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Stéphanie Pécourt : “Nous constituons des passerelles pour des paroles d’artistes”

Maria Krasik 4 juillet 2020
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Le Centre Wallonie-Bruxelles contribue à promouvoir la création contemporaine et les signatures artistiques de l’ensemble des territoires d’expression créative de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Rencontre avec Stéphanie Pécourt sa directrice, qui nous parle de la créativité du Centre et de sa vision de l’art.

Le Centre Wallonie-Bruxelles présente l’art sous toutes ses facettes, comment arrivez-vous à condenser une telle pluridisciplinarité en un endroit?

La mission du centre est de témoigner de l’actualité de la création contemporaine d’artistes belges ou basé.e.s en Belgique francophone. Des artistes qui pour la plupart ne sont pas belges car c’est une des particularités de notre scène artistique, que d’être totalement internationale. Témoigner de cette actualité sans faire état de cette dimension et de la dimension résolument transdisciplinaire de notre scène aurait été un paradoxe.

Conformément à notre mission d’être une plateforme pour ces artistes basés à Bruxelles et en Wallonie, on a voulu développer une programmation qui fasse état de la porosité de la création contemporaine, de l’hybridation des médiums. C’est important qu’au titre de centre, on puisse également faire en sorte que cette création soit incarnée au sein de nos murs et ce en format décloisonné.

Étant centrés sur l’expression artistique belge, combien pensez-vous que le “patriotisme” dans l’art soit important ? 

Je ne le pense résolument pas. C’est un peu le paradoxe, car fondamentalement on a une mission, on est financés par des relations internationales, on est une émanation de Wallonie-Bruxelles International mais la scène dite belge est en quelque sorte plus un label qu’une réalité tangible. Ce sont des artistes qui viennent du monde entier, qui bénéficient du soutien et de moyens de production Belges. La Belgique est un petit pays mais également un jeune pays, donc dans le rapport a une tradition artistique, il n’y a pas de classique.  La Belgique a 150 ans, on a une scène qui a développé un langage totalement contemporain parce qu’elle n’est pas engluée dans des rapports historiques ou dans une tradition.

Pour nous, il est essentiel que le centre soit tout sauf un musée qui célèbre des logiques “de cocorico”, le centre est un lieu de création, une lieu qui vit, qui constitue pour les artistes un îlot à Paris à partir duquel ils peuvent déployer leurs travaux.

Quels artistes et types d’art qui ne sont pas encore présents au CWB, voudriez-vous y amener ?

En un an et demi nous avons mis en œuvre beaucoup de dispositifs, notamment ceux qui, il me semble, manquaient. Il y a un tropisme important sur la création sonore, le 8 juillet s’ouvrira la première édition du festival “Interférence_s”, l’enjeu sera la recherche sur le substrat sonore et ce au travers autant d’installations plastiques, que du cinéma, de la vidéo, de concerts électroacoustiques…

Un autre cycle en cette saison, qui je crois manquait est celui dédié aux films d’art et d’essai et les films d’artistes, au mois de novembre intitulé “25 par seconde”.

© Luca Lomazzi

Qu’est-ce qui est le plus épanouissant dans votre métier ?

Il y a le fait de travailler en équipe, on a une équipe qui est très soudée, qui est parvenue à créer un terrain d’émulation. Donc d’une part c’est d’avoir la chance de travailler au quotidien dans ce contexte et l’autre merveille est de travailler avec des artistes qui ont quelque chose à dire, qui partagent des points de vue éclairants et inspirants.

On a une chance incroyable de travailler dans les secteurs qui sont les nôtres car je crois que nous constituons en quelque sorte des passerelles pour des regards et des paroles qui permettent d’envisager la réalité sous un prisme différent. Je me sens une chance incroyable.

La promotion d’art centré sur la diversité et l’égalité est une des valeurs du Centre. Selon-vous, quel est l’impact de l’art sur la société ?

Justement on a tendance à faire jouer aux artistes un rôle qui n’est pas le leur, il ont un rôle social parce que justement ils sont tout sauf des agents sociétaux. Le fait d’exprimer une parole dans son obsession, sa radicalité, fait acte politique. J’ai une allergie aux discours politiques qui instrumentalisent et qui soutiendraient que les artistes, en retour aux aides qu’on leur octroie, auraient l’obligation de contribuer à la cohésion sociale. C’est fondamental de soutenir l’art pour l’art, pour ce qu’il a de profondément subversif. Et cela peut influencer très individuellement, par exemple pour moi, approcher la création sonore est approcher quelque chose d’impalpable, de voir le quotidien sous un angle différent. 

Dans les dernières créations du CWB, lesquelles étaient vos préférées ?

Tous les projets qu’on m’a présenté sont tous des projets qui me semblent urgents.

Je serai dans l’incapacité de vous donner un projet préféré. À Marseille il y a une exposition qu’on a créé qui s’appelle “Signal espace(s) réciproque(s)” qui pour moi est une très belle exposition car elle est constituée d’artistes de générations différentes, de parcours différents. Autre projet coup de coeur, le Festival “Interférence_s” auquel je tiens beaucoup.

Découvrez le Centre Wallonie-Bruxelles.

Propos recueillis par Maria Krasik

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