Véronique Arnault : “J’aime interroger le temps par la création”
Artiste peintre et plasticienne, Véronique Arnault observe inlassablement la nature et aime en extraire ce qui touche aux grands thèmes de la vie.
Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?
J’ai toujours été portée vers la création ; petite, j’ai été amenée à contempler des paysages extrêmement beaux, ayant vécu dans les Alpes. C’est de là que j’ai puisé mon désir de créer. J’ai ensuite fait mes études aux Beaux-Arts, ainsi qu’en faculté d’histoire de l’art. J’ai travaillé dans le domaine de la valorisation du patrimoine culturel, puis je suis revenue par la suite à une création plus soutenue. Je n’ai toutefois jamais totalement abandonné la pratique car je continuais à tenir des carnets de voyage.
Quelles sont vos inspirations ?
Je suis très inspirée par la nature et son mouvement : les saisons, le souffle… J’aime saisir la fragilité de l’instant. Je trouve intéressant de tenter de saisir le mouvement de la sève d’un arbre ou des herbes, car il y a comme une sorte d’évocation du temps. Un autre sujet récurrent pour moi est tout ce qui est en lien avec les paysages, les territoires et la cartographie : quand je termine un thème, je reviens toujours à ma cartographie imaginaire. J’appréhende la carte avec un mélange des plans ; j’ai été très marquée par les cartes présentes aux Musées du Vatican, qui mélangent visions de haut et de profil.
Vos livres d’artiste sont-ils un moyen pour vous de mêler poésie et peinture ?
Effectivement, je me rends compte que les mots sont très souvent en résonance avec ma démarche de création. Je travaille avec des poètes contemporains, mais aussi au contact de la littérature plus ancienne. Dans la démarche du livre d’artiste, il y a également le fait d’être en lien avec d’autres, de pouvoir partager une expérience qui ne sera pas forcément sur le même terrain. C’est très intéressant d’avoir plusieurs approches à partir d’un même sujet. C’est aussi dans cet esprit que j’aime concevoir des expositions et des événements avec des artistes aux pratiques différentes : photographes, sculpteurs, poètes, comédiens… Pour moi, le livre d’artiste permet d’aller plus loin que soi-même. J’ai récemment conçu deux livres d’artiste autour de deux poèmes des Contemplations de Victor Hugo. J’aime aussi beaucoup associer des citations qui me parlent dans mes carnets de voyage, ainsi que des haïkus que j’écris.
Vous vous exprimez à travers plusieurs techniques artistiques. Qu’est-ce que cela vous apporte ?
Je suis peintre et plasticienne : je travaille essentiellement la peinture, le monotype, le collage et depuis peu, la gravure. Il y a un lien très étroit entre les différentes pratiques, et l’une apporte à l’autre. Pour une exposition sur la forêt, j’avais par exemple fait des suspensions en tissu, tenues par des fils invisibles, sur lesquelles j’avais imprimé des monotypes. J’aime également travailler à partir d’éléments naturels que je collecte dans la forêt. C’est essentiellement la liberté que je recherche dans ma création et cette diversité des moyens y participe.
Vous avez tenu un carnet de confinement : comment avez-vous vécu cette période ?
J’ai commencé ce carnet le 16 mars, et l’ai fini le 11 mai. Ça a été très riche pour moi car ça m’a permis d’exprimer des réflexions et émotions que l’on vivait tous pendant cette période. C’était justement l’occasion de réfléchir sur la manière d’envisager et de transcrire la notion de temps. Ce carnet m’a aussi permis d’être en lien avec d’autres : je l’ai publié tout au long du confinement, et j’ai eu pas mal de retours, ce qui était précieux dans un moment où les échanges directs étaient absents. Ça a aussi été une source d’inspiration pour des formats plus grands, comme mes Plaidoyer pour la terre, directement issus de ce carnet.
Avez-vous des projets pour le futur proche ?
Depuis plusieurs années, je travaille autour des confessions de Saint Augustin sous la forme d’un carnet où j’ai repris des phrases de confessions qui me touchaient, et créé une image en écho avec ce texte qui est à la fois ancien et n’a pas pris une ride dans sa vérité profonde. J’aimerais que ce travail puisse être édité. Je vais également faire une exposition à l’automne en Vallée de Chevreuse, dans le cadre de mon collectif d’artistes. Enfin je crée à partir de septembre, des mini-stages sur l’année de Carnet de voyage en Vallée de Chevreuse un vendredi par mois, en plus des ateliers que j’encadre déjà. Dans les carnets de voyage, j’invite aussi à la création de haïkus et à inclure des réflexions personnelles ainsi que des citations, des poèmes…
Infos pratiques :
Ateliers et exposition Hélium, 16e parcours d’artistes
3-4 et 10-11 octobre 2020 de 14h à 19h le samedi, et 11h à 19h le dimanche.
Retrouvez Véronique Arnault à l’église de Boullay-les-Troux
Site : helium-artistes.com
Plus d’informations sur le site internet de Véronique Arnault.
Propos recueillis par Chloé Vallot
À découvrir sur Artistik Rezo :
Quelles expositions voir en juillet ?, de Apolline Madaschi
Articles liés
« Les Misérables », une nouvelle production brillante au Théâtre du Châtelet
Plus de quarante ans après la première création en français, l’opéra d’Alain Boublil et de Claude-Michel Schönberg revient au Théâtre du Châtelet dans une nouvelle version et une mise en scène de Ladislas Chollat. Quarante interprètes dont des enfants...
“Moins que rien” : l’histoire de Johann Christian Woyzeck adaptée au Théâtre 14
L’histoire est inspirée de l’affaire de Johann Christian Woyzeck (1780-1824) à Leipzig, ancien soldat, accusé d’avoir poignardé par jalousie sa maîtresse, Johanna Christiane Woost, le 21 juin 1821. Condamné à mort, il a été exécuté le 27 août 1824....
La Scala présente “Les Parallèles”
Un soir, dans une ville sans nom, Elle et Lui se croisent sur le pas d’une porte. Elle est piquante et sexy. Lui est hypersensible et timide. Il se pourrait bien que ce soit une rencontre… Mais rien n’est moins sûr, tant ces deux-là sont maladroits dans leurs...