Victor Duclos : “On laisse carte blanche à l’artiste”
Victor Duclos est artiste mais aussi co-directeur de Le Leurre, un lieu de création et de diffusion dans la Haute-Ville de Granville. On y retrouve tout types d’événements culturels : aussi bien de la danse, que du théâtre ou encore de la musique. Pluridisciplinaire, la structure est aussi considérée comme un lieu d’accueil pour les résidences d’écriture. Rencontre avec Victor Duclos.
Quel a été votre parcours professionnel ?
J’ai commencé par une formation de danseur contemporain au Conservatoire Supérieur de Paris. Au cours de mes études, je me suis spécialisé dans le rapport corps et voix. Puis je me suis fait engager comme danseur, chanteur d’opéra, chorégraphe ou encore metteur en scène. Depuis 15 ans, je change de casquette et je navigue d’un univers à un autre ! J’ai également fait une incursion dans la chanson, en tant qu’auteur-compositeur. En 2019, le projet Le Leurre a été créé par Vincent et moi-même. On programme des événements et on propose des stages sur les métiers de la scène. On a pu produire notre toute première création, Vercingétorix, qui était à l’origine une commande faite par l’Atelier Lyrique de Tourcoing, pour les Belles Sorties de la métropole lilloise. C’est une co-réalisation dont nous sommes très fiers. La création connaît à ce jour une vingtaine de dates et s’est développée dans tout le département du Nord, ainsi qu’à Granville bien entendu.
Comment est née l’idée du projet Le Leurre?
On avait envie d’avoir un lieu de ressourcement près de la mer. Avec mon compagnon, nous avons visité Granville et nous sommes tombés amoureux de cette ville ! Elle témoigne d’un dynamisme artistique assez important. On a donc acheté une petite maison en juin 2018. L’envie que le lieu soit aussi dédié à nos pratiques artistiques s’est de suite faite ressentir. Séparée en deux, la maison délivre un espace vie et un espace atelier de 25 mètres carrés. Au début nous avons commencé par inviter des amis, proposer des concerts, des spectacles de marionnettes, du théâtre d’opéra… C’est en mars 2019 que l’activité a été lancée officiellement, avec la programmation d’un événement par mois, toutes disciplines confondues.
Quel essence donnez-vous à ce lieu ?
C’est important pour nous de garder une activité à échelle humaine mais aussi intime. Le Leurre donne la possibilité aux artistes de résider dans le lieu tout en créant. Le lieu permet également de dévoiler les créations devant un public. Ainsi, si l’artiste le désire, on propose une programmation afin de mettre en avant le travail de celui-ci. Les représentations, les événements, les spectacles ne sont bien entendu pas le but principal de la structure. Avant tout, c’est un lieu de recueil, d’échange et de partage. On aime l’idée de s’associer au projet, d’être dans une sorte de mise en commun et d’offrir aux résidants une liberté totale, le tout dans un climat de confiance. On laisse carte blanche à l’artiste ! Nous restons ouverts à toute rencontre et nous sommes toujours ravis de découvrir de nouveaux univers. On donne aussi des coups de pouce à des personnes qui souhaitent exploiter Le Leurre comme un lieu de ressource. Par exemple, nous avons pu accueillir Anaïs Lessertisseur, une artiste qui a eu besoin de trouver un endroit pour une conférence sur la commedia dell’arte donnée dans le cadre du Festival international du masque du peuple en Colombie.
Avez-vous trouvé des moyens de continuer à faire vivre le lieu malgré la crise sanitaire ?
L’envie de continuer à créer, à imaginer des projets est toujours présente. Actuellement, nous exploitons le lieu avec une nouvelle activité : “Opération Saute-mouton”. C’est un projet de plusieurs installations dans le lieu. Lors du second confinement, nous avons créé une installation plastique intitulée Refus d’obéissance. On a mis en place des flux radios permettant de relayer le son aux smartphones des spectateurs. L’idée, c’est qu’on peut suivre la réalisation via les deux grandes fenêtres qui offrent une vue d’ensemble sur l’intérieur de l’atelier. Les spectateurs et auditeurs pourront entendre et voir à travers la vitrine interactive, l’installation plastique qui se produit dans l’instantané. D’autres artistes produiront pour ce projet et une chaîne YouTube sera créée pour rassembler les diverses playlists de chaque création artistique.
Quels sont vos projets à venir ?
Dû à la conjoncture actuelle, on navigue à vue. On se retrouve avec pas mal de spectacles en attente. Une déambulation sonore avec des dispositifs en extérieur est en réflexion. Beaucoup de personnes dans la rue de Le Leurre possèdent un piano et ça pourrait être sympa de se réunir pour réaliser un projet commun. On cultive notre flexibilité et on continue de mettre en place un événement par mois, notamment avec l’Opération Saute-mouton qui a débuté au mois de janvier. Les installations seront présentes dans le lieu pendant trois semaines. Une deuxième Opération Saute-mouton, intitulée Juste un geste, vient d’être lancée. C’est une collaboration de plusieurs artistes qui ont contribué par une dimension visuelle (vidéo) ou sonore (texte lu, musique…), au témoignage du geste créateur en ces temps perturbés de crise sanitaire.
Plus d’informations sur le site internet et le compte Instagram de Leleurre, ainsi que sur le site internet de Victor Duclos.
Propos recueillis par Chloé Desvaux
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