peintures sont inspirées d’une variété de sujets, dont le jeu de société pour enfants Candy Land, les affiches pin-up de George Petty et les peintures de paysages de l’église de Frédéric Edwin, les nus académiques de William Adolphe Bouguereau.

© Will Cotton
La dimension mythologique et fantaisiste occupent une place essentielle dans votre parcours artistique. D’où vous vient cet intérêt pour ces univers ?
J’aime le domaine de la fantaisie et de la mythologie parce qu’il ouvre un spectre symbolique plus large avec lequel je peux travailler. Quand j’évoque la recherche du plaisir et de l’insatiabilité, j’ai découvert que l’universel communique mieux cette idée que le spécifique.
Par exemple, si je parle de ma toxicomanie personnelle, ce n’est pas quelque chose que tout le monde pourra comprendre. Cependant, si je peins des images de Candy Land comme métaphore de l’insatiabilité et de la toxicomanie, c’est un moyen beaucoup plus universel de communiquer l’idée. Cela devient plus accessible, touche plus de gens et a finalement plus de sens.

© Will Cotton
Construit comme un rêve, vos tableaux questionnent-ils la notion de désir?
Oui, je questionne la notion de désir. L’explorer sous différents angles. Mes tableaux sont destinés à faire une proposition, un “et si ?”, scénario que le spectateur doit envisager.
Diriez-vous que vos peintures très réalistes, ressemblant presque à des photographies, repoussent les frontières entre différentes disciplines artistiques?
Nous en sommes venus à assimiler le réel au photographique. J’utilise ce point de référence pour rendre les peintures aussi crédibles que possible, puis je vais au-delà de la simple photographie.

© Will Cotton
Quel artiste a eu le plus grand impact sur la façon dont vous abordez votre travail aujourd’hui?
Tiepolo a construit de grandes scènes compliquées impliquant des personnes et des chevaux dans ce que vous appelleriez des situations impossibles. Voler dans les airs, assis sur des nuages. Mais il les a peints de telle manière que vous ne remettez pas en question leur réalité. Vous ne les regardez pas et vous pensez “c’est photoshopé”. Le médium de la peinture permet une suspension de l’incrédulité que les photos ne font pas.

© Will Cotton
Pourriez-vous parler davantage du dialogue entre l’univers onirique dans votre travail et la critique politique de la société actuelle – ici sur la discrimination de genre ? Comment est-ce approprié dans le contexte actuel des élections pré-présidentielles américaines?
La beauté du symbolisme dans la peinture est qu’aucune interprétation unique n’est correcte, et donc le “sens” de l’œuvre est en constante évolution. Pendant ce temps aux États-Unis, je regarde mes propres peintures un peu différemment. La licorne devient défier les normes établies de l’homme américain, pour répondre à cette agressivité de cow-boy avec un pouvoir écrasant de freiner et de maîtriser le spectacle d’horreur effréné de l’Amérique 2020.
Propos recueillis par Isabelle Capalbo
Articles liés

La 34e édition du Festival du Cinéma Espagnol de Nantes se déroulera du 21 au 29 mars
Venez célébrer le cinéma espagnol à Nantes du 21 au 29 mars 2025 ! Au fil des éditions du Festival, l’éditorial ajuste la focale au plus proche de la production cinématographique de l’année écoulée, des thématiques du moment en...

“Je ne sais pas qui je suis mais un jour peut-être” de Solène Zantman au Théâtre El Duende
Dans un monde à la dérive, un spectateur rêve d’une chanteuse qu’il vient admirer tous les soirs dans un obscur cabaret. S’y retrouvent également une journaliste et son cameraman qui cherchent de nouveaux sujets et décident, un jour, d’interviewer...

“À l’air libre” le nouveau spectacle de Laurent Balaÿ au Théâtre du Temps
Laurent Balaÿ est de retour avec son nouveau spectacle À l’Air Libre! Après le succès de son seul en scène De l’Air ! autour de son parcours de comédien, il revient avec une nouvelle galerie de personnages aussi attachants que drôles,...