Victoria : “Avec la photo, je me sens plus à l’aise pour communiquer et relater des histoires”
Immersion au coeur de l’univers de la jeune photographe Lyonnaise, Victoria Philippe, qui s’intéresse à la photo de presse et de reportage.
Qui es-tu ?
Je m’appelle Victoria Philippe, j’ai 23 ans et j’habite à Lyon depuis 5 ans. J’ai fait une école de journalisme que j’ai terminée en mai dernier. En 2018, j’ai fait un stage de 6 mois en presse écrite à Beyrouth au Liban. J’aimais déjà la photographie mais je n’osais pas vraiment m’y mettre… C’est là-bas que j’ai véritablement commencé, en prenant des photos de rue. Quand je suis rentrée, j’ai ressenti le besoin de continuer.
Quel est ton parcours ?
À l’école de journalisme, j’avais des cours de presse écrite, de radio, de TV mais pas de photographie. J’essayais de profiter de chaque occasion pour en faire, comme lors d’une immersion journalistique dans un couvent effectuée pendant ma 2è année. À côté de ça, je faisais pas mal de photos de rue en argentique.
J’ai commencé à vraiment m’intéresser au photo-journalisme en découvrant le travail de certains photo-journalistes sur les réseaux sociaux, dans des livres et documentaires. De ce fait, j’ai décidé de faire mon stage de fin d’études en tant que photographe de presse pour l’hebdomadaire lyonnais Tribune de Lyon. J’estime que j’ai eu beaucoup de chance de pouvoir réaliser ce stage pendant le premier confinement, ce qui a été une super expérience. Je me suis rendue compte que c’était ce qui m’animait, et que c’était ce que je voulais faire.
Aujourd’hui, je suis en école de photo, toujours à Lyon. J’ai décidé de faire cette formation car j’ai appris la photo toute seule, et je ressentais certains manques techniques qui me bloquaient pour m’exprimer pleinement. C’est un métier qui est déjà assez compliqué, plutôt bouché, et je ne me sentais pas de me lancer directement. Je ne regrette pas mon choix parce que j’apprends beaucoup, que ce soit sur le plan technique ou en terme de culture générale et artistique.
Quel est ton rapport avec la photographie ? Est-ce que tu as un domaine de prédilection en particulier ?
Comme je l’expliquais, j’ai une formation en journalisme, et de ce fait, j’aime vraiment la photo de presse et de reportage. Par le biais de mon école de photo, je m’intéresse également de plus en plus à la photographie documentaire. Je trouve que la photo permet une très forte transmission de l’information. Pendant mes études de journalisme, j’étais toujours assez frustrée, car j’aimais l’écrit mais il me manquait quelque chose… Avec la photo, je me sens plus à l’aise pour communiquer et relater des histoires comme avec la photo ci-dessous. Selon moi, cette photo montre très bien l’esprit de solidarité des bénévoles.
Tu as l’air de t’être spécialisée dans la photo en noir et blanc, pourquoi ?
Je ne sais pas trop comment l’expliquer, j’ai commencé avec ce procédé, notamment en argentique. Je pense que c’est une question de sentiments, je me sens plus libre quand je photographie en noir et blanc. J’aime beaucoup la photo en couleurs pourtant, mais je me sens moins à l’aise avec. En tout cas, pour mon travail et notamment pour la presse, je suis obligée de travailler en couleurs, ce qui me pousse à sortir de ma zone de confort. Aussi, ça m’amène petit à petit à avoir une approche de la photographie en couleurs dans mes projets personnels, bien que l’idée de travailler en noir et blanc me soit plus confortable.
Sur ton site internet, on peut voir que tu figes des moments forts au travers de tes photos, au coeur de manifestations par exemple. Qu’est-ce qui te motive à aller sur le terrain ?
S’il y a justement une chose qui me plait dans le photo-journalisme c’est que c’est un métier de terrain. Ce qui me motive, c’est d’être au contact des gens, et de pouvoir leur donner la parole à travers ma photographie.
Comme ci-dessus, à la manifestation des enseignants et étudiants chercheurs contre la loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR). Ils dénonçaient la “casse de l’université et du service public ” en mars 2020. Ce que j’aime dans cette photo, c’est le regard fort de la jeune fille au centre. Sans elle la photo n’aurait pas d’intérêt.
Peux-tu nous parler de ton travail pendant le confinement dernier et au vu du contexte sanitaire ?
Comme dit précédemment, j’étais en stage chez Tribune de Lyon pendant le premier confinement. Mon travail constituait donc à documenter la crise de la Covid-19. Au début, je trouvais ça assez étrange parce que j’avais commencé mon stage depuis peu, et je ne me sentais pas légitime de sortir dans le but de prendre des photos alors que la plupart des Français étaient confinés chez eux. Puis j’ai rapidement réalisé la chance que j’avais et l’enjeux du travail de photo-journaliste dans un moment comme celui-ci.
Je travaillais avec les membres de la rédaction qui me demandaient de me rendre dans divers endroits. Pendant les premiers jours du confinement, j’ai réalisé un reportage sur les rues de la ville vidées de ses habitants, et sur les nouvelles habitudes de ces derniers. L’atmosphère était vraiment surréaliste, tantôt plaisante, tantôt déplaisante.
Ensuite, j’ai réalisé plusieurs reportages, notamment avec des membres de la Croix- Rouge, des Restos du Cœur, ou avec des militaires dans le cadre de l’opération Résilience. J’ai aussi réalisé une série de portraits de ceux qui continuaient à travailler pendant cette crise (chirurgiens, aide-soignantes, buralistes, livreurs, éboueurs…).
Qu’est-ce que tu envisages pour ton avenir professionnel en tant que photographe ?
Dans un premier temps, j’aimerais travailler en tant que photo-journaliste indépendante, et dans le meilleur des cas intégrer une agence ou un organe de presse. En parallèle, j’aimerais aussi réaliser des reportages plus personnels.
Plus d’informations sur Victoria Philippe sur son site internet et son compte Instagram.
Propos recueillis par Amélie Garruchet
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