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Thibaut Sauviat, l’art de modeler les émotions

5 juillet 2020
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Anissa, plâtre patiné - 2020 de Thibaut Sauviat.

Thibaut Sauviat est un peintre et sculpteur-modeleur. C’est dans son atelier, nommé L’Avenue des charmes à Paris, que Thibault réalise ses créations d’après le modèle vivant, notamment à partir du corps féminin. L’artiste propose des séances de dessin ouvertes à tous durant la semaine. Entretien avec l’artiste.

Quel a été votre parcours pour entrer dans le monde de l’art ?

Je suis ingénieur de formation. Un jour, je me suis mis à dessiner et à peindre. Je suis allé dans les ateliers de peintures à Paris. J’ai pratiqué le dessin d’après le modèle vivant, notamment à la Grande Chaumière, une académie d’art à Paris. Quelques années plus tard, je suis parti m’installer à Séville où j’ai résidé pendant quatre ans, exclusivement pour y peindre. Les Espagnols sont parmi les meilleurs peintres figuratifs contemporains que je connaisse. La pratique du modelage est arrivée en 2019, c’est donc une passion récente ! J’ai pris des cours aux côtés du sculpteur Jean-Charles Mainardis dans un atelier à Paris. C’est à ce moment là, que j’ai eu ma première approche avec le modelage et j’ai créé mes premières céramiques.

Avez-vous des formats de prédilections, quel est votre processus de création ?

J’ai utilisé comme supports des grandes et des petites toiles. En général, je peins avec ce que je trouve. Mais je dirais que j’utilise principalement des petits formats carrés. Je peins des paysages, des portraits ou encore des natures mortes. Que ce soit dans la peinture ou la sculpture, la présence du modèle est important. Je peins par l’observation, je positionne par exemple, une nature morte sur une table, je déambule devant pendant un ou deux jours, puis je peins. La réalisation est assez rapide, mais je prends le temps en amont, d’observer la nature morte, de rentrer dans l’émotion qu’elle me procure.

Photographie dévoilant le procédé du peintre Thibaut Sauviat.

Pour le modelage, en terre, en cire ou en plâtre, c’est le corps humain qui m’inspire et en particulier celui de la femme. J’ai l’habitude de travailler avec un modèle en face de moi. Dans mon atelier, j’ai installé une sellette tournante, ce qui me permet de travailler différentes parties lors de la réalisation du modelage. Au début, le modèle fait diverses pauses, ce qui amène une série de positions. Je réalise des croquis et après, on choisit ensemble une posture qui lui convient et qui m’inspire. En générale, le geste naturel est celui que je sculpte.

Juliette, terre cuite patinée – 2019

Comment choisissez-vous vos modèles ?

Le choix des modèles se fait par des rencontres, des affinités, une idée déjà dans ma tête, d’un  physique en particulier que j’aimerais sculpter par exemple… Soit une correspondance entre une personnalité et un thème que j’ai envie d’aborder. En général, ce sont des comédiens, des modèles professionnels, des danseurs, des gens qui sont à l’aise avec leurs corps. Ce sont des modèles parfois pudique, mais qui n’ont pas peur du regard que l’artiste pose sur eux, c’est un regard de quelqu’un qui a une tâche à effectuer et qui perçoit le modèle comme un sujet et non pas comme une personne. Je travaille avec des femmes et des hommes mais le corps féminin m’inspire beaucoup, il relève une beauté captivante.

Quelle sculpture pouvons-nous rencontrer à votre exposition personnelle  ?

Le nombril. C’est le titre d’une sculpture qui figure comme la plus grande que j’ai réalisé il y a quelques années, un moulage sur modèle vivant à Séville. Je l’ai rapporté en France pour finaliser ma création, en découler une sculpture. C’est une jeune femme regardant son nombril, physique juvénile, positions maladroites, cette sculpture est une sorte d’allégorie. Je l’ai peinte aussi, avec une nature morte. J’ai représenté la femme avec des oranges et des cerises. Continuant à délivrer une direction vers l’allégorique puisque l’orange est un fruit d’hiver et la cerise, un fruit d’été. Pour poursuivre dans le thème de l’allégorie et d’une humanité qui ne sait pas trop où elle va.

Le nombril, plâtre et coton, Thibaut Sauviat – 2020.

Quels sont vos projets à venir ?

Je suis toujours dans la réalisation de sculptures et je vais peindre avec un ami durant l’été. J’ai hâte !

Propos recueillis par Chloé Desvaux

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