Viam : “On ne peut pas mettre de sentiments dans les yeux des gens”
Rencontre avec une jeune artiste pétillante et inspirante. Au cours de cet entretien, Viam nous explique comment elle réussit à s’épanouir dans deux domaines différents et pourtant complémentaires : la photographie et le maquillage.
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Louise, j’ai 23 ans et je fais de la photo et du maquillage sous le nom de Viam. Cela fait désormais un peu plus de 10 ans que je fais de la photo. Pour le maquillage, je le pratique de façon professionnelle depuis 2019.
Pourquoi avoir choisi le nom Viam ?
C’est toujours drôle de devoir expliquer ce choix. Viam remonte à l’époque de Skyblog. J’aimais bien l’idée de décrire quelque chose à travers quelques mots seulement. Je me suis inspirée d’un livre que j’aimais beaucoup : Ellana, de Pierre Bottero. Dans ce livre, l’imagination est quelque chose de physique et il y a pas mal d’autres thèmes abordés qui me plaisaient bien, comme la liberté, la vie, l’amour. J’ai retenu trois termes et en ai fait ma devise. Un peu à la manière de “mange, prie, aime” mais là c’est “imagine, vis, aime”. En le disant vite, je me suis rendu compte que ça sonnait différemment. Cela donnait “imagine viame” et j’ai trouvé ça intéressant. J’ai fini par raccourcir le “viame” en Viam. Et voilà !
D’où vient ton intérêt pour la photographie ?
Je fais de la photo depuis 10 ans mais je me suis toujours intéressée à ce monde. Mon père pratiquait la photographie et je l’ai souvent observé. Il photographiait principalement les textures en noir et blanc, ce qui faussait un peu la perception de la photo. J’aimais bien son travail et à force de le regarder faire, j’ai commencé à manipuler son appareil photo et j’ai essayé de nouvelles choses. Au début, je photographiais des paysages. C’est après un déménagement, lorsque j’étais en 5ème, que ma pratique a évolué et que j’ai commencé les portraits. Nous avons quitté Bègles et sommes partis à Léognan, une ville qui était à des années-lumière de ce que je connaissais jusqu’alors. Le milieu social n’était pas le même et les occupations des jeunes différentes. À Bègles, on grimpait dans les arbres avec mes amis et on s’amusait simplement. À Léognan, le passe-temps des jeunes était de se photographier les uns les autres pour pouvoir ensuite poster les photos sur Facebook. Je n’avais même pas Facebook à l’époque, donc autant dire que je ne comprenais pas trop la hype autour de ça. Mais j’ai proposé à des copines de les prendre en photo, de faire des mises en scène, et finalement je me suis prise au jeu de la photo de portrait.
Comment décrirais-tu ton travail, ton univers ?
Le mot qui me vient est “naturel”, car j’essaie souvent d’inclure des tons qui le sont. J’aime beaucoup les couleurs vertes, les couleurs chaudes, ainsi que les couleurs douces et pastel. Il y a également beaucoup de sensibilité dans mon travail. J’aime la photo qui dégage des émotions. C’est vraiment ce qui me plaît et m’importe le plus. Quand je regardes mes photos, mes préférées sont celles prises lors de séances où il y a eu un véritable échange avec le modèle. Donc si je devais résumer mon travail, je dirais sensible et naturel. On retrouve aussi pas mal d’influences dans mon travail. J’aime beaucoup le baroque, le rococo, l’esthétique de la Renaissance. Je m’inspire aussi de certaines lectures ou certains personnages. Je suis notamment fascinée par l’histoire de Marie-Antoinette, que je trouve touchante. Après avoir lu sa biographie, je me suis rendu compte que c’est simplement l’histoire d’une ado qui a été propulsée au sommet, dans une sphère de pouvoir.
Tes clichés sont forts et racontent une histoire. Est-ce important pour toi de faire passer un message à travers ton univers ?
Je ne pourrais pas forcément répondre blanc ou noir à cette question. Je peux décider d’organiser une séance après avoir découvert un bel endroit, avec une belle lumière. La réalisation de mes photos peut être faite de manière très instinctive ou plus travaillée, ça dépend. Parfois je vais avoir une idée et envie de la réaliser, et cela demande de la préparation. Les messages que j’arrive à faire passer à travers mon univers sont aussi divers que volontaires. Il y a des messages que je choisis de faire passer mais il y a aussi le résultat d’une séance pleine d’émotions. Ces messages peuvent être le résultat d’un shooting assez instinctif, capturant le moment présent. C’est vraiment variable.
Quel est ton processus créatif ?
Là encore, c’est difficile de répondre. Pour quelque chose de très instinctif, je vais photographier de façon spontanée et voir le résultat. D’autres fois, je vais avoir l’idée d’un shoot et je vais voir si ça fonctionne. Cela demande tout de même un certain travail d’organisation : il faut trouver les tenues, les spots, les modèles…
Comment se passe la préparation d’une séance ?
Je fais d’abord en sorte que les modèles aient bien compris l’esprit du shooting. Par exemple, j’ai eu envie de faire une séance dans l’esprit du film de Sofia Coppola, Virgin Suicides. Afin de préparer cette séance, j’ai envoyé un moodboard à chacune des modèles et leur ai demandé de voir le film pour qu’elles comprennent l’univers. Ce travail de préparation est nécessaire pour qu’il y ait une cohésion lors du shooting. Je ne donne pas de directives trop strictes en amont car je trouve que c’est intéressant de voir les modèles interagir les uns avec les autres. Il faut vraiment les laisser faire à certains moments car c’est comme ça qu’on capture des relations humaines.
Comment diriges-tu tes séances ?
Au moment du shooting, je ne dirige pas toujours mes modèles de la même façon pour la simple et bonne raison que je ne travaille pas qu’avec des professionnels. Tout d’abord, j’insiste sur le fait qu’une séance photo est un travail collectif. Il faut qu’il y ait un échange entre le photographe et les modèles. Une photo, ce n’est pas juste le photographe. Les modèles sont des artistes au même titre que lui. Je reste toujours ouverte aux propositions des personnes que je photographie. Cependant, les modèles ne proposent pas tous la même chose et je dois parfois passer plus de temps à en conseiller et guider certains. Je pense que ce serait assez rigolo si on me filmait pendant un shooting car je travaille beaucoup par mimétisme. Pour guider un modèle, je bouge mon propre visage en fonction de ce que j’aimerais voir sur lui. D’ailleurs, je suis convaincue qu’un bon modèle est un modèle qui connaît son visage, qui a travaillé devant son miroir. Une personne qui sait jouer avec son visage et son corps pour exprimer des choses. On ne peut pas mettre de sentiments dans les yeux des gens, des modèles.
Est-ce que le fait d’être à la fois make-up artist et photographe t’apporte quelque chose en plus dans ton travail ?
Du point de vue de la photographe qui est en moi, c’est un plus car je n’ai pas besoin de faire appel à une tierce personne pour le maquillage. Je n’ai pas non plus besoin d’accorder mes violons avec cette personne pour obtenir le résultat que je recherche. D’un point de vue de make-up artist, c’est un moins car c’est plus compliqué de sortir de sa zone de confort quand on travaille seule. C’est plus difficile de s’auto-challenger et je pense qu’on s’améliore grâce aux autres. Il y a des avantages car j’ai une liberté par rapport à ce que je peux avoir envie de réaliser mais rencontrer d’autres photographes permet d’évoluer différemment. Certains photographes peuvent imaginer et demander un make-up auquel je n’aurais pas forcément penser pour un shooting. C’est bien de se confronter aux univers d’autres artistes. Cet inconvénient peut d’ailleurs aussi s’appliquer à mon point de vue de photographe. En travaillant régulièrement avec une tierce personne pour le maquillage, on peut être surpris par ses propositions artistiques et progresser.
Question technique pour les amateurs de photographie : quels sont tes outils de prédilection ?
Mon appareil photo, évidemment ! J’ai un objectif de 30 mm car selon moi, ça apporte plus de dynamisme à la photo. Normalement on conseille le 50 mm, qui est plus semblable à l’œil humain, mais je préfère mon 30 mm. Sinon, j’aime bien avoir sur moi des collants transparents ou couleur chair. En les plaçant devant l’objectif, on obtient des rendus que j’aime beaucoup. Je ne les utilise pas souvent mais j’aime bien en avoir pas loin au cas où. J’utilise aussi des morceaux de verre et des prismes pour créer des effets. D’une manière générale, j’aime bien placer des choses devant mon objectif. Ça peut être n’importe quoi : un pétale, une carte…
En termes de maquillage, mes chouchous sont le highlighter pour apporter de la vie à un visage, et la poudre matifiante car on veut de la brillance mais pas partout.
Quels sont tes futurs projets ?
Le Covid m’a pas mal impactée, j’ai donc fait une pause au niveau de la photo et du maquillage. J’avais besoin de me ressourcer créativement et de prendre du recul. En parfumerie quand le nez est saturé, on sent du café pour pouvoir continuer sans être encombré. Pour moi, c’est la même chose : j’ai fait une pause créative pour mieux repartir. Actuellement, je suis en train de créer mon site internet et je travaille sur plusieurs projets. J’interviens en tant que make-up artist pour un photographe et j’aimerais faire plus de projets de ce type. Enfin, je travaille sur l’idée de me lancer en tant qu’entrepreneur make-up artist. La photo a toujours été dans ma vie et le sera toujours, donc je compte continuer ce que je fais. Je me lance dans beaucoup de projets créatifs mais je n’en dis pas plus pour le moment, je garde la surprise !
Retrouvez Viam sur ses comptes Instagram : ici pour la photographie et ici pour le maquillage.
Propos recueillis par Roxane Thomoux
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