unSolub : “J’ai toujours préféré l’action au résultat.”
unSolub : “J’ai toujours préféré l’action au résultat.” Passage des Gravilliers M° Rambuteau, Arts et Métiers (lignes 3 et 11) FB : unSolub FB : the.passage.pas.sage |
Rencontre avec unSolub, l’artiste qui vient de donner vie, passage des Gravilliers à Paris, à 250 m2 de fresque. Un univers onirique peuplé de machines volantes… Pourquoi “unSolub” ? unSolub, c’est un personnage issu d’un dilemme, de ce jeu de rôle qui est l’expérience quotidienne du graffeur. En fait, deux personnages : l’un solide, l’autre soluble. “Soluble” est celui qui est très cartésien, terre à terre, conscient de la fragilité de ses supports d’expression, en perpétuelle mouvance. Il produit beaucoup, sur beaucoup de supports. Face à lui, “solide” est un héros, un personnage sans limites, utopique, proche de l’enfant aussi. C’est ma facette romantique, qui me porte souvent très loin. J’ai toujours voulu faire vivre ces deux personnages en moi… Qui êtes-vous quand vous n’êtes pas unSolub ? Justement, je travaille la sculpture, des matériaux beaucoup plus permanents… 250 m2 de fresque, dix semaines de travail, une centaine de bombes… Qu’est-ce qui vous a donné envie de relever ce défi ? C’était un peu une façon de me défendre. Ce personnage d’unSolub, je le porte depuis une décennie. Dans cet univers d’initiés qu’est le graffiti, il a été pour moi quelque chose d’intime. C’était l’occasion de lui donner un visage public, de l’assumer. Ce projet lui ressemblait. J’ai toujours préféré l’action au résultat, la pulsion à ce qui en résulte. La surface, c’est la rue. Elle te parle, tu lui réponds. Elle n’est pas vierge, elle a une empreinte. La rue, pour moi, suppose un rapport d’humilité avec la création. Comment le projet s’est-il construit ? À l’initiative de quatre galeries : Christian Berst art brut, Sator, under construction gallery et Paper ! Tiger ! Elles ont pensé aux graffs pour transformer ce passage. Beaucoup de thèmes ont été suggérés par les uns et les autres, j’ai décidé de tous les garder – je me pose souvent des défis ! L’élément noir et blanc, unifié par le niveau de gris, a été la mécanique pour associer ces idées. Parmi ces idées, figurait l’influence d’Hokusai, avec des vagues. Mais encore celle du Douanier Rousseau, avec une végétation luxuriante, presque naïve. Et un personnage dont je suis tout de suite tombé amoureux : Gustave Mesmer, inventeur de machines à voler. Un être attendrissant et touchant, qui incarne le mythe d’Icare… C’est une immersion dans votre univers… Oui, on se retrouve un peu à l’intérieur de mon black book, de mon cahier. De par son architecture, ce boyau offre un vrai déroulé, une ascension. Peu importe qu’on arrive d’un côté de l’autre ou de l’autre, d’ailleurs. Les scènes oniriques de machines volantes laissent place à une nature foisonnante, de plus en plus dense. Avec quelque chose de sombre, aussi… Comment cela a-t-il été perçu dans le voisinage ? Je suis arrivé le 1er août pendant les vacances. J’ai dû être pédagogue avec les propriétaires, qui n’étaient pas tous au courant. Tous y ont été de leur avis, parfois de leur critique. Mais au-delà de ça, tout le monde a compris la démarche, personne ne l’a refusée… Quand quelque chose est porté de manière sincère, je crois qu’il finit par être compris. Sophie Pujas Photographies Pierre-Emmanuel Rastoin |
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