Valadon-Utrillo : Le face à face d’une mère et de son fils
Vous êtes amateur de destins tragiques et d’ambiances bohèmes ? Direction la Pinacothèque !
Après G.Rouault, voici un tandem d’artiste : Suzanne Valadon, la mère, et Maurice Utrillo, le fils. Une confrontation inédite. Jamais les deux artistes n’avaient été réunis à Paris. L’exposition a le mérite de rendre hommage à deux artistes, peut-être à tort encore mal connus. Des paysages urbains d’Utrillo aux portraits colorés de Valadon, l’exposition balaie la vie des deux artistes et retrace leurs destins croisés, aussi bien sur le plan personnel qu’artistique, sur fond d’admiration et de rivalité.
Leur histoire ? Digne d’un roman picaresque. Suzanne Valadon, femme au fort caractère, a su se frayer une place dans un univers d’artistes presque exclusivement masculin. Elle posa d’abord pour des peintres comme Puvis de Chavannes, Renoir et surtout Degas, avant de prendre à son tour fusain, sanguine et mines de plomb. A 18 ans, elle donne naissance à son fils, Maurice, renommé plus tard Maurice Utrillo, né comme elle de père inconnu. Le jeune garçon, délaissé par sa mère, souffre dès son plus jeune âge d’alcoolisme. Au contact d’André Utter, un jeune homme ayant étudié aux Beaux-Arts, Utrillo se met à peindre et à exposer ses tableaux, principalement dans les cabarets. Ses premières peintures, des paysages et des vergers, chers au courant impressionniste, peuvent vaguement faire penser à Pissarro. Puis son style et ses sujets s’affirment. Il passe à la ville avec Montmartre et la banlieue parisienne, peignant tour à tour cafés, places, églises et rues enneigées. Cette activité s’impose vite comme une nécessité pour un ivrogne de sa trempe, prêt à troquer tableau contre eau-de-vie. De litres de vinasse en cures de désintoxication, il finit par perdre son talent, sa peinture décline.
Vous êtes prévenus : aucune œuvre de l’artiste postérieure à 1916 n’est montrée ! Suzanne Valadon clôt donc l’exposition avec une série de portraits et de bouquets de fleurs. Car c’est au moment où elle voit son fils sombrer artistiquement que Valadon devient une artiste maîtrisée et sereine dont la production est conséquente.
Au fond, peu de dialogue entre les deux artistes. L’exposition entend plutôt nous faire comprendre l’étendue de tout ce qui les sépare. Car en dépit de leur lien de parenté et de leur commun intérêt pour la peinture, leur art diverge au plus au haut point. Ici, la soif de vivre s’exprime dans un chatoiement de couleurs, dans des scènes exaltant la puissance des corps. Là, un univers plombé, désespérant, qui se traduit par l’emploi de nuances de blancs et de gris, dans un monde extérieur déserté par les hommes.
Avec une cinquantaine d’œuvres de chacun des artistes et notamment, pour la première fois, un rassemblement complet de la période blanche (1910-1914) d’Utrillo, l’exposition donne l’occasion de voir de nombreuses toiles peu connues. Intéressant donc.
Marion Cherin.
Du 6 mars au 15 septembre 2009
Tous les jours, de 10h30 à 18h
Tarifs: 9 € / 7 €
01.42.68.02.01
Pinacothèque de Paris
28 place de la Madeleine, 75008, Paris
Métro: Madeleine
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