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Sophie Chédeville : “J’aime parler de l’émotion première liée à l’humain”

Chloé Desvaux 9 mars 2021
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Sophie Chédeville est une peintre française résidant en Bretagne. Fondatrice du mouvement “Art Anticipé” et présidente de LaBalissade, association loi 1901 en faveur de l’art vivant, l’artiste protéiforme propose des peintures dévoilant des émotions fortes à travers la nature et les autoportraits. Entretien avec Sophie Chédeville.

Quel a été votre parcours professionnel ?

J’ai suivi une formation de scénographie et ai intégré une école d’art à Paris. J’ai abordé des problématiques de concept, de packaging, de photographie. J’ai fait une spécialisation en trompe-l’œil, ce qui m’a permis d’acquérir diverses techniques. Ce genre pictural requiert des gestes très précis et fins. Par la suite, j’ai beaucoup travaillé en freelance pour des ambassades dans le monde. J’ai participé à la rénovation et à la décoration d’appartements de prestige, de l’ambassade de France en Chine, de la résidence du Consulat de France à Monaco… Durant ces années, je ne peignais plus mais mon envie s’est fait ressentir lors d’un voyage en bateau en 2012. Un périple marquant, une sorte de reconnextion ! Puis je me suis posée en Bretagne, où j’ai maintenant un atelier dédié à la peinture. Actuellement, je mène une peinture figurative pour les portraits de femmes.  Pour mes paysages, je reste dans la ligne de l’art expressionnisme abstrait plutôt américaine, je dirais et également dans le courant de l’Action Painting (peinture gestuelle, d’action).

Quels matériaux utilisez-vous ?

J’utilise de la gouache, du pastel, mais je fais principalement de la peinture à l’huile sur toile. J’aime beaucoup la matière en elle-même, son odeur… Je récupère pas mal de choses pour faire des assemblages et des constructions. J’aime bien de temps en temps sortir du cadre et prendre ce que j’ai sous la main. J’ai fabriqué un châssis avec des bandes de plâtre, j’ai récupéré des toiles de parasols anciennes ou encore démonté des sommiers de lits, des meubles, pour en faire des supports de peinture. Tout élément peut me servir de support tant que la surface est plane. Il y a un événement qui m’a pas mal secouée et qui a influencé d’une certaine manière ma pratique artistique, c’est l’exposition Haïti qui s’est déroulée au Grand Palais à Paris, il y a quelques années. Les peintres abordaient tous types de supports et de médiums ! Je me suis aperçue qu’on pouvait donc parler de la même chose mais de différentes manières.

© Sophie Chédeville

Quel est votre processus de création ?

Je feuillette pas mal de bouquins, des livres d’art. Parfois je me balade dans la nature et j’ai comme des flashes. Que ce soit un immeuble, un paysage, tout élément ou décor raconte une peinture. Ça me paraît un peu comme une évidence. L’idée mûrit dans ma tête et une fois arrivée dans mon atelier, je prépare ma palette et je me lance ! J’aime déambuler autour de la toile en écoutant de la musique. Je suis capable de travailler sur une œuvre avec la même musique en boucle sans m’en rendre compte. J’écris beaucoup aussi, sous forme de poèmes qui me servent alors de croquis. Cela contribue d’une certaine manière au processus. Il y a une espèce de visualisation d’émotions colorées qui se dessine.

Quels sont les thèmes que vous abordez ?

Deux univers différents se distinguent mais se rapprochent l’un de l’autre. Je peins des paysages, notamment la mer, et des autoportraits féminins. J’aime parler de l’émotion première liée à l’humain et je trouve que la mer est une belle métaphore. Elle révèle l’expression extériorisée de nos agitations, passe par tous les états. J’aime les sensations qui sont liées à des ressentis physiques, que les peintures racontent des silences qui bavardent… Je me rends compte que, de plus en plus, je suis attirée par les grands gestes et la peinture gestuelle. Mon lien sentimental avec les grands peintres abstraits se dessine. J’aime le travail d’Helen Frankenthaler, d’Hans Hartung, de Georges Mathieu ou encore de Jackson Pollock. Il y a une référence paysagère, quelque chose à raconter à travers l’art abstrait.

© Sophie Chédeville

L’art anticipé est un mouvement que vous pratiquez. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

C’est un art avec une sensibilité spécifique au monde qui nous entoure, à l’environnement. Il aborde la place de la femme dans une société, des problématiques écologiques… “Anticipé” a été le mot choisi pour définir le lien entre le passé et le futur.

Quels sont vos projets à venir ?

J’ai participé à des expositions pour des panneaux publicitaires, des œuvres numériques imprimées en affiches. Cela permet que l’art soit visible et en contact direct avec le public. Je suis toujours dans les autoportraits féminins et j’espère pouvoir proposer une exposition à ce sujet. Pendant le confinement, j’avais fait des dessins de sensation chaque jour et je suis en train de monter un livre d’art pour accompagner cela. En parallèle de ce projet, j’aimerais compléter les dessins avec des textes.

Plus d’informations sur le site Internet ou le compte Instagram de Sophie Chédeville.


Propos recueillis par Chloé Desvaux

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