“Toxic Hope” des Libanais, un film de Salim Saab
Le 19 mars dernier présentait le journaliste et cinéaste libanais Salim Saab son 4e documentaire “Toxic Hope” au PCMMO (Panorama des cinémas du Maghreb et Moyen-Orient) à Saint-Denis. Retour sur un documentaire aussi sublime que déchirant.
Ancien rappeur, journaliste, cinéaste, animateur radio mais aussi activiste de la culture hip-hop, Salim Saab enchaine les documentaires sur les pays arabes et surtout le Liban, son pays d’origine. Son premier documentaire Beyrouth Street : Hip Hop au Liban a été réalisé en 2017 avec le souhait et l’envie de donner une image positive du monde Arabe. Ce documentaire qui revient sur l’histoire du hip-hop au Liban est un succès, lui permettant ainsi une reconnaissance internationale en tant que réalisateur.
Depuis se succède le documentaire Forte sur les femmes street artistes dans le monde arabe en 2018 et en 2020 Le Cèdre d’Octobre sur la révolte libanaise d’octobre 2019 au Liban, dont une partie est consacrée à l’impact du street art sur ce mouvement. Cet extrait sera diffusé lors d’une table ronde organisé par ELFAN à Fluctuart Paris le 25 mars et qui abordera justement la question du street art de la révolte libanaise en tant que message de révolte ou plutôt le résultat d’une scène ouverte de performance pour les artistes.
Le 19 mars, Salim Saab présentait son 4e documentaire Toxic Hope au PCMMO (Panorama des cinémas du Maghreb et Moyen-Orient) de Saint-Denis. Ce dernier fut diffusé au festival Al Ard en Sardaigne, Human Screen à Tunis, à l’Institut français du Koweït à l’occasion du mois de la francophonie et à Saint-Denis en banlieue parisienne ce dimanche 19 mars.
La notion d’espoir a-t-elle encore sa place au Liban ? Qu’est-ce qui symbolise l’espoir ? Les libanais y croient-ils encore ? L’espoir qui a émergé lors de la révolte d’octobre 2019 va-t-il réapparaître ? Tels sont les questions que se pose le réalisateur dans son documentaire.
Au cours de son histoire, le pays du Cèdre a connu de nombreuses crises, guerres, famines, révoltes et fractures sociales. Malgré tout, une once d’espoir persiste. Mais cet espoir s’avère parfois toxique. Il va et vient et, par moments, on n’a plus envie d’y croire. Pour obtenir des réponses Salim Saab interroge des Libanais(e)s pour connaitre leur définition de l’espoir. Des militantes, femmes artistes et même son propre père ont répondu à ses questions. Pour Wosoul Kadiri par exemple, l’espoir réside dans la révolte qui est pour elle une sorte d’éducation à transmettre aux générations futures, c’est un état d’esprit à conserver. Petra Hawi, quant à elle, remplace parfois l’espoir par l’objectif pour y travailler et l’atteindre, parce que l’espoir devient un fardeau pour le peuple libanais. Domina la rejoint dans son idée puisque pour elle ce n’est pas la croyance en l’espoir qui mènera à des résultats mais plutôt le travail acharné sur soi, la détermination et la volonté. Maria Azar parle plutôt d’un espoir qui se traduit par une envie d’avancer tant bien que mal. Pas par résignation mais parce qu’il y a toujours un rêve qui anime, une énergie créative qui permet à l’être humain d’avancer quoi qu’il arrive, c’est une sorte de liberté.
Ces témoignages qui montrent une réalité pesante viennent contraster avec le discours de Walid Chmait Saab, père du réalisateur. Témoin du Liban des années 60-70 avant la guerre civile, l’âge d’or de Beyrouth, il décrit une ville lumière, la capitale culturelle pour le monde arabe, une ville phare qui accueillait les plus grands intellectuels, artistes et écrivains, hommes d’affaires mais aussi des touristes. Pour lui les Libanais n’ont jamais perdu espoir car s’ils avaient perdu espoir le Liban n’existerait plus.
Ce documentaire composé d’interviews, de scènes quotidiennes, de prise de vues de la ville, de son street art et de moments de silence est entièrement en noir et blanc et suit un rythme lent pour faire ressentir le poids des mots prononcé : “Il y a surtout cette volonté de laisser un temps de réflexion au spectateur face à ces interviews assez pesantes dans leur thématique. Un temps de silence pour aussi les laisser respirer. J’ai également voulu faire parler le langage corporel c’est pour ça qu’il y a beaucoup de close-up sur les yeux, 3-4 min à observer Domina assise sur son canapé avant qu’elle ne parle, etc…” explique Salim Saab dans une interview express.
Toxic Hope est un voyage lent, pesant, agréable, avec des touches de tendresse à la fois qui nous transporte dans un Liban déchiré par ces problèmes ; à la rencontre d’un peuple debout et qui continue d’avancer.
Fabienne Touma
À lire également sur Artistik Rezo : Fluctuart en collaboration avec Elfan autour d’une table ronde : un hommage aux artistes libanais
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