Tsugouharu Foujita
L’artiste français d’origine japonaise doit ses orientations artistiques à ses racines nippones et sa fréquentation des lieux artistiques du Montparnasse de l’entre-deux guerres. Il passe son enfance au Japon. Issu d’une famille érudite et ouverte à la culture occidentale, Foujita étudie le Français très jeune et plus tard, la peinture occidentale aux Beaux-Arts de Tokyo dont il est diplômé en 1910. Dès lors, une seule idée l’habite : aller à Paris. Il réalise ce rêve en 1913.
Son arrivée à Paris le bouleverse artistiquement, notamment sa découverte des compositions cubistes et les peintures du Douanier Rousseau vues à l’atelier Picasso. S’engage alors pour Foujita une véritable quête de l’Avant-garde et de l’Art Moderne, qu’il partage avec les artistes de sa génération. Il devient l’une des figures de l’École de Paris. Ses amitiés sont aussi ses voisins à Montparnasse, Amedeo Modigliani, Pascin, Moïse Kisling, Chana Orloff, Chaïm Soutine, André Derain, Vlaminck, Fernand Léger, Juan Gris, Henri Matisse. Il réside d’abord à l’hôtel d’Odessa et partage un atelier avec son ami artiste japonnais Kawashima. Ensemble, ils suivent l’enseignement néo-grec de Raymond Duncan. Foujita séjourne à Londres en 1914 et revient s’installer à Paris, Cité Falguière près de Soutine et Modigliani. Il épouse ensuite Fernande Barrey en 1917 et déplace son atelier chez eux, rue Delambre.
Foujita triomphe lors sa première exposition personnelle chez Chéron en 1917, qu’il doit à sa femme. Picasso admire sa centaine d’aquarelles mi japonaises, mi gothiques. En 1918, l’artiste et sa femme suivent leurs comparses Soutine et Modigliani pour vendre leurs oeuvres sur la Côte d’Azur à l’initiative du poète et marchand d’art Léopold Zborowski. Cet été, au cours duquel il rencontre Renoir peu avant sa mort, est intense pour Foujita. Kiki de Montparnasse est devenue son modèle de prédilection, et le Nu couché à la toile de Jouy qu’il réalise d’elle connaît un franc succès au Salon d’Automne de 1921. C’est à cette époque que reçoit les lauriers de la presse française et internationale, et des salons de Paris, Bruxelles, d’Allemagne, des États-Unis et du Japon où il est représenté. Sa gloire s’installe.
Arrivent les Années Folles, Foujita fait la connaissance de Lucie Badoud. Celle qu’il surnomme Youki (Neuge en japonais) devient sa muse et une égérie de Montparnasse. Tous deux marques cette époque parisienne, dont ils sont de toutes les mondanités. Le succès de Foujita demeure, et c’est le fait de son talent pour représenter des sujets occidentaux avec une finesse et une minutie orientale. Sa patte japonisante rend grâce à son travail qui rentre dans les plus importantes collections. Son succès d’estime et sa fortune grandissante lui valent un douloureux retour de médaille. Après avoir été décoré de l’Ordre de Léopold en Belgique et fait chevalier de la Légion d’honneur en France en1925, il fait l’objet en 1928 d’un redressement fiscal, Foujita perd Youki qui s’éprend de Robert Desnos. Tsugouharu n’a d’autre choix que de tout vendre et quitter Paris.
S’entame pour lui une période d’itinérance. Accompagné de son modèle Madeleine, dite Mady Dormans, il parcours l’Amérique Latine en 1932. Ce voyage est un regain d’énergie pour Foujita. Il regagne Tokyo en 1933 où il est accueilli comme un star. Ses expositions à la Galerie Nichido se succèdent. Après le décès soudain de Madeleine, il rencontre la jeue japonaise Kimiyo Horiuchi. Il se rend ensuite en Chine en 1938 avant de retrouver Paris l’année suivante. Mais repart à l’arrivée des Allemands en 1940. Ces années de conflits sont le moment pour lui de travailler des peintures de guerres. Il collabore au militarisme, ce pourquoi il se fait vivement critiquer.
Alors qu’il patientait pour obtenir un visa, il peut enfin s’envoler pour New-York en 1949. Son départ pour le Japon est définitif. Il expose ses principaux chefs d’oeuvre outre-Atlantique. Puis repart vers sa ville adoptive, Paris. Là, il retourne à une création assidue à Montparnasse et se lance dans la dernière page de sa carrière, plus calme et spirituelle. De retour auprès de ses marchands et amis, il expose en Algérie au Maroc et en Espagne. En 1955, Foujita obtient la nationalité française et se convertit au catholicisme en 1959, suite à une révélation mystique qu’il a vécu en visitant la Basilique Saint-Rémi à Reims. Sa marraine et son parrain sont Béatrice Taittinger et René Lalou. Et son prénom français devient Léonard en hommage à Léonard de Vinci. Avec sa dernière épouse Kimiyo, il s’installent au repos dans la vallée de Chevreuse. Foujita se consacre à son derier chantier dès 1964: bâtir et orner une chapelle à Reims. La chapelle Notre-Dame-de-la-paix est achevée en 1966. Il meurt en 1968 à Zurich et ses cendres reposent dans sa chapelle «Foujita» à Reims.
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