Une virée à la découverte de l’art contemporain en Tunisie avec Sadika Keskes
Une virée à la découverte de l’art contemporain en Tunisie avec Sadika Keskes |
Sadika Keskes, artiste souffleuse de verre dont le travail traverse abondamment les frontières, oeuvre a bien l’intention de prêter main forte au foisonnement artistique qui se joue actuellement en Tunisie. Pour aider à diffuser l’art contemporain local à l’international, elle a organisé une exposition collective, ainsi qu’un un riche parcours composé d’ateliers d’artistes et de galeries d’art. Partons avec elle à la découverte de la création d’aujourd’hui.
La révolution politique en Tunisie du début de la décennie, s’était ensuite saisie d’une partie de monde arabe par ricochet. Elle laisse place aujourd’hui à une autre révolution, ou du moins à une évolution, intense et dynamique, qui se veut culturelle passant par l’art contemporain, et qui n’a de cesse de s’épanouir à l’extérieur des frontières. Dans ce contexte florissant, sous le haut patronage de la Ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Salma Rekik, et celui du Ministre des Affaires Culturelles de Tunisie, Mohamed Zine El Abiddine, s’est ouverte le 30 septembre dernier l’exposition « Po po – un possible potentiel ou entre potentiel et possible » à la galerie Alain Nadaud, au coeur de l’Espace Art Sadika, situé à Gammarth, au Nord-Est de Tunis.
Dans le cadre de cet évènement qui court jusqu’à fin octobre, Sadika Keskes, a réalisé la première partie de sa performance « Les tombeaux de la dignité » ayant lieu en deux temps.
Dans son travail artistique, Ismaïl Bahri a à coeur « de poser les limites d’une expérience pour observer la façon dont elle va se contaminer par ce qui l’entoure. » Pour Foyer, l’un des films présentés au jeu de Paume et à la galerie Salma Feriani pour lequel il avait posé une feuille blanche sur le viseur de sa caméra qu’il a laissée courir sur les chemins de Tunisie, l’artiste dit avoir expérimenté « un travail sur les nuances de couleurs et les variations du vent qui fait trembler le papier. » Il confie qu’au début, il s’agissait « d’une recherche très formaliste liée à la lumière, à la question de l’abstraction mais petit à petit, j’ai commencé à entrevoir que l’intérêt de cette expérience consistait à voir comment cette feuille a pu se laisser affecter par ce qui l’entoure. » Ce film où l’on ne voit rien à part des variations lumineuses, donne à observer, ou plutôt à entendre la vie post révolution, teintée des questionnements des gens de la rue et de leur humour. La Tunisie post révolution n’est pas une thématique que l’artiste aborde bien qu’elle transparaisse dans certains de ses films mais comme il l’explique « c’est une thématique qui m’a abordé. J’ai gardé les deux films où cela transparait; je n’avais pas l’intention d’aller vers ces choses-là. Ce sont des films qui se sont laissés impressionner dans la mesure où l’on est affecté par ce qui nous entoure. La feuille de papier devient le paysage qui la traverse et le paysage est activé par cette feuille. En dérushant ce qui allait devenir Foyer, j’ai commencé à entendre la voix des gens et je me suis rendu compte que le papier devenait un écran de cinéma et pouvait devenir le vecteur de paroles, de projections, de pensées. Ce film s’est peuplé des personnes qui sont venues le composer. » À Dream City justement, Nidhal Chamekh, vivant lui aussi entre Paris et Tunis également représenté par la jeune et dynamique galerie de Salma Feriani, encageait Bab El Bhar, la Porte de la mer de fils barbelés, comme pour engager une réflexion sur les mesures de sécurité qui devaient être des mesures d’exception après le 14 janvier 2011, et qui sont devenues ensuite une règle parmi d’autres. Une porte à l’allure de sas vers la liberté, soudain emprisonnée.
Voilà un petit tour d’horizon de la création contemporaine en Tunisie qui, bien que non exhaustive dévoile quelques uns des artistes à suivre (certains exposent leurs travaux bien au-delà des frontières). Consciente de sa récente émancipation, aidée par les institutions et des forces animées par des projets fondateurs, la Tunisie cherche à s’exprimer davantage sur son territoire. Une Cité culturelle sera inaugurée en 2018, et à l’international. Quant au lien France-Tunisie, il semblerait se renforcerait par le biais de Sadika Keskes avec l’aide de l’ambassadeur de France en Tunisie, qui s’est engagée à lui prêter main forte pour monter des projets créant un pont Paris-Tunis. À suivre donc… Alexandra Boucherifi [Crédits Photos : © Alexandra Boucherifi ] |
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