Stéphane Raynal : “Avant de traduire mon travail picturalement, il passe d’abord par un processus mental”
Dans sa création artistique, intense et silencieuse, Stéphane Raynal cerne notre existence en la mettant face à l’élément naturel et crée un dialogue avec le motif dégageant énergie et simplicité radicale.
Pourrais-tu présenter ton parcours ?
Je suis né à Marseille et, après avoir vécu dans divers endroits en Europe, je suis revenu dans ma ville natale pour y vivre et travailler. Je suis pianiste de formation et mon intérêt pour l’art contemporain ne s’est pas imposé dès l’enfance, mais j’ai toujours été intéressé par l’esthétique dans son rapport historique. J’ai fait des études de communication visuelle à l’école des Beaux-arts de Marseille, cela m’a permis de m’ouvrir à l’art contemporain. J’ai donc terminé mes études avec un diplôme en “Art, Volume et Peinture”. J’ai gardé un lien avec mon travail plastique et suivi l’évolution et les innovations de la scène artistique alors que j’ai suivi une carrière de décorateur durant 20 ans. En effet, après avoir enseigné les notions de couleurs, d’harmonie, les diverses applications de matières et leurs impacts dans les espaces au sein d’un établissement professionnel de 1993 à 1995, j’ai mis en pratique mon savoir dans le cadre de chantiers de décoration en tant qu’intervenant auprès de décorateurs. J’ai eu aussi l’opportunité de faire des projets à New York, Los Angeles ainsi que pour le groupe hôtelier Baglioni pendant 15 ans, en Europe, entre Londres et Rome tout en intervenant régulièrement à Aix-en-Provence pour l’Hôtel Villa Gallici. Il y a 4 ans, j’ai décidé de reprendre mon travail d’artiste pour me concentrer sur mes propres projets, toujours en peinture et volume.
Comment définirais-tu ton style ?
Je fais un travail qui est à la fois abstrait et figuratif, qui a peut-être à voir avec la notion de “concept” si j’ose le qualifier ainsi. J’ai aussi un attrait pour les grands formats qui provient certainement de mon rapport aux surfaces murales, à la picturalité et son rapport au corps, à l’humain.
D’où vient ton inspiration ?
Je puise mon inspiration dans la peinture abstraite, l’architecture, les paysages, les différentes matières et la peinture classique où je puise dans des idées de paysages issus de la peinture classique et romantique, mais aussi de souvenirs de paysages africains dont la pureté et les couleurs m’ont toujours fascinées. Ce qui m’importe c’est le rapport personnel à la toile et les divers ressentis face à la présence picturale.
Dans ta dernière série sur les troncs d’arbres, le végétal devient un motif récurrent, représentation d’une sorte de nature appauvrie qui dégage intensité et émerveillement. Pourrais-tu nous parler un peu de ce travail ?
Je pense que ce sentiment peut venir du fait que les divers plans réalisés sont pour moi des symboles mettant en scène des représentations primaires. Mon galeriste, Stéphane Salles-Abarca, l’explique mieux que moi : « un motif récurrent sur chacune des œuvres, évocation peut-être d’un reste végétal fossilisé, synthèse géométrisée d’une nature en sursis, appauvrie, désincarnée, soulève le questionnement tout en représentant une notion de concept ». Avec ce projet sur les troncs d’arbres je voulais interroger la nature végétale et établir un lien entre l’homme et la nature avec l’idée d’un geste minimal.
Y -a-t-il un sujet principal dans ton travail ?
Une approche formelle : le plan – l’espace – la couleur, mais aussi une approche narrative : l’espace – le paysage – le motif. Quand j’ai une idée il faut que j’aille jusqu’au bout de ma fascination pour le sujet. De manière générale, avant de traduire mon travail picturalement, il passe d’abord par un processus mental.
D’autres terrains que tu aimerais explorer ?
J’aimerais intégrer la figure animale et humaine dans mon travail, étudier le motif architectural.
Quelle sont tes références dans l’art, tes artistes préférés ?
Don Judd, Helmut Federle, Marc Desgranchamp, Morris Louis, Soulages, Hartung, les peintres classiques…
Quel est le projet que tu aimerais réaliser ?
Surtout continuer à peindre. J’aimerais aussi développer des séries plus monumentales pour explorer des dimensions au-delà des normes corporelles.
Veux-tu nous parler de tes prochains projets ?
Je participe à une exposition de groupe cet été à Marseille, “Demain, Ithaque”, qui rassemble une sélection d’œuvres qui constituent une interrogation sur le monde, organisée par la galerie Le Cabinet d’Ulysse. Par ailleurs, je suis dans l’attente d’une résidence d’artiste pour le mois d’août et après avoir exposé à Lisbonne en février dernier, j’espère aussi pouvoir me rendre au Portugal pour y travailler l’année prochaine.
Propos recueillis pas Eleftheria Kasoura
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